« Pour qui je vais voter en 2007 ? » La question électorale revient dans de nombreuses discussions. Pourquoi les élections présidentielles et législatives d’avril et juin 2007 occupent-elles une si grande place ? Contrairement aux médias, les discussions des travailleurs et des jeunes ne tournent pas autour du débat de qui va être le candidat du PS ou de l’UMP. Ce qui domine c’est comment faire pour virer Villepin et Sarkozy sans se faire avoir par les autres candidats.
Article paru dans l’Egalité n°122
Depuis 2003, la casse des retraites des travailleurs du secteur public, la privatisation d’EDF et récemmment de GDF et de la RTM, sont autant de luttes isolées et de défaites. De nombreux travailleurs et jeunes ont le sentiment qu’il est impossible de stopper les attaques du gouvernement par les luttes. Les élections sont donc devenues la seule expression politique concrète et massive contre le gouvernement pour de nombreux travailleurs et jeunes faute de luttes victorieuses sur lesquelles s’appuyer.
Déjà, lors des élections régionales de 2004, les travailleurs et les jeunes avait lourdement sanctionné le gouvernement Chirac-Raffarin en votant massivement PS. Le Non au référendum sur le traité constitutionnel européen en mai 2005 avait souligné cette même dynamique. Aujourd’hui, la hausse sensible du nombre de jeunes s’inscrivant sur les listes électorales, notamment dans les quartiers populaires montre d’une autre manière l’importance que prennent les élections.
Après ces votes, les attaques de Villepin-Sarkozy n’ont pas cessé comme le CPE l’a montré. Ceux qui se sont battus contre le CPE et la loi dite « Egalité des chances » savent que le retrait du CPE cache le reste des attaques de cette loi et de celles à venir. La mobilisation massive de la jeunesse soutenue par un grand nombre de travailleurs a échoué à stopper les attaques du gouvernement alors qu’elle en avait le potentiel. Parmi les travailleurs et les jeunes, certains s’abstiendront sûrement dégoûtés par la situation, d’autres chercheront à sortir ce gouvernement coûte que coûte lors des élections.
De plus, les élections présidentielles ont toujours eu un caractère politique fort en France entraînant la plus forte participation parmi tous les types d’élections. Dans le même temps, les classes dirigeantes doivent poursuivre leurs attaques contre les travailleurs pour maintenir leurs profits. Pour mener à bien leur politique, ils ont besoin de passer à la vitesse supérieure en privatisant les secteurs publics rentables, en flexibilisant encore plus les conditions de travail. Pour les capitalistes comme pour les travailleurs, ces élections ont donc une certaine importance.
Quelles sont les forces en présence ?
Les candidats au service des capitalistes sont nombreux : Chacun à leur manière, ils essaient d’incarner une rupture dans la gestion politique francaise. En mettant fin à l’ère Chirac, la droite essaie de tourner la page du gaullisme pour une candidature ouvertement libérale, celle de Sarkozy qui se présente d’ailleurs comme le candidat de la rupture. Prêt à s’affronter aux travaillleurs et aux jeunes, il annonce la couleur : restriction du droit de grève, allongement de la durée du temps de travail, sélection scolaire…
D’une autre manière, le PS s’adapte aussi aux nécessités politiques et économiques de la période. Dans le cadre de la gestion du capitalisme, Royal se profile comme une candidate à part du parti socialiste, proche des idées de Blair. Elle attaque ainsi sa campagne sur les thèmes classiques de la droite : insécurité, répression… Bayrou ayant compris le vide que laisse la droite en abandonnant les aspects étatiques du gaullisme essaie de faire émerger un centre démocrate chrétien en France capable de faire basculer des majorités tantôt vers l’UMP tantôt vers le PS et jouer un rôle clé. A droite de l’UMP, de Villiers et Le Pen essaient quant à eux de faire avancer encore plus loin les idées réactionnaires et racistes pour renforcer la division des travailleurs et des jeunes.
Pour une candidature anticapitaliste sur un programme combatif !
Face à cela, les travailleurs et les jeunes cherchent leur camp. Mais ils ne disposent pas d’une candidature unitaire réellement anticapitaliste et combative, capable de prolonger et de traduire dans les élections leur volonté de combattre l’offensive patronale et gouvernementale. Dans ce contexte, chaque force à la gauche du PS avance son candidat.
A la gauche du PS, le PCF depuis la campagne contre le traité constitutionnel européen a animé avec d’autres forces dont la LCR des comités pour une gauche antilibérale qui présenteront une candidature. Autour de la candidature de Buffet, il essaie de faire oublier sa participation au gouvernement de la Gauche plurielle. Ces comités, où pour l’instant les travailleurs et les jeunes ne s’investissent pas, s’organisent dans une optique essentiellement électorale, sur un programme d’aménagements du système capitaliste, coupés de l’idée que seuls les travailleurs en lutte peuvent stopper le capitalisme. La LCR a décidé de s’en retirer et « l’extrême gauche » se présentera avec Olivier Besancenot pour la LCR et Arlette Laguiller pour Lutte Ouvrière sans volonté d’élargir leur campagne et de créer une dynamique pour jeter les bases d’un nouveau parti des travailleurs.
Il sera difficile pour les travailleurs et les jeunes lors de cette campagne de trouver des bases solides pour commencer à organiser la riposte face aux attaques que les capitalistes préparent et ce, quel que soit le ou la candidate élu(e). Il s’agit pourtant de saisir l’opportunité de la période électorale pour avancer un programme combatif de rupture avec le capitalisme et populariser de réelles revendications au service des travailleurs et des jeunes.
Par Leila Messaoudi