Hollande-Ayrault : une politique pour les capitalistes!

Passation de pouvoir entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, à l’Élysée le 15 mai 2012. C'est bien plus que les clésdel'Elysée que Hollande a récupéré,il a aussi gardé la politique économique et sociale anti ouvrière et anti-jeunes de la droite "décomplexée"(AP/Thibault Camus)
Passation de pouvoir entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, à l’Élysée le 15 mai 2012. C’est bien plus que les clés de l’Elysée que Hollande a récupéré, il a aussi gardé la politique économique et sociale anti-ouvrière et anti-jeunes de la droite « décomplexée »(photo : AP/Thibault Camus)

Hollande et son gouvernement engagent les hostilités. Après le pacte de compétitivité, cadeau supplémentaire de 30 milliards d’euros à la bourgeoisie sous forme de crédit d’impôt et partiellement financés par une hausse de 10 milliards d’euros de la TVA, et les diverses reculades face aux patrons (patrons pigeons, Mittal), le gouvernement a définitivement montré le camp qu’il défend : celui des capitalistes. Les multiples attaques qui sont en cours ou qui sont annoncées font froid dans le dos !

La galerie des horreurs sociales

L’accord national interprofessionnel (ANI) signé par le MEDEF et certains syndicats avec la complicité clairement affichée du gouvernement, s’il est transposé en loi sera une véritable régression sociale qui accentuera la précarité et la flexibilité du travail (cf. article du numéro 159 à lire sur notre site).

Le gouvernement a décidé d’une nouvelle réforme des retraites. Si rien de précis n’est annoncé, puisque les discussions débutent seulement, il y a fort à parier que la durée de cotisation sera à l’ordre du jour. C’est une nouvelle attaque contre notre droit à la retraite qui s’ajouterait à la casse généralisée de la sécu. De plus en plus d’argent part vers l’assurance privée en général (dans l’ANI aussi ce serait un cadeau de plusieurs milliards grâce à la complémentaire santé) mais en plus le patronat veut réduire les pensions des complémentaires AGIRC-ARCCO de 5% !

Comme si la protection sociale n’était pas assez attaquée, le gouvernement Hollande-Ayrault a décidé de s’en prendre aux allocations familiales. Il veut les conditionner aux ressources, mettre un plafond maximum et les rendre imposables ! Cela représenterait une perte de 800 millions d’euros pour les familles.

Le taux de croissance étant revu à la baisse pour 2013 et 2014, il faut s’attendre à de nouvelles coupes budgétaires dans les services publics avec ce que cela veut dire en termes de restrictions des effectifs, de surcharge de travail et de stagnation des salaires, et les conséquences de dégradations des services rendus pour les usagers. Et ceci sans compter sur la dégradation des services publics dépendant des collectivités territoriales qui voient le financement se réduire ((postes en moins chez les travailleurs sociaux, augmentation du prix des cantines et des transports etc). Et Sûrement une hausse un peu plus forte des impôts locaux à la clé.

Pourquoi cette politique d’un gouvernement qui se dit de gauche ?

Les dizaines de milliards de cadeaux au patronat, l’ANI, les licenciements massifs, les coupes sombres dans les budgets publics sont différentes facettes de la même politique d’austérité. Cette politique tend à la fois à faire payer la crise aux travailleurs, travailleuses et à leur famille et à permettre de rompre avec la baisse de profitabilité des entreprises afin qu’elles puissent continuer à enrichir les actionnaires et les circuits spéculatifs, seul secteur à offrir encore aujourd’hui une rentabilité suffisante aux yeux des capitalistes.

Ces politiques ne sont que la continuation des politiques libérales menées depuis des décennies qui se sont accélérées à partir des années 90 alors que le mouvement ouvrier organisé refluait avec l’éloignement de la perspective de transformation socialiste de la société. Elles sont responsables de la crise et ne feront qu’aggraver la situation économique et sociale.

Les capitalistes sont devant une contradiction insoluble pour eux : la baisse du taux de profit due à l’accroissement de la concurrence entre eux dans le cadre de la mondialisation les pousse à baisser la masse salariale (baisse des salaires, licenciements). Mais ce faisant, ils réduisent la capacité des travailleurs à consommer et donc leur possibilité à réaliser plus de profits.

Cependant, le gouvernement est sur le fil du rasoir, car, contrairement aux différents gouvernements Sarkozy, les liens historiques qui le rattachent encore un peu aux ouvriers et aux classes populaires, qui l’ont mis au pouvoir en mai dernier, entravent quelque peu sa capacité à mener la politique voulue par la bourgeoisie sans subir la colère et la pression de ces couches populaires.

.Par Yann Venier
Paru dans l’Égalité n°160 (mai-juin 2013)