Clap de fin pour la NUPES : De quelle unité avons-nous besoin ?

La NUPES a été une alliance électorale, un assemblage de revendications minimales. De nombreux désaccords programmatiques de fond sur l’Europe ou le refus de renationaliser existaient.

À une échelle large, cela a répondu au besoin d’unité et à l’envie de mettre une claque à Macron, en l’empêchant d’avoir une majorité. Mais le « programme », très limité, ne remettait pas du tout en cause le système capitaliste. Il n’a pas permis de faire reculer le vote RN ou l’abstention chez les travailleurs, ni encourager à s’organiser pour gagner contre Macron.

Convention faisant suite aux accords entre LFI, le PS, EELV et le PCF : la Nouvelle Union Populaire Ecologique et sociale.

Une alliance électorale fragile

Le bon score de Mélenchon à la présidentielle a contraint le PS, le PCF et EELV à faire la NUPES pour avoir des députés. Mais leurs dirigeants n’ont pas digéré de devoir suivre LFI. À la base, l’union promise ne s’est pas faite non plus. Aux législatives, dans bien des endroits, l’activité NUPES, c’était avant tout le fait de LFI. Dans le mouvement contre la casse des retraites, la NUPES ne s’est pas posée en alternative alors que le gouvernement était remis en cause. Il n’y a guère qu’à l’Assemblée qu’il y a eu un travail commun.

Dès que « la vieille gauche » en a eu l’occasion, elle a éjecté LFI – aux sénatoriales, en l’excluant de leur accord. Aux européennes, logiquement, chacun partira seul, pour jauger ses voix, mais aussi en raison des désaccords profonds sur l’UE. Roussel, pour le PCF, mais aussi le PS et EELV ont participé aux campagnes contre Mélenchon et LFI, que ce soit sur les violences policières, mobilisations environnementales et maintenant des calomnies sur une prétendue « ambiguïté » sur le Hamas… La méthode est ignoble et c’est le prétexte rêvé pour se séparer.

Que faire de l’échec de la NUPES ?

L’échec de la NUPES est perçu comme une défaite par un certain nombre de jeunes et de travailleurs, surtout parce que cela acte le divorce des deux forces les plus militantes que sont le PCF et LFI. Il faut tirer les leçons pour clarifier notre programme et renforcer le camp des travailleurs.

La direction du PCF a voté une résolution qui acte « l’impasse » de la NUPES et propose une autre alliance de « la gauche ». Si cela voit le jour, ce sera avec le PS et EELV, et sur leurs bases politiques, alors qu’ils mènent ou accompagnent des politiques contre les travailleurs, que ce soit sous Hollande ou depuis plus de 30 ans dans les villes et départements : non merci !

Des dissensions existent : un nouveau mouvement, Alternative communiste, a été lancé par le maire de Gennevilliers, des députés communistes refusent pour l’instant de quitter la NUPES et les militants ne sont pas tous d’accord. Le PS a stoppé sa participation à la NUPES à l’Assemblée et des écologistes l’ont quittée. Tous sont néanmoins très embêtés de voir Mélenchon et LFI toujours en tête de la gauche dans les sondages.

La nécessité d’un nouveau parti de masse des travailleur-ses pour le socialisme

Le succès de LFI a reposé sur une politique de rupture avec le PS et ses alliés de gouvernement. Dans ce sens, le programme de la NUPES a été un recul dans la clarification politique à gauche.

Ni le Front de Gauche, qui a été un cartel d’organisations piloté par le haut, ni le NPA qui s’est isolé et a périclité, ni la FI, n’ont voulu que de larges couches de travailleurs s’organisent et soient maîtres de leur organisation, discutent et votent le programme.

Ce dont nous avons besoin, c’est de nous organiser et renforcer notre classe pour combattre la politique de Macron. L’unité doit se faire à la base, dans un parti large et ouvert, démocratique, qui regroupe les différentes sensibilités, agit et construit ensemble. Pour cela, il faut un programme qui défend les intérêts de la classe des travailleurs comme socle. Un programme qui ne se contente pas d’un langage anticapitaliste vague, mais qui fixe comme objectif la société socialiste : où les travailleur-ses sont aux manettes, par la nationalisation des principaux secteurs de l’économie, dans le but de satisfaire les besoins de tous.

Article paru dans l’Égalité n°219, par Matthias Louis