Le parti des travailleurs… une nécessité historique

Dès le début le capitalisme a créé des conditions de vie misérables pour la classe ouvrière. Celle-ci a été alors obligée de se battre contre l’exploitation, le travail des enfants, etc.. A travers des luttes et des grèves, la question d’une organisation indépendante de la classe ouvrière s’est imposée. Dans les pays d’Europe, selon leurs développements différents, les premiers syndicats ou les premiers partis des travailleurs ont été fondés.

Article paru dans l’Egalité n°106

En Angleterre par exemple les syndicats étaient la seule organisation de la classe ouvrière jusqu’aux années 1880. En raison de la profonde crise économique (commencée en 1873), le patronat s’est attaqué de plus en plus à la classe ouvrière (licenciements massifs, dégradation des conditions de vie, etc.).

Trotsky décrivait la situation ainsi: « Les syndicats perdirent leur capacité d’améliorer la condition des travailleurs et ils furent poussés sur le chemin de l’action politique, parce que l’action politique n’est que la généralisation de l’action économique. L’action politique donne une forme générale aux besoins des travailleurs et adresse ces revendications à la bourgeoisie dans son ensemble. » Comme résultat de ce processus la question d’un parti des travailleurs s’est discutée largement dans le mouvement ouvrier.

Débatant avec des révolutionnaires anglais, Engels a souligné la nécessité qu’ils se battent concrètement pour la création d’un parti indépendant de la classe ouvrière. En 1893, il a salué la fondation du Independent Labour Party (ILP) comme un pas en avant, même si son programme était limité. Engels argumentait qu’un nouveau parti de masse pouvait aider les travailleurs à comprendre la nécessité de la transformation révolutionnaire de la société et leur propre rôle dans cette démarche. En Angleterre, c’est l’interaction entre les luttes de masse et l’activité et la propagande des socialistes qui a créé les conditions indispensables pour un parti des travailleurs.

A travers l’Histoire, la question d’un tel parti s’est souvent posée, comme aux Etats-Unis où un parti des travailleurs à une échelle de masse n’a jamais existé. En s’adressant à la section américaine de la Quatrième Internationale, le Socialist Workers Party, Trotsky écrivait en 1938 : « La nécessité d’un parti politique qui soit celui des ouvriers est inscrite dans les conditions objectives. [..] C’est pourquoi nous devons dire aux travailleurs, aux masses: donnez-vous votre parti. » Ni Engels ni Trotsky ne considéraient un tel parti comme l’objectif final, mais comme un pas nécessaire vers un parti révolutionnaire de masse.

Seule l’organisation de la classe ouvrière en tant que telle, d’une manière indépendante peut permettre aux travailleurs de discuter, de se battre pour leurs propres intérêts, de faire des expériences dans les luttes collectivement. Et c’est uniquement dans ces débats et ces luttes collectives qu’une conscience socialiste à une échelle de masse peut se développer.

Où en sommes nous aujourd’hui ?

La création d’un nouveau parti des travailleurs est toujours d’actualité et reste une nécessité objective. Avec la transformation des anciens partis ouvriers en partis bourgeois (comme le PS), la classe ouvrière ne dispose plus d’un outil pour défendre ses intérêts. Par conséquent les luttes restent souvent isolées et même dans les luttes plus généralisées (comme en mai – juin 2003) il y a un manque criant d’alternative politique. Aujourd’hui de plus en plus de travailleurs et de jeunes sont ouverts à l’idée d’un nouveau parti des travailleurs. Un tel parti pourrait regrouper tous ceux qui se battent déjà contre les conséquences désastreuses du capitalisme. Il pourrait en même temps encourager des nouvelles couches à s’organiser en leur donnant des moyens concrets et un programme clairement anticapitaliste pour les futures luttes.

L’auto-organisation des travailleurs et des jeunes permettrait une large implantation du parti dans les quartiers ouvriers, les écoles, les universités, les entreprises et les syndicats. A l’avenir,dans les luttes de masse, le capitalisme va être de plus en plus mis en cause et les idées marxistes vont gagner du terrain. C’est aussi dans ces luttes que la classe ouvrière va se créer son propre outil, son propre parti. En tant que révolutionnaires, nous soutenons chaque initiative qui va dans ce sens en proposant notre programme socialiste pour ce nouveau parti des travailleurs.

Par Olaf et Arnaud