Le monde en révolte

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Le 27 octobre 2019, place Tahrir à Badgad

Le monde est balayé par de grandes luttes. C’est le reflet de la grande instabilité dans laquelle est plongé le capitalisme après douze ans de crise – mais aussi du ras-le-bol de la classe ouvrière et des populations pauvres partout de continuer à vivre dans la galère et la précarité alors que les plus riches amassent des fortunes obscènes sur le dos des travailleurs et de notre planète.

En Amérique latine, il y a plus en plus de pays où il y a des mouvements de masse : Argentine, Puerto Rico, Chili, où le mouvement de masse a obtenu des premières victoires. On a pu y voir ravivées les traditions révolutionnaires de la classe ouvrière chilienne. Des comités de quartier, les cabildos, existent et peuvent jouer un grand rôle, en se renforçant en particulier dans les lieux de travail, en discutant des revendications, en élisant des représentants qui puissent se coordonner pour étendre la lutte, dégager Piñera et constituer les bases d’une assemblée constituante révolutionnaire.

C’est ce que défend la Gauche Révolutionnaire avec son organisation-soeur au Chili : Socialismo Revolucionario. Des mouvements de masse balayent à nouveau le Moyen-Orient et l’Afrique du nord : au Soudan, en Iran contre les augmentations de prix, en Égypte avec des manifs comme on en avait pas vu depuis février 2011, en Irak avec un mouvement qui réveille les meilleures traditions du mouvement ouvrier malgré une répression sanglante avec près de 400 morts. Les grèves y ont été décisives pour amener à la démission du Premier ministre début décembre. Le mouvement au Liban a réussi à fouler au pied les divisions religieuses et ethniques institutionnalisées : le début de la fin de l’islam politique utilisé comme arme de division massive dans ce pays et ailleurs dans la région.

En Algérie, le mouvement né en février, continue de rejeter « le système ». L’Asie est secouée par le mouvement de masse à Hong-Kong qui ébranle la dictature de Pékin depuis six mois et qui fait preuve d’une détermination gigantesque avec des caractéristiques révolutionnaires. L’Europe n’est pas en reste, avec la lutte contre Macron en France, mais aussi le mouvement de masse en Catalogne pour la libération des militants et dirigeants pro-indépendance, une remontée des luttes en Écosse et Grande Bretagne avec une grève très suivie à la Poste et le succès électoral du programme radical de gauche de Jeremy Corbyn, mais aussi une vague de grèves en Finlande…

Tous ces mouvements traduisent une lame de fond, révolutionnaire : la volonté d’en finir une bonne fois pour toutes avec ce système, les conditions de vie insupportables, les inégalités, la corruption… Comme cela a été fait au Chili ou au Soudan, les travailleurs et les jeunes doivent s’organiser en comités démocratiques, sur leur lieux de travail, dans les quartiers… pour fournir une direction au mouvement, organiser la lutte et la grève générale, discuter d’un programme qui défende leurs intérêts face aux capitalistes et de la nécessité de prendre le pouvoir. Mais ce qu’il manque surtout, ce sont des partis socialistes de masse pour que les révoltes se transforment de manière décisive en révolutions socialistes, permettant enfin de jeter le capitalisme dans les poubelles de l’Histoire.

Par Cécile Rimboud