Valls et compagnie veulent continuer à renforcer la ligne libérale qui domine de fait au PS depuis plus de 30 ans. Même du mot socialisme, ils n’en veulent plus. C’est ainsi qu’ils abordent le Congrès du PS en mai. L’essentiel des motions présentées, y compris celle de la «gauche» qui réfute cet abandon de la référence au socialisme, ne divergent pourtant que très peu.
Le congrès: une formalité pour le gouvernement
La direction du PS, relais du gouvernement, a mené une bataille préalable au sein du parti pour conserver leur majorité à l’aise au Congrès, satisfaire les têtes du parti et éviter un débat parmi ce qu’il leur reste de membres. Ainsi, ils ont intégré dans leur texte d’orientation un tas d’amendements histoire de contenter tout le monde. S’ils ne changent rien à la ligne économique du gouvernement, ils ont toutefois suffi à Hidalgo et Aubry (censée s’être opposée au travail du dimanche de la loi Macron) pour rallier la motion de la direction et donc le gouvernement. Dans l’essentiel, tout comme à l’Assemblée nationale, ils ont préparé leur passage en force.
Les gentils Don Quichotte des frondeurs et des Verts
Alors, il y a ceux qui ne sont pas contents. Qui estiment que le passage en force de la loi Macron avec le 49-3 c’était pas bien, mais sont incapables de mettre en danger ce gouvernement en votant la motion de censure. Christian Paul, le très médiatisé «chef des frondeurs» (et proche de… Aubry), a déclaré ne pas avoir «vocation à être une opposition au gouvernement. [Il est] dans la majorité». À bon entendeur. Et si on regarde le texte des frondeurs, il n’y a rien de très différent de l’aile Hollande-Valls- Macron. Des changements de forme sur la ligne économique comme «Réguler très fortement le capital financier». De bonnes intentions avec leur majorité quand 2014 a été l’année où les actionnaires s’en sont mis le plus dans les poches. Recourir aux «nationalisations temporaires »: drôle, les «frondeurs» sont ainsi pour «nationaliser» le temps que les entreprises aillent mieux, puis reprivatiser ensuite pour permettre au privé de refaire du profit : en gros nous faire payer les pertes pour garantir les profits des actionnaires.. Et de manière significative, ils considèrent que «les politiques de réduction du temps de travail sont derrière nous». Mais faire baisser le temps de travail, sans perte de salaire, serait précisément le moyen de combattre le chômage.
Du côté d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) les tensions s’accroissent. Faut-il participer au gouvernement ou être tout de même un appui à une politique plus «verte» du PS mais en dehors du gouvernement? Emmanuelle Cosse, qui essaie de composer avec les pro et les anti-Valls, a envoyé mi-avril un texte pour appeler leurs élus et membres à «récuser les tentatives de déstabilisation de [leur] parti»… et rappeler que l’exécutif du parti peut «suspendre en urgence des adhérent-e-s». Ambiance ! Si Cécile Duflot participe aux «Chantiers de l’espoir» avec le FdG, l’aile droite du parti bave déjà devant les postes qui leur seraient éventuellement offerts en cas de remaniement. Placé, chef des sénateurs Verts, a déjà déclaré EELV «en état de mort clinique» après avoir répété sa volonté de rentrer au gouvernement à la moindre occasion. Cambadélis a ainsi déjà déclaré à l’Assemblée qu’il était pour un «dépassement» du PS via «l’union de la gauche et des écologistes».
Une «erreur tragique d’orientation»…ou un gouvernement à combattre ?
Même s’il est indubitable qu’une aile du PS trouve un peu trop «durs» les choix politiques du gouvernement (ou trop mous, comme le courant dit des «réformateurs»), il serait pourtant naïf de croire d’une part qu’il existe un tant soi peu de démocratie au PS, et d’autre part que le gouvernement actuel puisse faire autre chose qu’une politique pro-capitaliste. C’est-à-dire promouvoir les intérêts économiques des capitalistes français quand et où cela les avantage (y compris de multinationales aussi écolo que Total). Soit en ce moment, faire le VRP de Rafale pour Dassault en Inde ou attaquer les 35 heures. C’est d’autant plus vrai dans une situation économique tendue, où les patrons sont sur les dents en France et à l’international pour être les plus «compétitifs» possible. Ce qui implique pour eux une politique résolument contre nos intérêts en tant que travailleurs et jeunes, nous qui serions autant de «freins à la croissance», qui sommes 3,5 millions à être au chômage alors que Bettencourt à elle toute seule pourrait payer deux fois le déficit de la Sécu, il lui resterait toujours 6,8 milliards d’euros. L’heure est à s’organiser, et à mettre un coup d’arrêt à toute cette politique !
Par Cécile