Une grève générale étudiante historique a touché l’Etat espagnol ce 26 octobre. Plus de 200.000 étudiants ont occupé les rues contre les « revalidations » franquistes ! Le Comité pour une Internationale Ouvrière (dont la Gauche Révolutionnaire est la section en France) a activement soutenu cet appel à la grève et a organisé des actions de solidarité dans une vingtaine de pays à travers le monde.Au début de la semaine, nous leur avions adressé le message de solidarité suivant :
La Gauche Révolutionnaire, section française du Comité pour une Internationale Ouvrière, apporte sa solidarité pleine et entière aux étudiants de l’État espagnol qui seront en grève ce mercredi 26 octobre. Il y en a assez de toutes ces politiques d’austérité qui cassent les services publics et l’Éducation. La lutte de masse est la seule manière d’y mettre un terme !
En France on a pu voir, avec un mouvement historique de quatre mois contre la loi « Travail » au printemps dernier, que la jeunesse était toujours disponible pour lutter en masse. Et ce particulièrement lorsqu’elle est en grève avec les travailleurs. Ici, la dégradation constante des conditions d’étude, et la volonté d’un gouvernement soi-disant de gauche de renforcer une éducation à deux vitesses, nourrissent la colère des étudiants. Il y aura indubitablement une reprise des luttes en réaction à cette absence d’avenir renforcée par la politique d’austérité du gouvernement Valls-Hollande.
La lutte contre les « Revalidations » franquistes est cruciale pour empêcher un retour en arrière historique. Elle n’aura que plus d’ampleur si elle est effectivement liée à la lutte pour une éducation gratuite et de qualité pour tous et toutes ! Car il s’agit de la lutte pour un avenir digne de ce nom ! La grève espagnole du 26 octobre polarise énormément autour d’elle et bénéficie d’un soutien extrêmement large y compris à l’échelle internationale. Nous souhaitons le plus grand succès à cette grève et y apportons ainsi tout notre soutien. Votre lutte est notre lutte ! Solidarité internationale : éducation gratuite pour toutes et tous, basta des politiques d’austérité !
Nous publions ci-dessous le rapport du Sindicato de Estudiantes (Syndicat des Etudiants)
Ce fut un véritable tsunami. La grève générale étudiante appelée par le Sindicato de Estudiantes (SE) fut un succès d’ampleur historique. Près de deux millions d’élèves ne se sont pas rendus dans leurs salles de classe. Il était ne s’agissait toutefois pas seulement d’une énorme grève, soutenue à plus 90%. Plus de 60 manifestations organisées par le Sindicato de Estudiantes ont rencontré un succès massif. Plus de 200.000 étudiants ont défilé dans tout le pays. Les chiffres sont extraordinaires.
Au Pays basque, plus de 10.000 personnes ont défilé à Bilbao, 5000 à Donostia et des milliers d’autres à Vitoria / Gasteiz et Iruña. En Catalogne, plus de 50.000 manifestants ont rempli les rues de Barcelone, pendant que des milliers d’autres manifestaient à Tarragone, Gérone et des dizaines d’autres villes. Presque 10.000 jeunes ont défilé à Valence, des milliers d’autres à Alicante. La manifestation de Madrid – forte de 60.000 personnes – a représenté la plus grande manifestation étudiante depuis des années. En Galice: 5000 personnes ont manifesté à La Corogne, 3.000 à Ferrol et des milliers d’autres dans d’autres villes. Il y eut encore 5000 personnes à Saragosse. En Andalousie, 15.000 personnes ont manifesté à Grenade, 10.000 à Séville, 7000 à Malaga, 2000 à Cadix et plus de 1000 à Almeria et Huelva… Des milliers de manifestants ont également marché ensemble en Estrémadure, aux îles Canaries et aux îles Baléares, à Murcie, à Castille et León , à Castilla La Mancha, à Cantabria,…
Cette grève a été un véritable succès et une puissante démonstration de force qui a brutalement exposé au grand jour le caractère du gouvernement du PP et du ministère de l’Éducation. Les jeunes ont clairement exigé la suppression immédiate des « revalidations » franquistes et de la LOMCE (la précédente mesure d’austérité anti-démocratique instaurée dans l’enseignement). Ces deux mesures sont totalement inacceptables. Le Sindicato de Estudiantes exige la démission immédiate du ministre de l’Éducation, Iñigo Méndez de Vigo. Mais nous allons plus loin: nous exigeons la suppression de la LOMCE et de tous les autres décrets d’austérité, l’annulation de toutes les coupes budgétaires, l’augmentation drastique du budget de l’éducation publique ainsi que la réadmission des milliers d’enseignants licenciés ces dernières années.
Le gouvernement de droite du PP a déclaré la guerre à l’éducation publique. Dans ce contexte, nous considérons qu’il est tout à fait honteux que la direction du PSOE (le parti prétendument « socialiste ») ait capitulé devant lui qu’il se soit lâchement abstenu au Parlement pour laisser le pouvoir à Rajoy et au PP. Ces dirigeants ont tourné le dos à leur base sociale, à leurs électeurs, aux millions de travailleurs et de jeunes, au mouvement de l’éducation et à tous ceux qui luttent pour la défense de l’éducation publique. Nous ne pourrons jamais oublier ce vote qui sera responsable de nouvelles années d’un gouvernement du parti de la corruption et des coupes budgétaires.
La grève a également reçu le soutien de la CEAPA (l’association nationale des parents), ce qui est très important. Malheureusement, l’attitude de la direction des syndicats CCOO, UGT et STE n’a pas été la même. Ce n’est qu’à Madrid qu’ils ont fait ce qu’ils appellent une grève totale des enseignants, ainsi qu’en Andalousie dans le cas de la STE. Cette attitude des dirigeants syndicaux n’a aucune justification. Pourquoi ne pas appeler les enseignants à la grève aux côtés des étudiants et des parents? Les enseignants ne souffrent-ils pas également des mêmes attaques antisociales? Les dirigeants syndicaux doivent corriger leur attitude de toute urgence et écouter la clameur de leurs rangs. Ils doivent se battre de toutes leurs forces et non se contenter de simples déclarations.
Nous voulons affirmer haut et fort que la lutte n’est pas finie. La journée du 26 octobre fut un grand succès, mais nous ne nous arrêterons que lorsque la LOMCE et les « revalidations » seront de l’ordre du passé. Notre comité de grève de toute l’Espagne va immédiatement se réunir. Si le gouvernement intérimaire n’abandonne pas ces attaques pour le 31 octobre, nous appellerons à une autre grève – plus grande et plus forte – dans les semaines à venir, en appelant tous les syndicats d’enseignants et les parents organisés à la CEAPA à nous rejoindre.
Enfin, nous tenons à remercier les milliers de militants du Sindicato de Estudientes de tout l’État qui ont fait de cette grande grève une réussite. Plus de 100.000 tracts ont été distribués et des dizaines de milliers d’affiches ont été collées. Nous voulons aussi saluer les plus de 2.000 nouveaux membres du syndicat qui nous ont rejoints ces dernières semaines. Ensemble, nous construisons une organisation étudiante plus grande et plus déterminée qui ne fuira aucune grève et ne cherchera pas à diviser le mouvement étudiant selon des lignes nationales ou sectaires. Nous croyons en notre propre force et en la capacité de la jeunesse de lutter contre le PP et ses coupes budgétaires ainsi que contre le système qui génère l’injustice sociale: le capitalisme.