15 jours de grève générale Mayotte nous montre la voie

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Barricade sur la route à l’entrée du village de Bandrele (Ornella Lamberti – AFP)

Durant 15 jours, le département de Mayotte dans l’Océan indien, a vécu une grève générale quasi-insurrectionnelle, avec blocage des routes. Les travailleurs mahorais, particulièrement ceux des services publics, se sont mobilisés afin d’obtenir «l’égalité réelle» avec la métropole. À savoir les mêmes droits sociaux, le même Code du travail, le développement des services publics…

Article paru dans l’Egalité n°177 mai-juin 2016

La situation de la grande majorité des 213.000 Mahorais est catastrophique: plus de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté, le taux de chômage est de 20% (plus de 45% pour les jeunes). Il n’y a qu’un seul hôpital, soit moins d’un lit pour 500 habitants alors qu’en métropole ce taux est de 6 et que cela est notoirement insuffisant. Il n’y a que peu d’écoles et l’illettrisme atteint un taux de 44,3% pour les jeunes de 16 à 18 ans. C’est une véritable situation coloniale avec ce que cela veut dire d’oppression de la part de l’élite «blanche» et métropolitaine, de répression de la part des représentants de l’État et de violence de la part des forces de police.

L’accord signé par les organisations syndicales avec le gouvernement le 15 avril ne répond pas aux attentes des grévistes. Ainsi le retour des représentants syndicaux sur l’île a été houleux et l’assemblée générale (AG) qui a eu lieu à leur retour a montré le décalage entre la combativité des mahorais et celle de leurs représentants.

Cependant, leur grève générale aura permis de rompre avec la peur qui règne sur l’île et de gagner qu’ils auraient le même Code du travail qu’en métropole dès 2018 au lieu de 2025, des avancées en termes de carrières et de salaires pour les fonctionnaires. Pour le reste (droit de Sécu commun, CMU, retraites, etc.), cela est soumis à des «négociations» futures. Les grévistes à l’issue de l’AG ont décidé de suspendre la grève.

Les travailleurs mahorais, tout comme les travailleurs du BTP de la Réunion, suivis par les dockers et les traminots de cette autre île, en grève reconductible pour des augmentations de salaire, nous montrent la voie. À nous de leur emboîter le pas !

Par Yann Venier