Plus de 100 militants, venus de plus de 30 pays, ont participé au 8ème congrès du Comité pour une internationale ouvrière. Du Sri Lanka au Canada, de l’Ecosse à l’Australie en passant par l’Inde, du Chili au Kazakhstan ou au Nigeria, les délégués ont pu débattre, échanger les expériences, élaborer une analyse commune de la situation internationale et des tâches qui en découlent pour ceux qui se battent pour la victoire des luttes ouvrières et la révolution socialiste.
Article paru dans l’Egalité n°99
Le premier débat, sur l’économie mondiale et la globalisation de celle-ci, a été particulièrement riche. Ce phénomène économique, qui se manifeste notamment par une plus grande intégration des économies nationales les unes aux autres, connaîtra-t-il un ralentissement, une rupture ou une complète remise en cause ? L’économie mondiale, dominée par le modèle anglo-saxon, après plusieurs secousses (crise boursière de 97 notamment, crise monétaire au Brésil et en Russie, crise boursière depuis l’été 2001) subira-t-elle le sort de l’Argentine ? Cela remettra-t-il rapidement en cause l’euro, et les politiques néo-libérales de déréglementation et de privatisations ? Autant de questions qui ont été débattues de manière approfondie, pour se préparer aux brusques changements qui peuvent survenir dans les prochaines années, et anticiper sur les politiques que peuvent mener les gouvernements et préparer les travailleurs aux luttes qu’ils devront mener.
Puis, il s’est agi de discuter de la situation internationale, et de la nature de la domination des USA, de leurs capacités réelles de direction du monde, des instabilités régionales que cela provoque, de la montée du terrorisme, et de celle de l’islam politique, c’est à dire de cette forme de l’islam qui vise à instaurer des régimes quasi-féodaux dans certains pays musulmans. Si la domination des USA semble jusqu’à présent incontestée, le développement d’une situation sociale instable aux USA, la taille des manifestations anti-guerre montre que Bush et ceux qui l’entourent sont loin de pouvoir prétendre que l’Amérique est toute unie derrière eux.
La session consacrée à l’Amérique latine, a permis de revenir sur les nombreux événements qui ont marqué l’année passée : victoire de Lula au Brésil, effondrement de l’économie argentine, et démissions successives de plusieurs gouvernements, la tentative de coup d’état organisée par les USA contre Chavez au Venezuela, et son échec dû à la mobilisation massive des habitants des quartiers populaires. Le continent tout entier est en ébullition, des mobilisations de masse ayant obtenu de réels succès comme celles qui ont empêché les privatisations de centrale électriques au Pérou.
La discussion sur l’Asie et l’Afrique ont montré la situation dramatique dans laquelle se trouvent ces régions. La domination des puissances impérialistes met de nombreux pays au bord du gouffre. 47 % des habitants de l’Afrique et 37 % des habitants de l’Asie vivent avec moins de 1 dollar par mois. Le total des exportations de l’Afrique équivaut à la moitié de celles de la Belgique. Dans de nombreuses régions les guerres civiles font rage, souvent orchestrées par les impérialistes ou par des pays ayant des tentations de domination régionale. Celle qui a déchiré le Sri Lanka pendant des années a fait plus de 70 000 morts. Le risque permanent de guerre entre l’Inde et le Pakistan, qui ont massé plus d’un millions de soldats le long de leur frontière, ou le conflit actuel en Côte d’Ivoire, sont autant de signes alarmants de la crise permanente dans laquelle ce système plonge ces pays. Dans le même temps, la montée de la classe ouvrière, le développement des luttes des travailleurs comme c’est le cas notamment au Nigeria, en Afrique du Sud ou en Iran, sont l’illustration des potentialités qui existent pour construire des partis et des mouvements de masse pour le socialisme seul moyen pour ces pays d’acquérir enfin une véritable indépendance.
La discussion sur l’Europe a été tout aussi riche, et a montré que la radicalisation de la jeunesse et de larges parties de la classe ouvrière était un phénomène généralisé. Dans le même temps, cette radicalisation se confronte aussi à une montée de l’extrême droite un peu partout sans que celle-ci soit capable de construire des partis de combat contre la classe ouvrière. L’écroulement en quelques mois de la coalition Pim Fortuyn aux Pays-Bas et la croissance continue de l’audience électorale du SP (extrême-gauche, plus de 5% aux dernières élections et près du double dans les sondages aujourd’hui) en sont l’illustration. L’autre partie de la discussion a porté sur l’élargissement de l’Union européenne et les conséquences dramatiques de la restauration du capitalisme dans l’Europe de l’est, la situation catastrophique pour les Roms (70 % de taux de chômage parmi la population Roms en République Tchèque par exemple), et aussi pour les femmes, avec notamment le fléau que représente l’industrie du sexe (pornographie et prostitution) avec la violence et la misère sociale que cela entraîne.
De nombreuses sections ont connu une croissance phénoménale depuis le 7ème congrès en 98, démonstration de la qualité et de la justesse des méthodes et de l’orientation du Comité pour une Internationale Ouvrière. Nigeria, Etats de l’ex-URSS (Ukraine, Moldavie, Kazakhstan, Russie etc.), Belgique, Allemagne, Afrique du Sud… autant de pays où les sections ont plus que doublé de taille, s’implantant dans de nombreux syndicats, participants et impulsant des luttes comme le Forum contre les privatisations en Afrique du Sud. La construction de nouvelles sections (Finlande, Nouvelle Zélande, Italie, Cachemire…), les contacts de plus en plus fructueux avec des groupes de militants en Pologne, ou au Niger, confirme bien que la page des années 90 est en train d’être tournée, et qu’une radicalisation et un retour aux idées socialistes est en train de se faire notamment dans la jeunesse étudiante et travailleuse.
Par Alex Rouillard