Les médias ont fait leur Une de la lutte des policiers et des gendarmes, ne prenant comme toujours aucun recul par rapport au sujet. Reportages larmoyants à l’appui, on s’apitoie sur les conditions de travail des gendarmes et policiers (aliénantes il est vrai).
Article paru dans l’Egalité n°92
On disserte sur l’impunité des jeunes délinquants, mais sans jamais parler de celle des forces de police. On nous décrit le fait que les forces de police sont prises pour cible dans les quartiers sans dire que les cibles des policiers et gendarmes sont les jeunes issus de l’immigration de ces même quartiers. Les problèmes que rencontrent les policiers ne peuvent pas être traités d’un seul point de vue “humain”, car les policiers et gendarmes sont les forces de répression de l’Etat et en tant que telles leur statut les place au dessus des gens ordinaires.
C’est aussi le cynisme de l’Etat qui frappe, les policiers n’échappent pas à la logique de casse des services publics et subissent la même politique libérale, alors même qu’ils sont les garants de la « stabilité » de l’Etat. Ils sont envoyés au casse pipe et doivent s’affronter à une jeunesse hostile parce que sans avenir. Les jeunes ne voient dans l’uniforme que le symbole d’un Etat qui n’a que des terrains de basket et de foot à lui offrir à défaut d’emplois stables et décents. Des policiers attaqués par une bande de jeunes lors d’une intervention dans un foyer éducatif de Châlons en Champagne, le 28/11/01 témoignent : « ils avaient des yeux de fous, des regards pleins de haine. Ils n’ont même pas cherché à nous écouter. » En s’attaquant frontalement à des policiers, c’est à ce qu’ils représentent que ces jeunes se sont attaqués. Leur haine est dirigée en premier lieu contre une société qui ne veut d’eux que comme main d’œuvre corvéable à merci. Leur haine va aussi au rôle de répression de la police ainsi qu’au racisme qui règne dans ses rangs. On ne peut traiter de la question de la violence des attaques contre les forces de l’ordre, sans s’interroger sur les passages à tabac de jeunes issus de l’immigration par la police (sans que cela ne défraye la chronique). Comprendre cela ne veut pas dire se réjouir de la mort des policiers ou excuser les actes des délinquants, mais c’est être conscient que l’augmentation de la violence trouve ses causes directement dans les politiques libérales et antisociales des différents gouvernements.
Quelle est la réponse de l’Etat à ces situations ? Le titre du rapport de Julien Dray est éloquent en la matière : « Mieux prévenir, mieux sévir ». Une fois de plus la soi disant « gauche » emboîte le pas de la droite dans ce qu’elle a de plus réactionnaire.
Présidentielles obligent, les différents partis font semblant de s’intéresser aux problèmes de la population ; après « la fracture sociale » on a « l’insécurité ». Du côté de la répression, le gouvernement ne manque pas d’idées : loi sur la sécurité quotidienne, plan vigipirate (voir l’Egalité n°91 de Novembre) mais lorsqu’il s’agit de s’attaquer aux causes sociales profondes du problème (chômage, licenciements, exclusion, racisme…) les maîtres mots sont restrictions budgétaires et libéralisation.
Nous devons être fermes sur notre opposition aux actes violents individuels comme seule réponse à la violence du système. Lorsqu’un policier est mort les seuls touchés sont sa famille, les dirigeants politiques et économiques de l’Etat auxquels on s’attaque sont, eux, bien à l’abri. Toutes les périodes de crise économique et sociale voient une augmentation de la délinquance. Et ce n’est pas la répression qui y met fin mais bien la lutte collective pour une vie meilleure pour tous.
Par Virginie Prégny