ECTS et la décentralisation au service de la casse des études universitaires

Actuellement, le système universitaire connaît des réformes qui empêchent les étudiants de continuer leurs études car ces derniers ne correspondent pas aux normes européennes de rentabilité. Ces réformes sont la mise en place de l’ECTS et de la décentralisation.

Article paru dans l’Egalité n°99

ECTS (European credits transfer system) est une réforme européenne mise en place en France grâce au LMD (Licence, Mastère, Doctorat) par la Gauche plurielle, confirmée au sommet européen de Barcelone en mars 2001, et concernant les diplômes universitaires.

En effet, les trois diplômes : licence (Bac + 3), master (bac + 5) et doctorat (bac + 8), seraient validés en crédits, tel qu’une année de cours équivaudrait à 60 points, et donc la licence 180 points. D’une part cela oblige les étudiants à valider 3 années d’études pour avoir enfin un diplôme reconnu, d’autre part les universités peuvent attribuer des valeurs en points à toute une série de choses et selon des décisions qui varieront d’une université à l’autre : stage en entreprise, séjour à l’étranger, participation à la vie universitaire etc.

Ce système, harmonisé à l’échelle européenne, pour soit-disant permettre aux étudiants d’étudier à l’étranger, connaît beaucoup d’inconvénients.

Tout d’abord, il ne présente des avantages que pour les étudiants qui peuvent se permettre de voyager et pour qui cela présente un intérêt pour leurs études. Cela ne favorise qu’une minorité d’étudiants. La plupart ont déjà du mal à s’acheter un malheureux ticket de transport.

Ensuite, ECTS va permettre d’augmenter les frais d’inscription et d’assujettir nos formations aux exigences du marché.

Enfin, le principal objectif de ce nouveau système est de renforcer l’autonomie des universités par rapport à l’Etat.

Qui s’occupera de l’enseignement si ce n’est pas l’Etat ? les entreprises bien sûr !

Dans la pratique, on n’augmente pas les budgets, alors que les besoins ne baissent pas. Donc des financements privés sont introduits et on demande une « participation » (croissante bien sûr) des étudiants au financement de leur formation. En contrepartie, les établissements créent les formations exigées par leurs financeurs. Hausse des frais d’inscription, fin de la valeur nationale des diplômes,, donc aucune garantie sur la rémunération dans le monde du travail une fois le diplôme en poche.

Le maître mot : rentabiliser

Ce système suit la même logique que la décentralisation de Raffarin. En effet, les universités ne dépendront plus de l’Etat mais des collectivités territoriales. En gros, plus la région est pauvre, plus le budget de la fac sera faible. Cela va donc provoquer une inégalité et une compétition croissantes entre les différentes universités, comme l’ont en fait déjà entraîné les précédentes réformes (et surtout le plan université 2000 de Jospin, en 1989, qui hiérarchisait les Universités en différentes catégories d’excellence, et donc avec une répartition inégalitaire des financements). Un diplôme à la Sorbonne aura plus de valeur que celui de Rouen.

Par ailleurs, les CROUS relèveront de la compétence des Régions ! Même logique : plus la région est pauvre, plus il y aura des dangers pour les bourses et autres aspects de l’aide sociale (restauration, logement…). A long terme, les bourses seront directement payées par les Régions, et celles-ci en profiteront certainement pour exiger une contrepartie aux étudiants boursiers : travail le week-end ou aux vacances scolaires comme cela se fait déjà dans certaines municipalités ou dans certains pays.

De plus, cette décentralisation va directement casser le statut des pions (MI/SE) alors que ces postes sont occupés par les étudiants sur critères sociaux pour qu’ils puissent vivre décemment et terminer leurs études.

Toutes ces attaques, d’ECTS à la casse du statut des pions, sont en parfaite cohérence.

On préfère retirer les postes utiles (tant aux élèves qu’aux étudiants) pour que ces derniers soient obligés de travailler pour les profits des patrons des entreprises privées. Au lieu de percevoir un salaire, ils finiront par être payés en points ECTS ?

L’un des avantages du système actuel, c’es qu’il permet de sortir de la fac plus vite, avec un diplôme reconnu dès la deuxième année. C’est pour cela qu’il faut lutter, afin d’empêcher la mise en place de ces réformes qui ne font qu’engendrer la dégradation continuelle des conditions d’études, voir la misère pour certains étudiants.

Des mobilisations ont déjà eu lieu contre ECTS comme à Toulouse (des centaines d’étudiants en Assemblée Générale et en grève), à Montpellier, à Nantes (où l’unité a été faite avec les emploi-jeunes et les pions) etc., et elles doivent continuer en janvier. Nous devons continuer dans ce sens, c’est à dire faire des journées d’actions, des réunions d’informations, et de sensibilisation dans les facs et les lycées… et avancer vers une grève dans les Universités.

Il faut par ailleurs lutter avec les emplois jeunes qui verront leurs emplois supprimés dès la rentrée septembre 2003. Unifions nos luttes, pour une éducation gratuite et accessible à tous !

Par Fatima