Italie, « Nous ne voulons que trois expulsions : Berlusconi, Fini, Bossi »

Deux cent milles personnes scandaient cela à Rome en janvier dernier lors d’une impressionnante manifestation antiraciste et contre les nouvelles restrictions envers les étrangers envisagées par le gouvernement italien (et notamment une facilitation des procédures d’expulsion).

Article paru dans l’Egalité n°94

Le trio ultra-réactionnaire continue à accumuler contre lui des secteurs de plus en plus nombreux de la société italienne. C’est bien évidemment Berlusconi qui est le plus parfait résumé de l’orientation politique du gouvernement.

Socialement, parce que ce grand patron, riche en milliards d’euros, concentre un pouvoir gigantesque par le nombre de médias et d’entreprises qu’il possède. Sa chaîne de télé est un instrument de propagande permanent, et maintenant qu’il détient le pouvoir d’Etat, il peut exercer une censure dans les médias publics. De plus, ses méthodes de gouvernement, assez brutales, combinent un mépris profond des mouvements sociaux et une forte répression policière.

Un mouvement croissant

Alors que l’Italie a subi pendant plusieurs années la politique libérale de la coalition de centre-gauche (l’Olivier), la victoire de Berlusconi sonnait comme une nouvelle accélération de la destruction des acquis sociaux.

Mais depuis Gênes, la combativité de la classe ouvrière et de la jeunesse italienne est croissante. Et Berlusconi, qui espérait faire passer ce qu’il voulait, doit compter avec elle. En février même avec l’annulation de la grève générale des services publics par les directions de la CGIL et de la CISL, les deux principaux syndicats, ce sont 100 000 personnes qui ont manifesté avec les syndicats de base (Cobas…). Nombreux, également, étaient les syndicalistes de base de la CGIL.

Berlusconi censure les médias et la culture, retire leur protection aux juges anti-corruption, tente de faire passer une loi qui dépénalise le crime de faux en écriture comptable, et essaie de revenir sur un acquis majeur des années 60 en faisant un projet de loi visant à assouplir les procédure de licenciement. Son gouvernement entend également accélérer le démantèlement de l’éducation et de la protection sociale et s’attaquer aux immigrés.

Les Cobas tentent d’unir tous ces secteurs. Des coordinations surgissent, des manifestations unissent travailleurs du privé, étudiants et lycéens,… l’envers complet des années précédentes.

Le rôle clef du PRC

Même si le gouvernement continue d’avancer, la balle est en fait dans le camp du mouvement ouvrier. Le Parti de la Refondation Communiste (PRC) a un rôle crucial à jouer. Il ne s’agit pas seulement de regagner ce qui a été perdu ces dernières années, mais de poser les bases pour que le mouvement aille de l’avant, et gagne de nouveaux acquis. Des dizaines de milliers de jeunes et de travailleurs se réapproprient la politique, créent des réseaux et s’enthousiasment pour le communisme et le socialisme mais sont assez refroidis par la valse des politiciens et les accords d’appareil dans lequel le PRC a failli sombrer. C’est en unifiant les travailleurs et les jeunes autour d’une véritable alternative au capitalisme que les mouvements sociaux pourront battre Berlusconi et sa politique, et celle que ferait une coalition de l’Olivier convertie au libéralisme. C’est là la tâche principale du PRC et des militants révolutionnaire en son sein.

Par Alexandre Rouillard