France travail : la lutte contre les chômeurs plutôt que le chômage

Depuis plusieurs décennies, de réforme en réforme, la gestion du chômage s’est faite au détriment des privé·e·s d’emploi et au bénéfice des entreprises. Un seul leitmotiv : obliger les chômeurs à accepter n’importe quel emploi à n’importe quelles conditions salariales en dégradant l’indemnisation et accroissant le contrôle des privé·e·s d’emploi. Avec France Travail, le gouvernement entend continuer à faire pression sur les salaires.

Une autre face de cette attaque en règle et permanente a été le démantèlement du service public de l’emploi, sa privatisation larvée, et la libéralisation du marché de l’emploi. La création de Pôle emploi, par la fusion des ASSEDIC et de l’ANPE au début des années 2010 par Sarkozy, a été une étape. La mise en place de France-travail (FT) en est une nouvelle, en créant un « écosystème », le « Réseau pour l’emploi » intégrant, en plus de Pôle emploi (FT), des Missions locales (FT jeunes) et Cap emploi (FT Handicap) les opérateurs privés du marché de l’emploi et, pire encore, les entreprises d’intérim !

L’objectif ? Certainement pas de s’attaquer au chômage et à la misère, qu’il induit généralement, comme ont pu le crier Macron et Borne. Ils n’en ont rien à faire des privé·e·s d’emploi : dans le projet de finances pour 2024, ils retirent 1 milliard d’euros pour l’aide au retour à l’emploi. Le capitalisme a trop besoin de cette « armée de réserve », comme la définissait justement Karl Marx. France travail, c’est toujours plus de pression sur les privé·e·s d’emploi pour faire baisser les salaires et faire du chômage un marché juteux pour les opérateurs privés.

Le projet de loi était déjà une dégueulasserie capitaliste, le « travail » parlementaire l’a rendu encore plus exécrable avec les amendements de la droite (LR) et le soutien actif du RN : exit les devoirs des opérateurs envers les usagers (seul·e·s les privé·e·s d’emploi ont des devoirs !), exit le contrôle de la légalité des offres d’emploi. L’obligation d’avoir une activité de 15h pour toucher le RSA devient une obligation avec un minimum de 15h, non-plafonné, mais assez flou pour être étendu à terme à tous les inscrits à France Travail, donc aussi à celles et ceux percevant l’allocation de retour à l’emploi (indemnisation chômage).

Article paru dans l’Égalité n°219, par Yann Venier