Il y a des luttes qui gagnent !

Ça fait rarement la une des journaux qui préfèrent « vendre » de l’insécurité et ainsi participer à la psychose et à la surenchère. Ça n’est pas non plus à l’ordre du jour des directions syndicales : avez vous entendu parler B. Thibault le secrétaire général de la CGT récemment ? Quant à Nicole Notat, la secrétaire nationale de la CFDT, elle va dans les débats télévisés pour parler de réforme des retraites, dans le sens du patronat bien évidemment (voir l’émission « Mots croisés », sur France 2, en février dernier).

Article paru dans l’Egalité n°94

Pour ces dirigeants, les travailleurs sont apathiques et laisseraient tout passer. Les jeunes en intérim ne veulent pas se battre pour obtenir un emploi permanent et définitif dans une entreprise. Ces mêmes jeunes ont pourtant un argument percutant : quand on voit Moulinex, où tu te fais licencier comme un malpropre après 35 années de boite, à quoi ça sert ?

Certes, c’est un peu défaitiste mais la passivité de Thibault et la complicité de Notat ne peuvent guère les encourager. Combien de jeunes prêts à lutter, à s’investir dans le syndicalisme, se sont fait littéralement éjecter s’ils étaient trop « radicaux » ? Cela ne peut qu’encourager ces réactions.

Ainsi, les salariés de Mc Donald’s Strasbourg-Saint Denis à Paris qui après avoir remporté une importante victoire (la réintégration complète de 5 salariés licenciés sur de fausses accusations) au bout de 115 jours de grève (115 !), ont eu des problèmes avec la CGT de l’arrondissement alors qu’au moins la moitié des syndicalistes sont à la CGT. Est ce parce que la victoire des « Mc Do » a tout de suite été suivie par une grève, avec blocage là aussi, à la Fnac et des turbulences dans d’autres hauts lieux de la précarité à Paris ?

La grève des « Mc Do » a été exemplaire. Loin du « chacun dans sa boite », des salariés de nombreuses grandes chaînes commerciales abusant de la précarité ont été appelés en soutien. Et les salariés du Mac Do ayant réussi à tenir bon les premières semaines, le soutien est venu de partout : Quick, autres restaurants Mc Do, Euro Disney, Maxi-Livre, Fnac, Virgin, etc. Opération de blocage, solidarité à chaque grève etc. les salariés ont, en quelques mois, refait ce qui avait constitué le syndicalisme au 19ème siècle : une solidarité active et la démonstration par les luttes que les travailleurs ne forment qu’une seule classe aux intérêts communs. C’est autant la détermination des grévistes que leurs multiples actions et la recherche permanente de l’extension du conflit dans toute l’enseigne Mac Do qui explique leur victoire.

Pourtant, même si les chaînes commerciales sont immenses et regroupent des milliers de salariés (des dizaines de milliers même) ce n’est pas dans ces secteurs que sont les vieilles traditions de lutte de la classe ouvrière. Mais à l’époque où les pays capitalistes dominants voient une grande partie de leurs salariés travailler plus souvent dans la distribution et les services que dans la production, la lutte des « Mc Do » se doit d’être popularisée et reprise en exemple. Beaucoup s’interrogent sur la transformation de la classe ouvrière, il y a là des éléments de réponse. Les salariés du commerce sont tout à fait capables, pour peu qu’on les y aide, de reprendre les meilleures traditions de la classe ouvrière « industrielle ».

Si, lors des annonces des plans de licenciements ou pour d’autres luttes, une même stratégie était utilisée au lieu de privilégier la vieille tactique de pression sur les élus du PS et du PCF, de bien meilleurs résultats pourraient être obtenus. Car cette « vieille » tactique n’a empêché ni la fermeture de Moulinex, ni les licenciements à Danone ni ceux aux Transports en commun de l’agglomération rouennaise (TCAR). Non qu’il ne faille pas mettre des élus qui se disent membres d’un parti qui serait « socialiste » ou « communiste » devant leurs responsabilités, mais il est clair que ça n’est pas la tactique payante.

La véritable force, ce sont les travailleurs eux-mêmes, et cette crise que les patrons veulent faire payer aux travailleurs doit être l’occasion de le démontrer. C’est de cela qu’ont peur les patrons !

Par Alex Rouillard