Construire les luttes contre le patronat et le gouvernement

Après Sarkozy sur tous les fronts, (y compris sur les Champs Elysées le 31!), c’est Raffarin qui, envoyé vite fait par Chirac sur les plages de l’Atlantique, pique devant les caméras une vraie-fausse colère en frappant du pied dans des boulettes de fioul !

Article paru dans l’Egalité n°99

Présentant les voeux du gouvernement au président, il déclare : « 2003 sera une année active et équitable, une année empreinte d’humanisme en action ». Tout ce cinéma démagogique cache une réalité toute autre : l’année 2003 s’annonce rude pour le gouvernement. Pendant qu’ils se pavanent, les licenciements et les fermetures d’usines continuent. En réponse, des salariés occupent leurs entreprises : mais les luttes restent isolées. A ACT( usine de cartes électroniques) à Angers, en liquidation judiciaire depuis le 20 décembre. A Daewo Orion en Meurthe et Moselle qui fabrique des tubes cathodiques. Les salariés craignent aussi une liquidation de leur entreprise. Cela s’est produit déjà dans deux usines du groupe. Ils ont confisqué des produits chimiques, et désespérés, menacent de les déverser dans un affluent de la Meuse si un accord préventif n’est pas trouvé. A Air-Lib aussi, on craint un dépôt de bilan.

Les chômeurs ont vu leur situation s’aggraver avec les accords sur l’UNEDIC passés « pendant les fêtes » : 15 milliards d’euros d’économies portées à 60% par les salariés et les chômeurs : hausse de cotisations pour les salariés, les employeurs et les chômeurs, mais surtout des indemnisations plus difficiles pour certaines catégories : titulaires d’un CDD il faudra 6 mois de cotisations sur 22 mois au lieu de 4 mois sur 18 mois (250 000 personnes devraient être rayées des ASSEDIC) les plus de 50 ans indemnisés moins longtemps.

Chirac a promis un tel train de réformes : retraites, décentralisation, nécessaire renouveau de l’école (sic!) sécurité sociale que son gouvernement n’a pas le droit à l’erreur. Ces réformes présentées comme nécessaires mais « équitables », sont en fait des attaques en règle du patronat et du gouvernement.

Retraites.

Ce qui est « équitable » pour Raffarin et ses ministres c’est allonger la durée des cotisations! C’est EDF qui ouvre le bal. Le 9 janvier les salariés sont consultés sur l’accord signé le 20 décembre par 3 syndicats CGC,CFDT et CFTC. Une grande partie de la direction de la CGT et notamment le secrétaire de la fédération mines et énergie, Cohen, voulait le faire mais n’a pas pu car ses syndiqués s’y sont opposés massivement. Que dit cet accord? Création d’une caisse autonome (réclamée par la direction), cotisations plus élevées pour les salariés, retraites pouvant être négociées lors des prochaines rencontres avec le ministre Fillon (Passage aux 40 annuités au lieu des 37,5. ) tout ceci étant un préalable à l’ouverture du capital décidée par Chirac et Jospin. Les salariés d’EDF doivent refuser cet accord pour défendre leur retraite et s’opposer à la privatisation. Si le refus est massif ,cela permettra à tous les salariés un autre rapport de force face au gouvernement.

Décentralisation

La lutte des pions et des aides éducateurs dans l’éducation contre les licenciements et les suppressions de postes est une lutte primordiale en ce tout début d’année. Le gouvernement veut la décentralisation car cet outil lui permet de poursuivre et de mener à bien le démantèlement des services publics, la remise en cause de la fonction publique d’état, et accélérer les privatisations. Dans l’Education Nationale, les premiers servis sont les MI-SE dont 5600 postes sont supprimés et 20000 aides éducateurs à la porte. En même temps, la nouvelle carte scolaire ferme des classes et la lutte sera dure pour sauver des postes. Des grèves sont prévues en Janvier, il faut que les directions syndicales appellent tous les personnels éducatifs et administratifs à se mobiliser, et en tout premier lieu pour dire non aux 2000 licenciements et aux 5600 suppressions de postes.

Le gouvernement Raffarin est déterminé à mener une politique de régression sociale. Les lois sécuritaires seront bientôt en place et il s’attaque maintenant aux gros dossiers. Dans les semaines qui viennent il peut y avoir une manifestation nationale sur la question des retraites. Il y a un accord de principe de toutes les directions syndicales. Cela peut être un point d’appuis pour rapprocher dans la lutte les secteurs publics et privés.

Ce premier trimestre est important pour construire un rapport de force capable de stopper la politique de Raffarin. Il faut construire chaque lutte et les unifier, imposer un coût d’arrêt à la politique du gouvernement et défendre nos acquis menacés.

Par Marie José Douet