Défaite de Macron aux élections législatives. Un encouragement pour des victoires contre le capitalisme

Les résultats des élections législatives ont été une claque magistrale pour Macron. L’alliance électorale qui le soutenait, qu’ils ont dénommée « Ensemble » dans un ultime « sauve-qui-peut » avant le naufrage, n’a obtenu que 245 député-e-s contre 360 en 2017. C’est loin de la majorité de 289 dont a besoin Macron pour faire passer ses mesures en force comme il l’a fait ces cinq dernières années.
C’est donc un vrai recul, qui vient confirmer que la politique de Macron est minoritaire dans le pays. Comme nous le disions juste après le 1er tour, cette nouvelle claque au président des riches doit être en un encouragement pour les luttes des travailleurs. Les revendications qui ont été portées par des millions de voix à la présidentielle comme aux législatives doivent être bruyamment portées par les nouveaux député-e-s de gauche combative qui ont été élus. Et cela va alimenter les luttes des travailleur-se-s dans les semaines à venir : pour la hausse des salaires et le SMIC à 1500 euros, pour la défense des services publics, pour la retraite à 60 ans… Organisons-nous pour préparer les luttes des travailleurs et combattre le capitalisme.

La défaite est même complète pour le parti de Macron, La Rem, qui n’a que 160 députés contre 308 élus en 2017 (même si beaucoup avaient déjà fuit le navire). Macron, dans son allocution télévisée de mercredi 22 juin, affirme avoir « entendu le message » et cherche des alliés pour faire un gouvernement ou pour soutenir ses projets de loi au « cas par cas ». Après avoir été sourd aux revendications de ces dernières années, que ce soit lors du mouvement des Gilets Jaunes, des grèves sur les retraites, des grèves dans les services publics, des luttes de la jeunesse contre la sélection avec Parcoursup et le bac Blanquer (lequel ex-ministre de l’Éducation a d’ailleurs été éliminé dès le 1er tour en ne recueillant que 18,8 % des voix), Macron est désormais aveugle aux résultats électoraux.

Tout ce qu’il peut espérer, c’est un soutien de la part de la droite traditionnelle, les Républicains, ou de la part du Rassemblement National de Le Pen, voire de quelques candidats du Parti Socialiste qui se sont maintenus contre la coalition de gauche NUPES.
Or, les Républicains continuent leur chute, passant désormais à 61 députés contre 112 en 2017 (194 en 2012 et 313 en 2007). La droite a subi un nouveau recul tant sa politique et celle de Macron sont les mêmes, et LR ne sauve des sièges que dans les quartiers et localités, souvent très riches, où ils conservent des positions locales.

Alors comment faire, LR veut faire passer la retraite à 67 ans (logique, les bourgeois ne travaillent pas dans les usines) alors que Macron veut la faire passer à 65. Chercher un accord avec LR, qui sera donc nécessairement encore plus agressif contre les travailleurs, risque donc d’augmenter le mécontentement et l’opposition aux mesures de Macron.
Quant au RN, son score a de quoi surprendre car même s’il avait plus de 200 qualifiés au second tour, beaucoup de ses duels contre les candidats La Rem et même contre la gauche sont habituellement perdus. Mais là encore, la puissante colère et hostilité à Macron a été la plus forte. Peu ont eu envie de voter pour un candidat macroniste contre un candidat du RN, et de l’autre côté, en cas de duel entre un candidat de la gauche NUPES et le RN, plus de 30 % des électeurs de la droite ont voté pour le RN, 60 % s’abstenant d’après Ipsos.
Dans de nombreuses régions, souvent très appauvries pas des années de politiques de casse des services publics et de l’industrie, le RN a mieux réussi que d’habitude à mobiliser son électorat comme dans le Pas-de-Calais, le Grand Est, les Pyrénées Orientales, ou le Sud-Est. C’est aussi parce qu’il a utilisé un slogan simple, se présentant comme « la seule opposition à Macron », bien qu’évidemment le RN ne le soit pas.

En effet, dès le lendemain des élections, Le Pen a rappelé que les députés RN seraient une « opposition constructive » à la politique de Macron. On est bien loin de la « défense du peuple » et encore moins de la défense des droits des travailleurs ou des services publics. D’ailleurs, le RN est toujours contre la hausse des salaires, contre la retraite à 60 ans, ou encore contre la restauration de l’impôt sur les grandes fortunes (il faut dire aussi que la famille Le Pen est multimillionnaire).
Donc comment le RN va-t-il effectuer son « opposition constructive » ? Ses 89 députés sont loin d’être un groupe homogène, le RN ayant très peu de cadres politiques, et étant un parti qui drague l’électorat populaire tout en étant dirigé par des politiciens assez fortunés et ne cherchant en fait qu’à faire carrière.
De fait, sur bien des dossiers, le RN est autant un défenseur des capitalistes que Macron, mais de là à se démasquer l’un l’autre en votant les mêmes lois, c’est beaucoup moins sûr.

Le bon score de la NUPES

Avec 6,5 millions de voix (contre 3,5 millions au RN) la NUPES réalise un très bon score, même si le nombre d’élu-e-s est moins qu’espéré. Il s’en est fallu de très peu dans plusieurs dizaines de circonscriptions (78 voix ont manqué sur plus de 31000 dans la 1ère de Seine Maritime, Rouen, ou encore 200 sur la 1ère du Calvados, Caen, et ainsi de suite, avec le record de 4 voix manquantes sur plus de 38 000 votes dans la 8ème de Seine et Marne…).
Mais avec 145 députés (le gouvernement refuse de compter dans l’accord NUPES les candidats élus de territoires comme la Polynésie, la Réunion, ou les Antilles Guyane alors que les formations locales, à l’exemple de Tavini en Polynésie, se sont inscrites dans l’accord NUPES), la NUPES est donc la plus grosse coalition d’opposition à Macron. Et au sein de la NUPES, ce sont 74 député-e-s qui siégeront dans le groupe la France Insoumise qui n’en comptait que 17 en 2017.
Cela montre donc une véritable possibilité car ce sont évidemment les députés LFI qui peuvent jouer un véritable rôle de rassemblement des travailleurs, des jeunes, autour d’un programme de lutte contre macron et le capitalisme.
La NUPES est non seulement très hétérogène, mais certains en son sein n’ont en fait même pas fait campagne autour des points centraux de l’accord.

Les candidats du PCF au sein de la NUPES ont souvent fait fortement campagne en parlant de la hausse des salaires, de la retraite à 60 ans, de la défense des services publics etc. Ils ont ainsi mis en avant, à juste titre, les points de l’accord de la NUPES qui s’adressaient le plus aux travailleurs, aux jeunes, et à la majorité de la population. Beaucoup des député-e-s PCF sont ainsi réélus avec une très forte progression en voix par rapport à 2017. Mais finalement, le PCF ne gagne qu’un nouveau siège, dans le Pas-de-Calais face au RN. Dans certains endroits, les candidats n’ont pas voulu mettre en avant leur participation à la NUPES et à l’alliance avec la France insoumise et Mélenchon, la ligne de repli sectaire opérée par Fabien Roussel, ex-candidat PCF à la présidentielle (où il avait fait 800 000 voix alors qu’il en a manqué 400 000 pour que Mélenchon passe au second tour) laisse de mauvaises traces. D’autant que le dirigeant du PCF a encore montré sons inconstance politique en déclarant à sa sortie d’entrevue avec Macron le 21 juin, que le PCF « avait déjà participé à un gouvernement d’union nationale avec De Gaulle, ce n’est pas ce qui nous choque ».

Sauf que sans entrer dans les détails, c’est bien ce qui est choquant. C’est de faire ainsi un cadeau à Macron en présentant un gouvernement d’union nationale comme une possibilité. Le mouvement ouvrier, les travailleurs, n’ont aucun intérêt à participer à un gouvernement avec la bourgeoisie et ses partis, et en 1945, cela s’était fait alors que la bourgeoisie française commençait ses guerres coloniales et écrasait les travailleurs pour restaurer sa domination capitaliste.
Les militant-e-s du PCF qui défendent sincèrement les travailleurs, l’unité de toutes les forces anticapitalistes dans les luttes, ne peuvent laisser Roussel les utiliser à de tels moment alors qu’il faut au contraire construire une opposition de lutte et de masse à Macron. Même si le PCF n’a que 12 députés (son groupe sera formé avec les députés de Tavini et les députés de gauche de l’île de la Réunion), il devra jouer un rôle pour amplifier les batailles à venir dans les prochaines semaines pour la hausse des salaires.
Europe-écologie-les Verts a le plus bénéficié de l’accord NUPES, passant de 0 députés à 23. Mais on ne sait pas quelle est l’homogénéité de ceux-ci, quand certains sont pour une « écologie punitive » avec la hausse des taxes frappant la population, ou encore contre le blocage des prix. Et beaucoup des dirigeants EELV considèrent que ce n’est pas le capitalisme le principal responsable du désastre écologique.
Quant au PS, l’accord avec la NUPES lui a sauvé ses députés en maintenant le nombre de 28. Mais pour le coup, les candidats PS au sein de la NUPES ont parfois tout simplement effacé la mention NUPES de leur candidature et n’ont pas fait campagne sur la base des revendications de celle-ci. Dans un premier temps, ils vont être obligés, sous la pression des électeurs et des autres partis du groupe NUPES, de soutenir une politique contestant Macron, mais pour combien de temps ?

La possibilité d’un nouveau parti de lutte contre le capitalisme

La France Insoumise peut donc jouer un grand rôle dans la période qui vient. Il aurait certainement été plus clair politiquement de faire campagne dans ces élections autour de slogans de lutte contre la politique de Macron, plutôt que de parfois sortir des slogans qui restent abstraits pour la majorité des jeunes et des travailleurs tel le « élisez Mélenchon 1er ministre ».
Les député-e-s FI seront de vrais opposants à Macron, ça on n’en doute pas. Ils doivent dans les prochains jours mener bataille pour une hausse généralisée des salaires, s’il le faut en déposant une loi dans ce sens, pour ainsi mettre cela en débat public. Cela permettrait de relayer cette proposition dans la rue, auprès des milliers de militants qui ont construit la campagne avec un enthousiasme et une énergie rarement vue pour des législatives. Cela permettrait aussi aux travailleurs de s’en saisir dans les entreprises, aux syndicats de faire campagne également et d’organiser des grèves et des luttes et certaines sont déjà en cours.
Mais il faut aussi ne pas perdre de temps et ne pas refaire l’erreur de 2017 où aucune structuration et aucune forme d’organisation n’ont été proposées aux nouveaux militant-e-s. Il faut non seulement des structures pour que les collectifs créés continuent de se retrouver et d’agir. Mais il faut aussi que la France insoumise elle-même devienne une force politique militante, de masse, démocratique, avec des réunions et des structures tant localement qu’à l’échelle des départements et nationalement.

La Gauche révolutionnaire a mené campagne et participé à l’organisation de celle-ci dans de nombreux endroits. Cette première défaite de Macron est un encouragement. Mais nous pensons aussi qu’il faut un nouveau parti de masse, de lutte, démocratique, qui permette à des dizaines de milliers de jeunes et de travailleurs de s’organiser, de continuer à formuler le programme qui défende nos intérêts. Un tel parti de lutte contre le capitalisme va devenir indispensable à mesure que la lutte contre les politiques au service des ultra-riches va se renforcer, en France, mais également partout en Europe et dans le monde à mesure que la crise économique s’amplifiera.
Ce sera un moyen de discuter ensemble de la véritable alternative à ce système, et de comment parvenir au socialisme, au moyen d’une économie publique, planifiée démocratiquement par les travailleurs et la population, permettant ainsi de résoudre les problèmes écologiques, et d’en finir avec les guerres, la misère, le racisme, le sexisme…
C’est de tout cela que nous te proposons de discuter avec nous, tout en nous organisant dès maintenant pour préparer les luttes contre Macron et le capitalisme.