Briançon, petite ville de 12 000 habitants, est entrée dans le mouvement des «Nuit Debout» le 47 mars (16 avril 2016) avec 70 participants environ. Beaucoup d’interventions, de 3 mn maxi, avec des sujets allant de la création des soviets dans la Russie tsariste en guerre à la création d’une monnaie locale ou de jardins partagés. Chacune des interventions portaient le capitalisme comme responsable d’une situation sociale et sociétale qui se dégradait de plus en plus vite. Les luttes locales et leur nécessité de convergence étaient également évoquées : NO THT, luttant contre l’installation d’une ligne très haute tension traversant les montagnes à grands renforts de coupes forestières et de bétonnage pour les socles,des futurs pilonnes, NO TAV, contre la ligne TGV Lyon-Turin et la lutte des facteurs de Briançon qui se mobilisent contre la réorganisation de leur bureau et la suppression de 3 tournées dont ils devront se répartir la charge de travail.
Depuis ce 47 mars la «Nuit Debout» s’est tenue chaque soir de 18h à 22h et plus, dans le froid, parfois le vent ou la pluie et avec un nombre de participants allant decrescendo. Cela reste malgré tout encourageant. Des actions sont proposées presque chaque soir pour la lutte NO THT qui bloque tant qu’elle peut la progression des travaux. Une lettre ouverte en direction de la sous préfète a été proposée à la signature des usagers pour soutenir la lutte des facteurs ; un premier récoltement fut même apporté sur le piquet de grève des facteurs afin de les soutenir, tandis que la récolte continuait avec notamment une parade du crieur de rue sur le marché du mercredi qui incitait la population à signer massivement cette lettre ouverte des usagers de La Poste.
Faute de combattants, la «Nuit Debout» briançonnaise ne se tient plus maintenant que le mercredi soir et le dimanche soir. L’engouement du premier soir et la baisse progressive qui s’en est suivie s’explique certainement par le fait que beaucoup pensaient certainement entrer dans un mouvement déjà en place alors que tout est à construire. De plus, tout le monde est à l’écoute de ce qui se passe dans les grandes villes, espérant un débouché «politique» alors que celui-ci tarde à venir.
Si une grande méfiance des partis politiques traditionnels est évidente, il n’en est pas de même des syndicats. Ces derniers, même s’il est préférable pour les participants qu’ils ne fassent pas de prosélytisme au sein des «Nuit Debout», ont une grande responsabilité dans la suite de ce mouvement. Les participants restent à l’écoute de leurs déclarations et de leurs intentions quant à la loi El Khomri. Les dernières déclarations de Martinez au congrés confédéral de la CGT ne tomberont pas dans des oreilles de sourds. Il y a fort à parier que beaucoup et même parmi les moins assidus, feront tout leur possible pour que le 28 avril soit une réussite et qu’enfin une grève générale embrase le pays tout entier.
La GR, aussi à Briançon, reste debout ! Elle se bat pour une mobilisation la plus grande possible et construit loyalement les syndicats dans la perspective d’une grève générale qui mettra à sac l’économie capitaliste. Chaque jour elle participe à l’élaboration d’une société que naitra des décombres du capitalisme exsangue ; d’une société faite par et pour les travailleurs, les jeunes, les chômeurs ou retraités ; une société socialiste.
Restons debout !
Sylvain Bled, facteur à Briançon