La Poste, SNCF, hôpitaux… Défendons les services publics

Après la retraite, la Sécu, EDF, le gouvernement Chirac-Raffarin-Sarkozy ne marque aucune pause dans ses attaques. Il passe maintenant à la privatisation rampante de La Poste et au démantèlement de l’Education nationale. Il prévoit déjà la suppression de 10 000 emplois dans la Fonction publique, remet en cause le droit de grève, met en place un budget d’austérité pour tout ce qui est utile aux travailleurs et aux plus modestes. Dans le même temps, il multiplie les cadeaux au patronat et aux plus riches.

Article paru dans l’Egalité n°110

Les patrons poursuivent les licenciements et mènent toujours l’offensive contre les droits des travailleurs. Tout cela dans un contexte d’accroissement des inégalités : le nombre de Rmistes monte en flèche, dépassant les 1,1 millions de  »bénéficiaires » et c’est l’impôt sur la fortune que le parlement veut alléger.

Le rapport Camdessus, intitulé  »vers une nouvelle croissance pour la France » – comprendre vers plus de profits pour le patronat -, que Sarkozy revendique comme livre de chevet, synthétise toutes ces  »idées » libérales. Il préconise ainsi la fin des CDI et la mise en place de contrats de travail individuels. Ce serait là la fin des conventions collectives et la base d’une future attaque en règle du code du travail. Le rapport vante encore les mérites d’un gel du SMIC et des bas salaires, la simplification des procédures de licenciement et des coupes budgétaires pour les services publics.

Le budget 2005 présenté par Sarkozy reflète fidèlement cette idéologie libérale : 4460 suppressions de postes dans l’Education nationale, baisses systématiques des crédits dans les domaines sociaux des différents ministères ou encore pour l’environnement. En plus, ses chiffres sont bidonnés, prenant par exemple en compte l’argent versé par EDF-GDF à la Sécurité sociale. Dutreil, ministre de la Fonction publique, a quant à lui présenté 225 mesures pour  »moderniser l’Etat », qui vont en premier lieu supprimer 10 000 emplois publics en 3 ans. S’ajoutent à tout cela les conséquences fiscales de la décentralisation, qui va entraîner une augmentation énorme des impôts locaux, d’au moins 10 à 15%, renforçant l’injustice de ces impôts non calculés sur les revenus.

A La Poste se posent les jalons d’une future privatisation. Après l’éclatement en filières grâce au projet SOFT, chacune d’entre elles est maintenant attaquée séparément. La filière colis fonctionne comme une entreprise privée ; il ne restera plus qu’à la vendre au plus offrant. Les services financiers vont voir se créer l’Etablissement de crédit postal qui fonctionnera comme une banque privée. La filière courrier est menacée de perdre la moitié de ses centres de tri et des milliers de tournées de facteurs.

Les licenciements se poursuivent massivement et le gouvernement veut les rendre encore plus faciles pour le patronat, au travers d’une loi prétendant sauvegarder la compétitivité des entreprises (traduction : leurs profits), alors que le chômage augmente, malgré les chiffres trafiqués du gouvernement. Partout, ce sont des salariés qui se retrouvent sur le carreau, par dizaines, centaines ou milliers.

Les travailleurs ne restent pas les bras croisés face à ces attaques, mais leurs ripostes restent isolées et il leur manque une organisation qui pourrait fédérer leurs luttes. Ce ne sont pas les dirigeants syndicaux qui le feront d’eux-mêmes. Leur attitude est claire, se pliant par la négociation aux volontés du patronat. Il en est ainsi du protocole d’accord sur la  »prévention des conflits » à la SNCF signé, y compris par la CGT, qui prévoit des négociations systématiques « évitant » ainsi le recours à la grève. C’est une stratégie explicite de collaboration de classes, comme si les travailleurs et leur patronat pouvaient avoir des intérêts communs. La direction de la CGT se vantera d’avoir évité la loi sur le service minimum de De Robien. En fait, elle a évité au gouvernement de subir une grève d’ampleur qui aurait pu aboutir à un blocage de tout le pays. Cet accord est significatif de l’attitude générale des directions syndicales, toujours prêtes à aller négocier, se plaçant d’emblée sur le terrain du patronat ou du gouvernement et refusant autant que faire se peut le terrain des luttes sociales et celui de la lutte des classes.

Il faut que les travailleurs de chaque secteur exigent de leurs directions syndicales qu’elles adoptent une autre attitude, qu’elles refusent de participer aux négociations comme elles l’ont fait sur les retraites ou la Sécu. Nous ne pouvons avoir une quelconque confiance dans ces dirigeants. Aussi, c’est à nous de prendre les choses en mains, de nous organiser en nous réunissant en Assemblées Générales sur nos lieux de travail, en construisant ou en renforçant les liens qui nous unissent entre les différents secteurs. Car il faut nous préparer dès maintenant à une riposte d’ampleur contre l’offensive patronale et gouvernementale. Elle peut prendre dans un premier temps la forme d’une journée de grève nationale interprofessionnelle. Même cela, les représentants des différentes directions syndicales n’en veulent pas. Tout comme les dirigeants des partis de la gauche plurielle (PS, PC, Verts), ils n’envisagent pas d’autre système que cette société capitaliste. Ils savent bien que toute mobilisation importante de la classe ouvrière est un premier pas vers une prise de conscience du poids de celle-ci et la remise en cause du système. Cela parce que pour défendre ses intérêts elle s’attaque inévitablement aux profits du patronat.. Pourtant, cette organisation autonome de la classe ouvrière est aussi urgente qu’indispensable face au niveau des attaques qu’elle subit. Elle doit se traduire par la construction d’une organisation politique indépendante, un nouveau parti des travailleurs muni d’un programme socialiste qui sera l’outil permettant un réel aboutissement des luttes, par le renversement de cette société capitaliste.

Par Pascal Grimbert et Sylvain Bled