La France Insoumise a été ces deux dernières années la force politique la plus visible face à Macron. Mais avec un score de 6,3 % aux européennes et un nombre de voix passé de 2,5 millions de voix aux législatives à 1,5 millions, la déconvenue est sévère pour de nombreux insoumis-e-s investis dans la FI au quotidien et dans la campagne.
Forte des 7 millions d’électeurs pour Mélenchon en 2017, la FI avait acquis une certaine audience, et les manifestations massives appelées par le mouvement ou soutenues par celui-ci (comme la manif « fête à Macron»du 5mai 2018 ou la « Marée populaire » qu’elle a initiée) ont montré le potentiel qui existe et le rôle que peut jouer une nouvelle force politique défendant les intérêts des travailleurs et travailleuses, des jeunes et de la majorité de la population. Mais ce potentiel s’est affaibli ; et les résultats des Européennes ont fait éclater la crise au sein de la FI. Pourquoi, et comment aller de l’avant ?
Le fonctionnement interne en question
De plus en plus ouvertement critiqué, le mouvement a montré des difficultés de fonctionnement, des décisions tombant d’en-haut, les insoumis étant sans cadre pour exprimer leur accord ou désaccord autre que leur groupe local, lesquels se sont réduits en nombre et en taille. Le groupe parlementaire a une activité très importante mais cela ne compense pas les besoins de discussion à tous les niveaux et la nécessité de transparence. Des responsables nationaux existent sur toute une série de thématiques et questions techniques, mais qui les a nommés, comment tout cela fonctionne ? Mystère… Les groupes d’action n’ont jamais pu devenir des cadres de structuration de notre militantisme. Dépourvus du pouvoir de décider collectivement, ils n’ont pas pu se coordonner pour discuter et élaborer politiquement aux niveaux départementaux et régionaux, et un fonctionnement prétendu « horizontal » est en fait resté très vertical, les décisions les plus importantes et les positionnements politiques venant d’en-haut.
L’unité et la consultation à échéances régulières ne su sent pas, il faut une implication et un contrôle par les militant-e-s. Le tirage au sort est ine cace car on ne peut pas combattre un plan organisé des capitalistes pour nous dépecer en s’en remettant au hasard. Ce fonctionnement n’est pas adapté aux besoins d’une force de lutte contre la politique de Macron. Et quand on veut changer la société, la rendre plus démocratique, que toutes et tous s’impliquent, cela doit s’appliquer à notre propre mouvement.
Une force de masse des travailleurs
Ces questions sont primordiales à discuter. Des avancées ont été décidées à l’assemblée représentative de la FI les 23 et 24 juin, permettant notamment des échanges plus fréquents entre représentants de groupes d’action. Il faut espérer que ce n’est pas trop tard et surtout, il ne faut pas s’en contenter. Il nous faut un mouvement vivant, qui débatte, se coordonne et permette d’avancer ensemble notamment dans les luttes.
Le fonctionnement d’une organisation est inséparable de ce pour quoi elle existe et se bat. Il faut être à la hauteur de la colère qui existe et de la volonté de balayer « tout ça » : les violentes attaques de Macron et la dictature des petits Macron partout dans les boîtes et les services, le capitalisme et sa dictature du profit. La principale faiblesse de notre camp n’est pas son manque d’envie de riposter, mais bien la faiblesse politique liée à l’absence de force politique, un parti pour la majorité des travailleurs et des jeunes, large, ouvert et inclusif qui se bat contre le capitalisme.
Une force réellement solide doit être non seulement anticapitaliste, luttant contre la destruction de l’environnement, contre toutes les discriminations et pour les besoins vitaux de la majorité contre ceux de la minorité d’ultra-riches. Mais elle doit aussi porter le combat pour changer la société. Le socialisme authentique, démocratique, est la seule alternative capable de transformer le monde. Voilà les débats que la Gauche Révolutionnaire veut continuer à porter pour réellement renforcer notre camp et faire progresser la lutte contre les capitalistes.