Coups d’état en Afrique de l’Ouest : qu’est-ce que ça peut changer ?

Depuis 2020, le Mali, Le Burkina, le Niger puis le Gabon ont connu des coups d’État militaires. A chaque fois, la population a célébré ce changement qui signifiait le départ d’un dictateur, qui comme récemment au Gabon, a mis fin au règne familial des Bongo depuis presque 60 ans. Enfin, ils sont dégagés.
Ces coups d’État ont été facilités par une situation économique et sociale désastreuse, des pouvoirs vieillissants, archi corrompus et affaiblis. Pour de nombreux gabonais par exemple, il n’y a pas de différence entre un coup d’État militaire et les élections truquées qui ont placé invariablement la même famille au pouvoir pendant des décennies. Au Niger, les manifestants scandaient des revendications pour le départ des troupes françaises du pays.

Article paru dans l’Égalité n° 218

Une situation très instable

En Afrique, les reproches sont nombreux contre les dirigeants capitalistes locaux corrompus et leur inefficacité. En Afrique de l’Ouest, s’y ajoute la vague croissante d’insurrections djihadistes. Avec les précédents dictateurs, il y avait des accords pour que la présence française aide au maintien du pouvoir en place, en échange de la possibilité d’échanges commerciaux faciles. Total, Areva, Danone y sont très présents. On comprend mieux l’engouement d’une partie de la population du Niger ou du Gabon pour ces putschs militaires qui sont aussi très soutenus par la diaspora qui vit en France actuellement. Tout ceci produit une puissante ambiance anticoloniale que les aventuristes militaires locaux exploitent pour leurs propres objectifs.

La Russie de Poutine : un allié des populations en révolte ?

À la remorque des putschistes se trouve la Russie de Poutine, qui agissait auparavant par l’intermédiaire des mercenaires de Wagner. Elle tente de tirer parti de la situation pour s’implanter dans la région et finance ces militaires opportunistes. La présence russe n’est pas nouvelle au Sahel. À partir des années 1950, l’URSS a noué des liens étroits avec plusieurs pays africains et les a soutenus dans leur lutte pour l’indépendance. Mais la situation a changé ! La base sociale et économique de l’URSS était différente du régime capitaliste actuel russe. Poutine ne soutient pas et ne soutiendra jamais une véritable révolte anti-impérialiste et anti-capitaliste en Afrique, car son intérêt pour l’Afrique est aussi impérialiste que celui de la France.

La France et la CEDEAO veulent faire tomber les militaires au Niger tandis que la Russie les soutient. C’est la dangereuse recette pour une guerre régionale et l’exploitation de cette situation par le soi disant État Islamique au Grand Sahara et d’autres organisations terroristes. Ce qui peut créer davantage de ravages au Sahel.

Les travailleurs, les jeunes et les masses pauvres doivent s’organiser

Les militaires s’avèrent ne pas être très différents des civils capitalistes qui ruinent le pays. Il faut s’organiser en toute indépendance des impérialistes et des armées. Au Gabon, ou au Niger, à l’heure actuelle, il n’existe pas de conscience ou de mouvement socialiste de masse. Ainsi, le Mouvement socialiste démocratique (DSM, section sœur de la Gauche Révolutionnaire au Nigeria) appelle les travailleurs et travailleuses et les syndicats à s’unir pour rejeter toute intervention étrangère et guerre, à défendre les droits démocratiques et à refuser ces coups d’État qui ne délivrent pas le pouvoir pour le donner à la population. La recherche de changement et d’une meilleure qualité de vie, qui a motivé le soutien aux coups d’État militaires dans un premier temps, propulsera très certainement la masse des travailleurs et des jeunes au Gabon ou au Niger sur le chemin de la recherche d’une meilleure alternative politique et économique. Cela pourrait permettre que les idées du socialisme et de la lutte de masse se propagent.

  • Ni intervention étrangère de la CEDEAO, ni guerre ! Retrait des troupes et groupes militaires français, US, russes…
  • Stop au néocolonialisme, fin du franc CFA et annulation sans contrepartie des dettes des états africains
  • Pour le droit à l’autodétermination des peuples et la défense des libertés fondamentales
  • Pour la satifaction des besoins sociaux et des services publics, gratuits et de qualité, les richesses doivent être récupérées : expropriation des fortunes des dictateurs et des multinationales étrangères et nationalisation des principaux secteurs de l’économie sous le contrôle démocratique des travailleurs et des populations de chaque pays