Algérie : femmes, jeunes, peuples amazigh… Tous prennent leur place dans le mouvement

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Sur l’affiche il est écrit : « L’honneur d’un mort c’est l’enterrement, pas le 5ème mandat »

La multitude de soulèvements, rassemblements est une révolte de la part du peuple algérien contre le 5ème mandat voulu par Bouteflika en Algérie. Grâce aux réseaux sociaux, les manifestations pacifiques ont été organisées aux quatre coins du pays, de Béjaïa à Oran, d’Alger à Tamanrasset.

La jeunesse y a été présente en grande majorité, partant des enfants accompagnés par leurs parents jusqu’aux aux étudiants universitaires brandissant ainsi les drapeaux algérien et amazigh pour symboliser l’union d’un seul peuple.

Une manifestation estudiantine massive a été organisée le 26 février dans tout le pays, et désormais, chaque mardi, il y a la grève dans toutes les universités du pays. La jeunesse s’est levée et révoltée contre ce régime corrompu qui bloque son avenir.

Entrée en masse des femmes dans la lutte

Les femmes ont constitué une part importante et parfois majoritaire lors de ces manifestations, ce qui en soit montre à quel point le mouvement est profond, en étant à la fois avec le peuple contre le 5ème mandat mais également afin de faire entendre la voix de celles qui sont souvent opprimées. D’ailleurs un slogan souvent entend : « à bas le système qui opprime la femme ». Un slogan partagé par les hommes algériens durant ce soulèvement populaire, car ils sont conscients que les droits des femmes sont bafoués par un code dans la constitution algérienne nommé « code de la famille » et qu’il ne suffit pas de se révolter contre Bouteflika mais également contre le système mis en place depuis le vol de la révolution en 1962.

Les algériens veulent une 2ème constitution qui donnerait de vrais droits à tous : enfants, adolescents, étudiants, hommes, femmes, chômeurs, travailleurs. Les algériens veulent une révolution. En effet, depuis 20 ans, c’est une dictature qui s’est installée dans le pays sous un faux masque de démocratie. Les travailleurs sont opprimés avec un salaire de 18 000 dinars soit 163,55 euros par mois, un accès au logement très restreint, souvent distribué par piston, les droits des femmes bafoués, écrasés au nom de la religion, un niveau d’éducation qu’on pourrait qualifier de bas car on n’accorde pas assez d’importance à l’instruction des nouveaux cadres du pays pour ne pas prendre la place de ceux qui y sont déjà.

Niveau liberté, elle est très restreinte depuis la mise en place du régime, comptant des journalistes, chanteurs/poètes mis en prison, torturés et assassinés du simple fait qu’ils aient critiqué le gouvernement, comme Merzouk Touati, Said Mekbel ou encore le symbole de la liberté et de la laïcité Matoub Lounes assassiné en 1998 par les militaires algériens. Des manifestants ont également été embarqués par la police car ils avaient crié « non au 5ème mandat ».

Mais le pouvoir hésite à réprimer comme à son habitude car le mouvement est massif et ne tombe pas dans le piège de la violence. Après l’acceptation du dossier de candidature de Bouteflika, plusieurs appels à la désobéissance civile ont été lancés sur les réseaux sociaux. également, la question d’une grève générale qui toucherait toute l’économie (sauf hôpitaux et pharmacies) est posée. Si la classe ouvrière entrait ainsi massivement dans la lute et bloquait l’économie, montrant l’inutilité de la clique au pouvoir, cela donnera une force irrésistible au mouvement.

La magnifique mobilisation des algériennes et des algériens avance vers un printemps révolutionnaire qui peut chasser le système corrompu au service du capitalisme et des impérialistes.

La Gauche Révolutionnaire dit :

  • Pour des comités démocratiques dans chaque entreprise, université, lycée, quartier, pour développer la lutte et les revendications : hausse des salaires, égalité entre toutes et tous, respect des droits des minorités…
  • Pour que la lutte s’étende dans les entreprises, avec les syndicats, pour organiser des grèves
  • Pour que ces comités discutent de la nouvelle société algérienne, démocratique, fraternelle, tolérante, respectant la liberté de conscience à l’opposé de ce régime corrompu, et son code de la famille
  • Pour qu’ils discutent de l’organisation de la production économique et de l’investissement, par l’arrêt des privatisations et la renationalisation des entreprises privatisées, et organise des plans de développement, de reforestation
  • Pour la séparation des institutions publiques et de la religion
  • Pour des investissements massifs dans les services publics (santé, éducation…)
  • Pour une Algérie socialiste et démocratique, libérée du capitalisme et de l’asservissement aux puissances impérialistes que cela entraîne, avec des relations internationales de solidarité avec les pays de la région et leurs populations en lutte elles aussi contre des régimes servant les capitalistes

Par Mina Boukhaoua