L’épidémie de « Covid-19 », désormais qualifiée de pandémie qui a commencé au début du mois de décembre 2019 dans la ville de Wuhan, en Chine centrale, avant de se propager à travers le monde plonge les gouvernements, les marchés financiers et tout le capitalisme dans une immense panique.
Aujourd’hui on recense 167 000 personnes contaminées à travers le monde entier et plus de 6500 personnes sont mortes. En France on compte plus de 6600 cas avérés, dont 300 cas graves en réanimation, et 148 décès au matin du 17 mars. Selon de nombreuses sources médicales et scientifiques, ces chiffres sont largement sous-évalués, puisqu’il n’y a pas assez de tests réalisés à grande échelle. Ce qui importe c’est le rythme de propagation très rapide de la maladie. L’absence de dépistage empêche d’anticiper, et oblige à recourir à des modèles mathématiques qui sont obligés de prendre en compte les pires scénarios comme l’infection de la moitié de la population en France.
Ce qui est inquiétant ce n’est pas tant le virus, mais le chaos qu’il crée. Ce virus n’est certes pas une simple grippe, mais c’est un virus relativement peu mortel. Lors de l’épidémie de SRAS en 2003, 10 % des personnes qui étaient infectées décédaient. Avec ce nouveau coronavirus, l’estimation clinique est de 1% à 2%. S’il faut aborder toute épidémie avec sérieux, il devrait être possible de l’aborder aussi avec sérénité et sans générer une panique et un chaos comme certains médias l’ont d’abord fait (qui risquent en plus d’aggraver la situation). L’incapacité des États à gérer de façon sereine et efficace une telle épidémie n’est pas sans rappeler les situations de canicule ou de catastrophes naturelles. Cependant, contrairement à un typhon ou à un tsunami, l’épidémie de covid19 était prévisible. Suite à l’épidémie de SRAS, la communauté scientifique avait alerté sur la nécessité de mieux connaître ces virus pour anticiper sur les épidémies à venir. Pourtant, la plupart des projets de recherche fondamentale publique sur ces questions ont perdu leurs financements… car ils n’étaient pas immédiatement rentables.
Ce n’est pas qu’une crise sanitaire, c’est une crise d’un système politique et économique, où l’on voit que l’organisation capitaliste de la société rend impossible toute anticipation et toute réponse cohérente.
Pourquoi mal géré ?
Depuis plus d’un an, les personnels des hôpitaux sont en lutte pour réclamer plus de moyens, des embauches, l’arrêt des suppressions de services etc. Les services d’urgence aussi, disant même que le système de santé était dans un tel état qu’il ne pourrait pas faire face à une catastrophe, les urgences étant déjà souvent saturées. Les hôpitaux français ont perdu près de 18 000 lits en 6 ans, soit 5,3 %. Lorsque le pic sera atteint, il n’y aura pas assez de lits (c’est le cas en Italie actuellement et il n’y a que 5 000 lits de réanimation en France) et même si le confinement de la population est désormais la seule méthode pour ralentir le virus, il n’est qu’une réponse insuffisante.
On se trouve devant toute l’aberration du capitalisme : les moyens de production sont extraordinairement développés, mais comme seul le profit compte, on se retrouve en manque de masques, de médicaments, et bien sûr de personnels hospitaliers.
Crise des services publics et ses conséquences
La politique de Macron a aggravé celle des gouvernements précédents. Les premières préconisations ont surtout reflété le déficit de ressources humaines et techniques dans les villes. En l’absence de médicament, la principale mesure de bon sens est de limiter les contacts et de prendre des mesures d’hygiène drastique à grande échelle. Avec cette crise, des nettoyages ont commencé dans les quartiers, bus, lignes de métro, gares, stades… mais les moyens des collectivités locales ont tellement été diminués que rapidement cela s’est révélé impossible à tenir sur le long terme. Et ils ont refusé de prendre dès le départ des mesures sanitaires qui remettraient en cause la casse des services publics.
Le retard était aussi dû à la crainte des capitalistes, qui comptent tant pour Macron, de l’impact négatif sur la croissance et donc sur les profits si on arrêtait l’économie. Et comme toujours, à force de reculer les décisions, ils ont créé une crise plus grave encore. Le CAC 40 a perdu plus de 30 % en quelques semaines. Nous sommes peut-être déjà au bord d’une crise boursière et économique majeure, et les capitalistes n’ont plus aucun moyen de la corriger, les banques centrales ayant déjà des taux d’intérêts très bas, voire négatifs pour la Banque centrale européenne.
Dans son discours du 16 mars, Macron a de nouveau assuré « la solidarité nationale » et que personne ne serait abandonné… Tout en ajoutant que « l’État paiera ». Autrement dit, ce seront encore les travailleurs qui le feront via leurs impôts et cotisations, car évidemment, aucune multinationale ne sera obligée de payer alors que chaque année elles massent des dizaines de milliards d’euros de profits (encore 80 milliards d’euros en 2019). Au contraire, Macron a annoncé lundi qu’elles bénéficieraient encore de baisses de cotisations sociales !
Nous n’avons aucune confiance dans la politique que Macron entend mener autour de cette crise. Ils annoncent suspendre les « réformes » (retraites, assurance chômage…) mais pas les retirer. Ils mettent en place les cours à distance dans l’Éducation et l’enseignement supérieur. Il est fort probable que ce sera pour continuer ce genre de dispositif qui permet de supprimer de nombreux emplois d’enseignants.
La crise du capitalisme
D’ores et déjà, des centaines d’entreprises en quasi faillite face à la crise ont demandé aux États de débloquer des fonds pour les soutenir sur cette « période difficile ». C’est aux capitalistes, aux actionnaires et aux banquiers de payer pour leur crise économique et sanitaire !
Les premiers à avoir alerté du danger, c’étaient les travailleurs et leurs syndicats, en exerçant leur droit de retrait malgré les pressions patronales. Aucun travailleur ne doit se sentir en danger. Nous n’avons pas confiance en les discours de Macron. Alors qu’en 2003, la canicule avait fait près de 15 000 morts parmi les personnes âgées quand le gouvernement était parti en vacances d’été, sa première mesure à la suite avait été de supprimer un jour férié pour soi-disant contribuer à la solidarité nationale.
Cette crise pose des questions fondamentales. Qui doit gérer la société ? Il n’y a que les travailleurs, les syndicats… qui ont pris cette question au sérieux.
Les syndicats doivent continuer de prendre en charge cette question, en informant les travailleurs de leurs droits, comme beaucoup le font déjà, et en leur permettant de s’organiser collectivement face au patronat et aux injonctions contradictoires. Il ne faut pas laisser la gestion de cette crise au patronat et aux politiciens, qui à terme ne défendent que les intérêts de la classe capitaliste.
Tous les travailleurs doivent pouvoir prendre soin de leur santé et de celle de leurs proches et ne pas être pénalisés par cette épidémie. Mais passé le confinement, il faudra s’organiser et se préparer à se mobiliser pour refuser de payer pour une politique qui a détruit les services publics et transforme la Santé en un marché juteux pour les multinationales.
Il y a besoin d’une force politique, un nouveau parti de lutte et de masse, contre les gouvernements comme celui de Macron et pour défendre une politique au service des travailleurs et de la majorité de la population. Seule une société débarrassée de la dictature du profit, une société où l’économie sera en propriété publique, gérée démocratiquement par les travailleurs et la population, permettra d’attribuer les ressources en fonction des besoins et non des profits d’une poignée. La crise du coronavirus révèle très nettement l’impérieuse nécessité de lutter pour le socialisme !
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Prise en charge systématique des salarié·es contaminé·es en accident de travail, dépistage systématique. Indemnisation à 100% en cas de chômage partiel
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Aucun travailleur, ni artisan ou petit commerçant ne doit perdre son travail ou son revenu à cause de cette crise. Toute petite ou moyenne entreprise en difficulté doit être aidée en prenant dans les profits des grandes entreprises. Ouverture des livres de compte pour que les travailleurs et leurs syndicats puissent contrôler où est et où va l’argent
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Les factures (eau, téléphone, énergie, etc.) et loyers doivent être suspendus pour toutes et tous et pas seulement les entreprises
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Nationalisation, sous le contrôle des travailleurs et de la population, de tout le secteur de la Santé, pour un monopole public sur la Santé. Nationalisation des entreprises pharmaceutiques, mise à disposition gratuite de médicaments et objets de protection
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Plan d’embauches dans les hôpitaux, aide aux maisons médicales publiques et autres structures de santé et d’aide à la personne
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Recherche 100 % publique, investissement dans la recherche fondamentale, suppression des brevets et mise en disponibilité publique de toutes les découvertes médicales
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Non aux attaques de Macron, suspendues ou à venir : retrait complet de la casse des retraites, de celle de l’assurance chômage…
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Pour un gouvernement des travailleurs ! Contre le capitalisme, pour le socialisme !