Jeunesse en souffrance, praticiens délaissés… stop à la destruction du secteur de la psychologie par le gouvernement !

Le secteur de la psychologie, notamment des enfants et adolescents, est dans un état particulièrement désastreux en France. Les violences intrafamiliales et en particulier les violences sexuelles, dont l’inceste qui touche un enfant sur dix, ne baissent pas. Les mesures des derniers gouvernements dans l’Éducation (y compris le manque de personnel à tous les niveaux, qui pourraient pourtant repérer les situations de souffrances) participent à les rendre anxieux, avec l’imposition de la discipline (ce qui ne va pas aller en s’améliorant avec les « expériences » d’uniformes et le SNU), des rythmes scolaires toujours plus intenses dans des classes toujours plus bondées, une mise en compétition toujours plus féroce des élèves et des établissements. 20,8 % des 18-24 ans sont concernés par la dépression en 2023, contre 11,7 % en 2017. Le nombre de passages aux urgences des 11-17 ans pour tentatives de suicide est aussi à la hausse, notamment en période de rentrée scolaire.

Un grave manque de personnel

À l’échelle du territoire français, il manque beaucoup de psychiatres et surtout de pédopsychiatres. De fait, il arrive fréquemment que des centres hospitaliers engagent des médecins payés au lance-pierre, qui ne sont parfois même pas psychiatres (notamment des médecins étrangers) mais font office de, avec donc toutes les responsabilités qui vont avec, c’est à dire des services entiers à gérer. L’embauche de médecins étrangers ne serait pas un problème en soi si leurs titres de séjour étaient renouvelés. Quand ils ne le sont pas, un service peut voir son fonctionnement très perturbé, voire interrompu.

Quand il y en a, les psys sont débordés : il est fréquent que dans certains départements, de vastes espaces soient démunis de professionnels. Les patients doivent alors parcourir de grandes distances pour espérer se faire soigner. Même à Paris le manque notamment de pédopsys est considérable. Cette profession peine à attirer, ce qui n’est pas étonnant vu les conditions de travail ! Alors dans les départements les plus défavorisés, on imagine la situation. Les rares fois où il y a les moyens pour embaucher – en nombre très insuffisant – des travailleurs, les services sont obligés de prendre tout ce qu’ils peuvent, y compris des gens à peine sortis d’études. Ce ne serait pas un problème en soi, s’ils ne devaient pas gérer quantités de choses, faute d’autres personnes pour les aider dans leur travail, ce qui contribue au surmenage et à ce que les soignants eux-mêmes développent des problèmes psychologiques…

L’engorgement et ses conséquences catastrophiques

En France, à partir de 10 ans, les enfants ne sont plus pris en charge par des pôles enfants mais des pôles ados, ou alors des pôles mixtes, en théorie. En pratique, les pôles ados sont souvent totalement engorgés : manques catastrophiques de moyens, nombre d’adolescents en difficulté trop important, manque de personnel… L’engorgement rend très compliqué le suivi des patients d’un pôle à l’autre, souvent parce que les délais avant un nouveau rendez-vous sont considérables. Tout est bouché pour les patients, qui sont obligés de se rediriger vers des structures plus petites, totalement inadaptées, comme des centres psy de prévention, qui ne sont donc pas du tout équipés pour des suivis pathologiques graves, ou doivent faire des déplacements très longs pour aller dans les quelques rares services qui ne sont pas encore totalement surchargés.

Ceux qui ont les moyens se tournent vers le libéral, donc le privé, ce qui coûte beaucoup plus cher aux patients et implique de trouver des psys avec des disponibilités, or toute la médecine en France est déjà surchargée, des généralistes aux spécialistes. Encore une fois, sous le capitalisme, la santé est à deux vitesses et les politiques des gouvernements pro-capitalistes la réservent de plus en plus à ceux qui en ont les moyens.

On se retrouve donc avec moins de personnel et moins de locaux, pour plus de cas et des cas de sévérité très variés, ce qui oblige à privilégier les situations d’urgence, les détresses psychologiques graves… au détriment de la prévention, ce qui crée d’autres situations d’urgence plus tard. De plus, le manque catastrophique de moyens a des conséquences médicales graves : à force de devoir jongler entre des montagnes de travail, de gérer des urgences psychologiques en permanence qui fatiguent énormément les praticiens, on augmente le risque d’erreurs, d’incidents et de cas de maltraitance envers les patients.

Heureusement que le gouvernement est là !

Et pendant que des millions sont dans la galère, qu’il manque de tout et que c’est le chaos partout dans le système de santé, notre ex-ministre de la Santé Agnès Le Bodo était très occupée… à recevoir des cadeaux de grands labos pharmaceutiques ! Genre une montre à 1400€ ! Et ce n’est pas avec Catherine Vautrin, une sarkozyste notoirement homophobe, qu’il faut s’attendre à mieux. Aucune solution n’est envisageable sous Macron (ou aucun gouvernement pro-capitalisme). La grande idée de son gouvernement, c’est le dispositif Mon Parcours Psy (contre lequel les organisations de psychologues ont largement protesté), soit huit séances de psychologues remboursées par an… Soit même pas une par mois… de 30 minutes maximum. Ce faible nombre de séances courtes serait à peine suffisant pour de la prévention et des troubles mineurs, mais on est loin de pouvoir dédier du temps et de l’argent à autre chose que les urgences ! Ce qui ressort de toute la politique du gouvernement, c’est un mépris rare envers les travailleurs, de ce secteur autant que des autres. À aucun moment il n’est fait mention d’écouter les revendications des professionnels de la santé et d’avoir des moyens à la hauteur de leurs besoins !

Luttons pour une Santé de qualité !

Cette politique il y en a marre ! Les soignants et les patients nous n’arrêtons pas de le dire ! Nos syndicats et associations devraient être le vent en poupe pour organiser la riposte dans la Santé et le médical ; avec les autres services publics et les travailleurs du privé qui souffrent de cette politique qui est la même partout ! Il faut qu’ils organisent une première journée de grève, militante, toutes et tous ensemble, pour lancer la riposte !

Nos revendications pour une réforme de la santé :

– Une embauche massive de personnel soignant et non-soignant ;

– Une hausse des salaires, pour de bonnes conditions d’exercice ;

– Organiser localement la défense de chaque service public qui ferme, refuser toute pseudo-rationalisation qui ne vise qu’à sacrifier le secteur public au profit de la privatisation ;

– La prise en charge immédiate et totale par la Sécurité sociale des séances, pour l’accès inconditionnel aux soins psychologiques et psychiatriques, en particulier grâce au développement et renforcement de structures locales d’accès libre et gratuit (CMPP, CAPP, CMP, etc) sur tout le territoire ;

– La nationalisation (sans indemnité ni rachat) des labos pharmaceutiques, qui se font un pognon de dingue sur notre Santé (Sanofi : près de 5 milliards € de dividendes en 2023 !) pour une production de médicaments transparente et suivant les besoins

– Un monopole public de tout le secteur de la Santé (depuis les labos aux cliniques en passant par les Ehpad ou encore soins à domicile, assurances/mutuelles…), géré démocratiquement par les travailleurs en lien avec la population, qui fixent eux-mêmes les besoins en personnels et moyens !

Signé : Connor & Ariane