L’eau à Mayotte : un traitement néocolonial

À Mayotte, les réserves d’eau sont quasiment à sec, et des coupures quotidiennes ont lieu depuis le mois de mai. Mais même quand l’eau est à nouveau disponible, elle est souillée, car le réseau d’assainissement est défaillant. Le traitement sécuritaire autour de ce problème par l’État français démontre encore sa nature néocoloniale.

La situation est explosive, 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, et 30 % des ménages n’ont pas accès à l’eau courante. Sans eau, sans argent pour en acheter (l’accès à certaines fontaines publiques est payant…), avec la crise du système de santé, la situation sanitaire s’aggrave et devient incontrôlable surtout dans les nombreux bidonvilles.

La distribution de bouteilles d’eau se fait de façon discriminatoire, il faut montrer ses papiers pour y avoir droit, et elles sont encadrées par les forces armées. À cela s’ajoute la chasse aux sans-papiers et la répression renforcée depuis l’opération Wuambushu.

Des Mahorais exaspérés du manque de tout s’en prennent aux sans-papiers, les empêchant d’entrer dans les hôpitaux et centres de soin. Le risque d’explosion sociale et de dérives racistes est aussi très inquiétant.

L’État français a abandonné la population, a nié le problème et n’y intervient maintenant que pour réprimer et sans investissements à long terme. Il revient aux organisations du mouvement ouvrier de lutter pour unifier les travailleurs et pauvres par delà les divisions d’origines contre la gestion néocoloniale de Mayotte.

Par Virginie Prégny, article paru dans l’Égalité n°219