Que feront LO et la LCR de leur score ?

Que la liste LCR/LO fasse un gros score ou pas, le principal problème qui se pose aux travailleurs pour leurs luttes comme pour leur défense quotidienne reste le même : le passage du PS dans le camp de la bourgeoisie et la politique d’alliance systématique avec celui-ci menée par le PCF a laissé la classe ouvrière sans parti la représentant et l’organisant.

Article paru dans l’Egalité n°106

Aucune des annonces faites par le gouvernement Raffarin ou le Medef n’est contestée sur le fond par les dirigeants de la gauche gouvernementale. Et les dirigeants syndicaux ne font guère mieux : craignant de perdre leur position de négociateurs attitrés vis à vis des gouvernements et du patronat, ils accompagnent le PS et le PCF dans leur évolution. Ceci place l’extrême gauche devant des responsabilités énormes, mais que la LCR et LO semblent préférer fuir.

Le niveau des luttes reste pour l’instant assez faible. Encore encadrés par des militants qui raisonnent dans le cadre du capitalisme, les syndicats ne jouent pas leur rôle d’école de base de la lutte des classes et du socialisme. Si la grande démoralisation qui a fait suite aux années 90 et à la chute de l’URSS est dépassée, c’est pour l’instant de manière encore confuse que beaucoup remettent en cause le capitalisme. Les travailleurs ne se sont pas encore réapproprié la perspective socialiste mais leur aversion pour le système actuel, l’exploitation féroce sur laquelle il repose, va grandissant.

Une partie significative des jeunes et des travailleurs considère désormais l’extrême gauche comme la seule force réellement dans leur camp. Selon un sondage publié dans Le Monde, 23% des sondés pensent que l’extrême gauche a un rôle utile. Tout ceci ne fait pas un nouveau parti, mais montre qu’on pourrait aller dans cette direction.

Unis dans les élections seulement ?

Au journaliste qui lui posait la question,  » qu’allez vous faire après les élections régionales (notamment avec la LCR) « , Arlette Laguiller, porte parole de Lutte ouvrière a répondu :  » on a une alliance également pour les européennes (en juin) « . Autrement dit rien d’autre. Et du coté de la LCR, l’appel à une nouvelle force anti-capitaliste avec des assises de fondations à la fin de l’année 2004 risque de rester ce qu’il était, une motion pour calmer les opposants à l’accord avec LO décidé au congrès de novembre (31% des délégués ont voté contre l’alliance électorale avec LO).

Pourtant, même si la liste recueille un score correct mais en dessous des présidentielles de 2002 (où LCR et LO sans s’unir avaient fait 10 %) le potentiel et l’attente existent toujours parmi les travailleurs et les jeunes. Au lieu de faire un accord électoral décidé au sommet, et qui ne comporte quasiment aucune référence au capitalisme, et encore moins à la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs et d’une alternative socialiste au capitalisme, LO et la LCR auraient pu organiser des réunions, des débats etc. Après les mouvements de grève de mai-juin 2003.

Un début de dynamique aurait peut être pu être lancé et au fur et à mesure que de nombreuses personnes s’intéressent un peu plus à ce qui se passe sur le terrain politique du fait des élections, elles auraient pu trouver un cadre où discussion et action sont mêlées et en lien avec la campagne électorale. Sans avoir d’illusion sur ce genre de phénomène qui ne peut remplacer l’ingrédient essentiel, à savoir une remontée des luttes et de leur niveau politique, LO/LCR cantonne le vote du 21 mars à un vote protestataire, anticapitaliste mais sans grand lendemain. Ceci peut même décourager certains d’aller voter puisqu’ils ne voient pas à quoi leur vote pourrait servir au delà d’un geste symbolique.

Cette absence de perspective ne doit cependant pas nous empêcher de voter pour cette liste. Cela signifie avant tout qu’il va falloir organiser les choses nous mêmes. C’est pour cela que tout en participant à la liste LCR/LO, nous comptons bien ne pas masquer nos critiques. Nous sommes résolument pour un nouveau parti des travailleurs, et pour une alternative authentiquement démocratique au capitalisme : le socialisme. Tous ceux et toutes celles qui souhaitent faire avancer ce combat peuvent nous rejoindre. Et si les événements changeaient, si une alliance anticapitaliste, large et démocratique voyait le jour, nous serions prêts à y participer pour la construire et y défendre la nécessité d’une orientation claire pour en finir avec ce système.

Par Alex Rouillard