Nous avons été nombreux à avoir été choqués par les incidents du Nouvel An à Cologne, où des centaines de femmes ont été victimes de harcèlement sexuel. L’extrême droite a tenté de se profiler sur cette question avec le racisme le plus cru. Face à ça, les militants anticapitalistes et socialistes se sont mobilisés en dénonçant aussi bien le sexisme que le racisme. Nous en avons discuté avec Claus Ludwig, membre de Sozialistische Alternative (SAV), notre organisation-sœur allemande.
Comment réagit la population de Cologne face à ces incidents ?
‘‘Tout le monde en parle. Les gens sont choqués que cela puisse arriver. Les médias de l’establishment et des politiciens ont déjà lancé une campagne démagogique visant à davantage limiter les droits des demandeurs d’asile. L’extrême droite a flairé l’opportunité d’accuser les réfugiés. Un raz-de-marée de haine raciste a déferlé sur internet et les réseaux sociaux. Nous en sommes arrivés au point où l’on peut être ouvertement sommé de rentrer ‘‘chez soi’’ dans la queue d’un supermarché tout simplement pour avoir une allure différente.
‘‘Le 9 janvier, une manifestation du mouvement raciste Pegida a réuni 1.500 participants, essentiellement des hooligans et des néonazis. Le lendemain, 300 racistes ont parcouru la ville à la recherche d’immigrés, soi-disant pour ‘‘protéger les femmes’’. Ils se sont physiquement attaqués aux migrants et au moins trois personnes d’origine syrienne, pakistanaise et indoue ont été blessées. Les agresseurs comprenaient des néonazis et des hooligans, mais aussi des criminels organisés dont des “Hell’s Angels”, ainsi que des videurs de boîte de nuit.
‘‘La police a déclaré qu’on ne pouvait pas faire justice soi-même, mais la question n’est pas là. Les racistes n’étaient pas à la recherche des coupables du Nouvel An. Ils chassaient n’importe qui d’apparence ‘‘étrangère’’. C’était une véritable incitation au pogrom.’’
Comment réagit la gauche ? Dans quelles manifestations et campagnes est impliqué le SAV?
‘‘Durant la première semaine de janvier, il y a eu cinq manifestations auxquelles nous avons pris part. 400 personnes ont manifesté contre un incendie criminel dans un centre de réfugiés. Nous sommes aussi actifs dans l’alliance antifasciste ‘‘Cologne contre la Droite’’ où nous avons proposé d’utiliser le slogan ‘‘Contre la violence sexiste, contre le racisme’’. Ce slogan est paru dans la couverture médiatique de la manifestation à Cologne et dans tous les médias internationaux.
‘‘Nous avons écrit le tract de l’alliance pour la manifestation contre Pegida le 9 janvier. Malgré le fait que nous n’avions eu que trois jours pour mobiliser, la manifestation a rassemblé 4.000 antifascistes. Les médias ont minimisé cette mobilisation, certains suggérant ‘‘plus de 1.300 manifestants’’. Un camarade du SAV a figuré parmi les orateurs de la manifestation et nous avons reçu beaucoup de soutien pour notre approche socialiste dans le cadre du combat contre le racisme et le sexisme.
‘‘Par ailleurs, il y a aussi eu une manifestation de gauche pour le droit des femmes qui a réuni 300 manifestants, une manifestation ‘‘Les réfugiés syriens disent non à la violence sexuelle’’ et encore d’autres actions. Nous essayons d’élargir la base de l’alliance antifasciste et d’organiser de nouvelles personnes. Nous lions la résistance au sexisme et au racisme à des thèmes sociaux comme la pénurie de logements abordables. Nous tentons de politiquement renforcer le mouvement antifasciste tout en prenant au sérieux la sécurité lors de nos activités. La montée de la violence d’extrême droite nous y force bien.’’