Brésil : Un nouveau parti contre le capitalisme

Lorsqu’il a été élu président en 2001, le dirigeant ouvrier historique Lula symbolisait l’espoir des millions de pauvres, de travailleurs, de paysans… que compte le Brésil. Si une telle victoire représentait un succès populaire, battant en brèche l’idée de la bourgeoisie qu’un ouvrier ne saurait diriger l’Etat, il aurait été bien dangereux de croire que cette élection allait permettre à elle seule une politique de rupture avec le capitalisme.

Du mensuel Le Monde Diplomatique à la LCR (qui ne s’opposa pas à la participation d’un membre de sa section brésilienne au gouvernement Lula), l’attitude était un soutien plus ou moins appuyé à Lula. Aujourd’hui le bilan de celui-ci est clair : acceptation des plans du FMI, politique néolibérale sur les retraites, le droit du travail (avec le remplacement des conventions collectives nationales par des conventions dans chaque état ce qui permettra aux patrons de faire jouer à plein la concurrence d’un Etat à l’autre), etc.

Cette même gauche semble aujourd’hui se tourner vers Chavez (tout en gardant une certaine affection pour Lula du coté du Monde Diplomatique, il faut dire que ce dernier est un grand ami des forums sociaux mondiaux de Porto Alegre dont le MD est initiateur et qui a besoin des largesses de Lula), sans tirer les leçons de ce qui arrive autour de Lula.

Le PSOL : un espoir pour les travailleurs

Dans un système où règne la loi du profit pourquoi un gouvernement qui accepte le capitalisme échapperait-il à cet état des choses ? C’est bien la tâche de tous ceux qui se battent réellement contre le capitalisme, donc pour le socialisme, d’avoir une analyse approfondie, scientifique des évènements, des causes matérielles qui conduisent à la situation actuelle. Se tenir prêt, et préparer un maximum de travailleurs, de jeunes, avec nous, au rapide tournant à droite de Lula et de son Parti des travailleurs, et savoir qu’un nouveau parti allait être nécessaire.

C’est pour cela, que plusieurs forces ont initié dès les premières exclusions du PT de parlementaires qui votèrent contre la réforme des retraites qui allongeait la durée du travail, la  » campagne pour un nouveau parti  » qui a débouché en juin 2004 sur la création du Psol (Partido Socialismo e Liberdade).

Le gouvernement Lula continue sa politique et ce avec le soutien du PT et du Parti communiste (PCdoB). La nécessité d’une alternative politique est donc centrale. Mais un tel nouveau parti ne saurait être un simple mouvement électoral, même assez à gauche. Ce que les masses et les jeunes apprennent également avec l’expérience Lula, c’est que ce n’est pas avec les élections qu’on change la société et qu’on renverse le capitalisme même si ces dernières permettent de présenter des candidats défendant réellement les intérêts des travailleurs.

C’est pour cela que tout en menant une campagne active pour la légalisation du Psol (qui a été obtenue le 15 septembre avec 650 000 signatures), Socialismo revolucionario, la section brésilienne du CIO, défend la nécessité d’un parti réellement militant, développant une perspective authentiquement socialiste. C’est par la lutte active, massive, démocratique, que les travailleurs pourront renverser le capitalisme et construire une société où l’économie sera organisée pour la satisfaction des besoins de tous et non les profits d’une poignée. Cette perspective se construit dès maintenant, dans le type de parti que l’on construit. L’objectif, c’est de transformer la sympathie que des millions de personnes ont pour le Psol en conscience qu’il faut s’organiser et lutter. Que des carriéristes tentent d’entrer au Psol, c’est inévitable, mais si celui-ci se dote d’un véritable programme de combat pour le socialisme, s’il s’implante réellement et de manière massive dans les quartiers et les usines, alors ces opportunistes feront vite machine arrière. Et si le Psol prend cette trajectoire d’un authentique parti pour le socialisme, il montrera la voie à toute l’Amérique latine et par delà aux travailleurs du monde entier prouvant que de nouveaux partis sont possibles et nécessaires, et qu’ainsi on peut avancer vers le socialisme.

Par Alex Rouillard, article paru dans l’Egalité n°116