Grippe aviaire, chikungunya : Le capitalisme aggrave les crises sanitaires

Plus de 150 000 personnes touchées par le chikungunya à La Réunion, la grippe aviaire qui se répand en Europe occidentale : s’agit-il vraiment d’une fatalité ?

Article paru dans l’Egalité n°118

A la Réunion, le virus du chikungunya (« une grosse grippe dont on ne meurt pas », disait en janvier le ministre Baroin !) frappe maintenant un bon quart de la population. Ce sont avant tout les plus pauvres qui sont touchés, vivant dans des cases et dans des milieux insalubres favorisant la prolifération des moustiques, ne pouvant se payer de produits anti-moustiques (La Réunion : 30% de chômeurs et un quart des foyers au RMI). Plus de 77 personnes en sont mortes, ce chiffre étant constamment revu à la hausse. Le ministère de la Santé annonce l’ouverture de 65 lits d’hôpital supplémentaires… Le gouvernement mène dans l’urgence une campagne de démoustication, répandant massivement des insecticides souvent hautement toxiques. Il n’existe actuellement aucun vaccin contre cette maladie. Celle-ci est pourtant bien connue, se répandant en Afrique et en Asie depuis la fin des années 1950. Mais les pays touchés sont très pauvres et donc n’intéressent pas les grandes compagnies pharmaceutiques qui ne peuvent compter y faire des profits. On a donc laissé le virus se répandre sans démarrer de réelles recherches pour le contrer.

Pour la grippe aviaire, là aussi la fatalité et les oiseaux migrateurs ont bon dos. Ce qui préoccupe avant tout le gouvernement, ce sont les profits de la grande industrie avicole. En France, face à l’absence complète de planification de la production agricole, le gouvernement multiplie les mesures contradictoires, souvent inefficaces. Au niveau international, les échanges commerciaux de volailles vivantes et d’œufs destinés à la reproduction ont continué depuis les pays déjà touchés vers des pays pauvres qui ne peuvent se permettre un embargo, comme en Afrique (par exemple de la Chine vers le Nigeria). Les grands producteurs ont ainsi maintenu leurs profits coûte que coûte.

Dans toutes ces crises, ce sont d’abord les plus pauvres qui sont touchés : obligation de poursuivre un élevage de subsistance dans de mauvaises conditions sanitaires, impossibilité de se soigner faute de moyens ou de structures existantes.

Comme lors de la canicule de l’été 2003, ces crises sanitaires sont démultipliées par la politique de démantèlement de la santé par le gouvernement, avant tout guidée par les intérêts de la bourgeoisie. Ceci rend inévitable l’ampleur prise par ces crises. Seule une société qui n’est pas basée sur la loi du profit peut permettre de prendre en charge de tels risques sanitaires, en mettant en place une réelle politique de recherche et de prévention, en offrant à tous un service de santé publique de qualité.

Par PG