Bilan et perspectives pour les luttes étudiantes

Ces derniers mois auront été marqués par plusieurs mobilisations étudiantes sur les facs : en novembre (sur les réformes LMD) et en mars-avril principalement sur les suppressions de postes aux CAPES.

Article paru dans l’Egalité n°107

A Rouen, le mouvement a d’abord démarré avec les étudiants de STAPS (sciences du sport) pour lesquels 42% des postes offerts au CAPES sont supprimes. Le mouvement démarra fort avec grève totale et organisation de blocages.

C’est essentiellement sur ce point que s’appuyèrent les membres du comité de grève, lequel sera le même du début jusqu’à la fin de la grève (sur quatre semaines) sans être réellement élus, avec la même orientation pour interpeller les étudiants. Mais, 42% des postes supprimés au CAPES, ça parle surtout à un étudiant de STAPS pour qui le professorat est une orientation majeure.

Les étudiants en STAPS ont donc voté la grève avec le soutien des profs, sur la base de revendications comme  » non aux suppressions de postes « , non à la marchandisation de l’enseignement, de la culture « . Pour ce qui est de LMD/ECTS, réforme contre laquelle les étudiants s’étaient déjà battu en novembre-décembre dernier, il y a juste eu une remise en cause de l’application et pas d’opposition en vue de son abrogation.

Elargissement quand même…

Au bout de 2 semaines, le comité de grève STAPS s’essoufflait. Il a décidé de faire appel aux autres facs pour organiser des grandes AG interfac La plus grosse atteindra 600 à 800 personnes loin de ce qui était attendu. Arrivé tardivement cet élargissement ne s’est jamais réellement concrétisé en action unitaire. Le manque d’organisation et d’objectifs clairs a rapidement pesé sur la grève. Le refus de reprendre des revendications contre ECTS/LMD, de discuter et d’analyser la politique de Raffarin, d’organiser des journées de grève suffisamment préparées à l’avance, ont rapidement désorganisé la grève. Il aurait fallu également chercher à organiser nationalement la grève en prenant contact avec les autres universités.

La tentative a alors été faite d’organiser des AG par département, ce qui faisait que seuls les départements mobilisés (Musicologie, STAPS…) avait de vraies AG. C’était encore plus difficile pour organiser des actions unitaires.

Les leçons pour la suite

LMD est désormais passée. Battre une réforme de cette ampleur qui est coordonnée à l’échelle de toute l’Europe ne pouvait se faire en comptant que sur les forces des étudiants. De même, la lutte contre les suppressions de postes au CAPES. C’est ce que nous avons défendu pendant la grève.

Nous avons défendu à chaque fois de ne pas se limiter aux postes, en revendiquant l’abrogation de LMD. Nous avons mis en avant une véritable analyse de l’ensemble de la politique gouvernementale, le lien avec les attaques contre les autres secteurs publics, mais aussi les travailleurs en général. Nous avons notamment défendu la nécessité de participer à la journée européenne de manifestation du 3 avril.

Il est clair que cette grève sera suivie d’autres : l’agitation étudiante a empêché le gouvernement d’avancer son autre attaque : la Loi de Modernisation Universitaire. Celle-ci est un énorme pas de plus vers la régionalisation des universités, de l’aide sociale, avec l’entrée de fonds privés dans le financement des facs et du patronat dans l’organisation et le contenu des diplômes.

C’est à la lutte contre cette prochaine attaque qu’il faut se préparer. Il faudra construire un mouvement fort, démocratique et organisé. Toute cette politique est dictée par le capitalisme et sa loi du profit. C’est à cela qu’obéissent ces gouvernements et qu’ils appliquent partout. Nous ne gagnerons pas sans lutter aux cotés des travailleurs des autres secteurs, ni sans avoir une perspective claire du monde dans lequel nous voulons vivre : un monde débarrassé du capitalisme et de ce qu’il entraîne misère, exploitation, racisme, sexisme… etc. un monde socialiste !

Tous ceux et toutes celles qui partagent notre analyse et veulent mener une lutte réellement efficace contre les attaques du gouvernement doivent nous rejoindre !

Pour plus d’info sur ECTS/LMD et LMU, se reporter au n° précédents de L’Egalité.

Par Fatou Bah et Alex Rouillard