«La cour des comptes, la cour des comptes… hélicoptère ! » (d’après Jacques Tati)
La Cour des comptes dans son dernier rapport s’inquiète de la «viabilité économique» de La Poste et par conséquent de «sa pérennité» si cette dernière n’opère pas des «adaptations profondes du fonctionnement, de l’organisation».
Rassurons la Cour des comptes. La Poste en 2015 c’est 23 milliards de chiffre d’affaire. Plus de la moitié réalisée par la branche courrier alors que le trafic baisse, nous dit-on de 5 % par an ! Surtout : 875 millions d’euros de bénéfices. L’Etat et la Caisse des dépôts et consignations vont se partager le magot. Pas d’inquiétude à avoir, tout va bien ! Pour le groupe du moins.
C’est pour les facteurs que ça va mal !
Ils sont comme cinq ans plus tôt dans le collimateur de la Cour des comptes. Ils seraient trop nombreux et leur métier devrait se transformer. En clair le courrier n’est pas un marché assez juteux pour ceux qui se partagent les bénéfices. La Cour des comptes préconise donc, outre une taille sévère dans l’effectif des facteurs, que La Poste créée de nouveaux services en direction du public et que les 73 000 facteurs en soient les prestataires.
Vendre ce qui se faisait gratuitement
Ces nouveaux services, bien plus rentables que la distribution du courrier, ont en fait toujours existé. Il ne s’agit ni plus ni moins que tous ces petits services que le facteur effectue au quotidien sur sa tournée, gratuitement. Aujourd’hui beaucoup de ces pratiques sont devenues interdites au facteur car transformées en un produit vendu par La Poste. Et La Poste est assez cynique pour demander aux facteurs de faire la publicité de ces nouveaux services.
Dans le même temps, La Poste réduit son personnel. En 2015, 7 655 emplois ont été supprimés et cette hémorragie dure depuis 10 ans : plus de 90 000 emplois supprimés. Il s’agit d’un véritable plan social, que La Poste ne compte pas ralentir. La Poste réduit donc son personnel et axe sa stratégie sur les nouveaux services. Autant dire que la qualité du service de distribution postale s’en ressent largement : recours aux CDD et intérimaires en large augmentation, non remplacement des agents absents, tournées à découvert (non faites faute de personnel) plusieurs jours d’affilée, tournées non terminées par manque de temps, etc. La gestion des tournées à découvert est encouragée et est inscrite dans les objectifs des bureaux de distribution.
Face à ce rapport de la cour des comptes et connaissant la grogne silencieuse qui règne dans les bureaux de poste, l’ensemble des directions syndicales a réagi. La CGT, première organisation syndicale du groupe, dans un contexte d’attaques sociales et politiques de la part du MEDEF et du gouvernement, apparaît comme le fer de lance de la contestation et propose une « grande journée de mobilisation et d’action dans la deuxième quinzaine de mars ».
Certes, Les termes choisis par la centrale ne présagent pas d’une volonté d’en découdre fermement avec le gouvernement. Néanmoins nous devons nous saisir de cette journée pour construire, enfin, la première grande journée de grève interprofessionnelle de l’ère Hollande… et plus si affinités !
Par Sylvain Bled