Chapelle Darblay : hypocrisie autour d’un assassinat en silence

En juillet 2020, le groupe papetier UPM (10 milliards d’euros de chiffre d’affaire) annonçait la fin des activités à la papeterie Chapelle Darblay de Grand-Couronne près de Rouen. 218 employés travaillant encore sur le site se retrouvent au chômage. L’usine est bénéficiaire, elle recycle 30 % du papier de France, elle est autosuffisante énergétiquement (sa chaudière pourrait alimenter une ville de 20 000 habitants) et elle a sa propre station d’épuration (conçue pour l’équivalent de 400 000 personnes).
Une usine propre, moderne, utile et écologique. Mais désormais, des centaines de camions vont devoir emmener le papier être recyclé à des centaines de kilomètres de là, dans les Vosges, en Allemagne… Le groupe UPM ne veut plus faire de papier recyclé : rentable, mais pas assez.
Bien évidemment, UPM dit que si un repreneur se présente, il est prêt à céder l’usine. Un scénario qu’on connaît bien à Rouen. La raffinerie Petroplus, voisine de la Pap’Chap, qui a fermé en 2013 pouvait elle aussi faire l’objet d’une reprise, mais elle n’a jamais eu lieu, chaque repreneur se retirant au bout de quelques temps. Les multinationales savent très bien s’assurer qu’aucun concurrent n’apparaîtra.
Les collectivités locales (Région, Communauté d’Agglo de Rouen…) passent leur temps à dire leur « préoccupation » mais ne font rien. On a beau être pour le « monde d’après », évidemment « écologique », il ne faudrait quand même pas gêner les multinationales.
Pourtant la solution est assez simple. Les ouvriers de la Pap’Chap savent très bien faire tourner l’usine tous seuls, et celle-ci s’intégrerait sans problème à un vaste service public du recyclage – indispensable aujourd’hui si on veut gérer correctement les déchets, notamment dans les grandes agglomérations.
Le syndicat CGT qui mène depuis longtemps la lutte contre la fermeture devrait exiger que l’usine soit mise en propriété publique, sans plus attendre, pour sauver cette industrie qui est si utile écologiquement et socialement.
Sur l’emploi ou sur l’écologie, on n’obtiendra rien si on ne s’attaque pas à la propriété capitaliste.