Grande-Bretagne : la démission de Liz Truss ne suffira pas !

La vague de grèves massives outre-Manche aura eu raison de l’ex-première ministre, Liz Truss, pourtant présentée comme une Thatcher bis. Face à l’inflation galopante, à l’explosion des coûts de l’énergie, des transports et des produits alimentaires, des grèves extrêmement majoritaires, souvent bien au-delà de 70%, se succèdent et touchent de nombreux secteurs emblématiques (chemin de fer, dockers, poste…) et de très nombreuses petites entreprises. Pour retrouver une telle vague de grèves, il faut remonter cinquante ans en arrière.

Cortège des éboueurs à Coventry, à la manifestation devant le Congrès des syndicats (TUC), le 16 octobre 2022

Depuis 12 ans, les conservateurs mènent une politique au service des plus riches, mais cette fois-ci ils sont tombés sur un os. La colère et la reprise d’un syndicalisme combatif, éprouvent très durement le gouvernement. La bourgeoisie ne compte pas se laisser faire, mais l’appel à calmer les luttes, après le décès de la Reine, n’a pas fonctionné. Et la stratégie du gouvernement de combat de Truss a échoué. La crise sociale se prolonge en crise politique avec de nombreux députés conservateurs inquiets à l’idée d’élections anticipées. Ils placent leurs derniers espoirs en Rishi Sunak, qui n’a que peu de chance de calmer son propre parti, et encore moins la vague de grèves. Cependant, les travailleurs sont pour le moment orphelins d’un parti qui défend leurs intérêts. Le parti travailliste, dirigé par l’aile droite, n’appuie aucune lutte… et l’aile gauche du parti ne propose pas non plus un vrai programme combatif avec une hausse massive des salaires, des nationalisations de secteurs comme celui de l’énergie, et encore moins de prendre sur les profits des capitalistes pour que la population n’ait pas à payer cette crise.

À la mi-octobre, le congrès des différents syndicats du pays s’est conclu sur la volonté affirmée que les grèves soient coordonnées, qu’elles se fassent contre l’inflation et pour la hausse des salaires, mais aussi pour faire sauter le gouvernement conservateur. C’est un premier pas franchi. Même si l’absence d’un parti qui défende une politique socialiste, construit par et pour les travailleurs (notre organisation-soeur, le Socialist Party, œuvre dans ce sens) limite les perspectives politiques, obtenir le départ des conservateurs serait une vraie première victoire pour les travailleurs britanniques. Les prochaines semaines seront importantes, et permettront de voir si les différents syndicats concrétisent l’appel à une journée de grève générale de 24 heures.

Par L.C, article paru dans l’Egalité n°213