Bush et Cie n’ont pas encore mis à exécution leurs projets guerriers qu’ils sont déjà confrontés à un grand mouvement anti-guerre. Ce mouvement jouera un rôle important dans le positionnement de l’opinion publique. Dans une tentative de convaincre l’ONU, Bush a adopté une position moins téméraire. La France et la Russie, en partie à cause de la pression de la protestation mondiale, se sont mises à discuter la formulation exacte d’une résolution de l’ONU. Non pas pour éviter la guerre, mais bien pour réagir à la déclaration de guerre unilatérale de Bush et pour donner une plus grande portée à la résolution.
Article paru dans l’Egalité n°99
Mais elles n’ont en définitive pas d’opposition fondamentale à une opération militaire. Les intérêts économiques dans la région sont trop importants pour laisser les USA y aller seuls. La Russie a investi en Irak 8 milliards de dollars. La France trépigne d’impatience à l’idée de retourner faire du commerce en Irak et de décrocher des contrats pour la reconstruction du pays. Il faudra pour cela collaborer loyalement à l’opération militaire. La Chine, l’un des 5 membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, n’a pas plus l’intention d’abandonner cette région vitale aux seuls appétits américains.
Il s’agit d’une guerre pour le prestige et pour les importantes réserves pétrolières du Moyen-Orient. L’Irak a une énorme importance économique du fait qu’il détient 11% des réserves pétrolières mondiales. La soi-disant lutte contre le terrorisme n’est qu’un rideau de fumée pour les USA. Leurs principales motivations sont l’extension de leur sphère d’influence et l’approvisionnement en matières premières de leurs multinationales.
Une guerre en Irak aura des répercussions directes sur le prix du pétrole et donc sur l’économie. On peut s’attendre à ce que le prix du baril de pétrole (il oscille aujourd’hui entre 25 et 28 dollars) passe le cap des 40 dollars. Cela implique que tous ceux qui possèdent une voiture et/ou qui se chauffent au fioul vont ressentir directement les effets de la guerre. Sans compter que l’augmentation du coût de l’énergie sera répercutée sur les coûts de production donc aussi sur le prix des marchandises.
Le slogan « pas de guerre pour le pétrole » va devenir très concret pour beaucoup de gens. Le gouvernement Raffarin n’hésitera pas à « faire des économies » sur des secteurs importants de la société, ni à augmenter certaines taxes sous prétexte de guerre contre l’Irak. Le gouvernement allemand avait déjà pris ce genre de mesures l’année passée lors de la guerre en Afghanistan.
La conscience se développe sur la base des expériences concrètes. Bien que beaucoup de gens soient déjà prêts à protester contre une guerre, ce sont les événements qui feront progresser la conscience du plus grand nombre. Se pose dès lors la question de savoir comment le mouvement anti-guerre peut anticiper ces événements et quel est le programme qu’il doit mettre en avant pour pouvoir construire une participation massive des jeunes et des travailleurs.
Comment stopper cette guerre?
400.000 manifestants à Londres le 28 septembre, des centaines de milliers aux USA le 26 octobre, 1,5 million en Italie. L’opinion publique en Occident et surtout la mobilisation du mouvement anti-guerre peut jouer un rôle décisif dans la réussite ou l’échec de la politique guerrière des USA.
Le mouvement anti-mondialisation qui s’est développé ces dernières années y a déjà fortement contribué. S’il y a déjà des protestations de masse avant même que la guerre n’ait commencé, on le doit aux mobilisations des dernières années.
Un autre acquis de ces mobilisations est le regard critique qu’une partie croissante de la population pose désormais sur la politique des grandes puissances et des institutions internationales.
Les protestations de masse vont reprendre du poil de la bête dès que les premières bombes tomberont sur l’Irak. Des millions de gens dans le monde arabe vont laisser éclater leur colère contre les USA. Mais c’est dans les rues des villes européennes et dans nos quartiers et sur nos lieux de travail que les mobilisations auront le plus d’impact. Les syndicats doivent se saisir de cette question et mobiliser les travailleurs, car il faut taper là où ça fait mal. Ce n’est pas un hasard si le gouvernement Bush a réprimé très durement la grève des dockers qui avaient bloqué 29 ports de l côte ouest pendant 10 jours (cf Egalité n° 98). Un tel mouvement de grève constitue un réel danger pour la politique guerrières des capitalistes, car cela entraîne un blocage de l’approvisionnement et des mouvements de la flotte américaine.
Le MAS/LSP (section belge du CIO) a lancé un appel contre la guerre avec des syndicalistes, que la Gauche révolutionnaire reprend et utilise dans les syndicats pour participer à la création d’un mouvement anti-guerre de masse qui ne se résume pas aux jeunes du mouvement anti-mondialisation.
En France des comités anti-guerre se créent un peu partout. Il est nécessaire d’y participer et de se battre pour qu’ils adoptent une ligne guerre contre la guerre, même sous mandat de l’ONU, contre la participation de la France et pour un mouvement large et indépendant. Ces comités ne doivent pas juste être des collectifs d’organisations politiques, mais s’adresser largement à tous, en créant les conditions pour que les personnes non organisées dans des partis politiques y prennent toute leur place.
Tous ensemble nous devons et pouvons empêcher cette guerre. Contactez-nous pour recevoir notre matériel (tracts, affiches, autocollants, pétitions) ou si vous voulez discuter de la création d’un comité anti-guerre.
Par Virginie Prégny