Avec la question des «migrants», la barbarie du capitalisme sort au grand jour

802926-des-migrants-passent-sous-la-barriere-de-barbeles-le-28-aout-2015-pres-de-roszke-a-la-frontiere-entrUne politique sécuritaire chère et inefficace

Depuis le début des années 2000, les 28 membres de l’UE ont dépensé 13 milliards d’euros pour interdire l’accès aux portes de l’Europe. L’augmentation des surveillances, la construction de murs… tous ces dispositifs ne sont d’aucune efficacité. Rien n’arrête les populations qui fuient la misère et les violences de la guerre ; pas une mer dangereuse et encore moins les barbelés ou la répression. Au début, l’attitude des capitalistes face aux naufragés était : «laissez les couler, ça dissuadera les prochains». Mais on voit bien aujourd’hui, alors que le cap des 2000 décès en méditerranée a été atteint début août, que cela est totalement faux ! Sur les six premiers mois de l’année 2015, on comptait déjà plus de 400 000 personnes arrivées pour demander l’asile en Europe. Ce chiffre est bien un record par rapport aux années précédentes mais il n’est pas si massif si on le compare aux 60 millions de déplacés forcés à l’échelle mondiale. Au Liban par exemple, depuis 2011, le nombre de réfugiés syriens a dépassé le million, soit l’équivalent d’un quart de la population du pays.

Peut-être un fond d’appréhension pour certains…

Aujourd’hui, si les médias nous matraquent avec la notion de «crise des migrants» ou «d’Europe submergée», c’est pour nous inquiéter et justifier la politique sécuritaire qui est menée. Au lieu d’accueillir ces populations dans de bonnes conditions et de leur offrir la protection, les gouvernements européens jouent la carte des budgets serrés. En août, l’UE annonçait la mise en place d’un «plan d’urgence» de 2.4 milliards d’euros sur 6 ans. Quand on sait que rien qu’en 2014, les 10 familles les plus riches de France ont vu leur patrimoine augmenté de 57 milliards d’euros, y a de quoi rager ! Les moyens sont juste là, sauf qu’ils ne sont pas dans les bonnes mains pour être partagés.

Dans un contexte de chômage croissant et de recul sociaux, on doit comprendre l’appréhension qui peut naître face à une arrivée importante de réfugiés prêts à tout accepter pour travailler et survivre. Historiquement, le capitalisme a déjà utilisé l’immigration comme moyen de pression sur les salaires et ne s’en privera pas une fois de plus pour justifier encore plus d’attaques. La peur de l’impact de l’accueil de migrants sur nos conditions de vie ne doit pas être assimilé automatiquement à du racisme. Mais à cette appréhension, on doit rappeler que ce ne sont pas les étrangers qui dégradent notre quotidien, mais bien les politiciens qui jouent des divisions pour le compte des plus riches.

…mais une grande sympathie pour ces personnes en quête d’avenir

L’annonce de dizaines de morts est devenue quasi quotidienne et face aux personnes démunies et affamées, aux enfants morts noyés, aux familles déchirées… l’indignation, la stupeur et la colère sont de moindres mots. Les réactions commencent à se traduire en mobilisations comme à Calais le 20 juin, où un demi-millier de personnes ont défilé aux côtés des réfugiés, dénonçant la politique mené par l’UE et celle du gouvernement et comme lors des manifestations les 5 et 6 septembre. Et le mouvement va continuer !

Dénonçons le capitalisme qui est à l’origine de toute cette horreur !

La crise du capitalisme a un effet dévastateur sur des millions de vies humaines et ce système n’offre plus d’avenir à de plus en plus de gens. Que les personnes fuient la guerre ou la misère, il n’y a aucune distinction à faire, elles sont victimes des travers de ce système injuste et barbare. Les frontières ne sont pas là pour nous protéger et elles n’auraient pas lieu d’être si on n’était pas sous le capitalisme. Les vagues de migrations forcées résultent de la contradiction de ce système qui est basé sur des états nations alors que sa production est mondialisée. Les politiques impérialistes pillent les pays en voie de développement et n’hésitent pas à mener des guerres pour des enjeux économiques. Ce sont les mêmes capitalistes qui licencient chez nous pour délocaliser et augmenter leur profit ou qui font pression sur le gouvernement pour dégrader nos conditions de travail afin de le rendre plus rentable. Tous ensemble, dénonçons et cherchons une sortie à ce système qui affame et pousse dans la misère des populations entières. Nous devons poursuivre et amplifier les mobilisations pour défendre les droits des migrants, comme les droits de nous tous, à vivre dans la sécurité.

Par Rachel Mahé