On connaît désormais la plupart des candidats significatifs pour l’élection présidentielle du 22 avril prochain. En tête des sondages, Sarkozy et Royal multiplient les tournées médiatisées, ayant gagné leur investiture dans le style show-biz et casting, digne des pires émissions de télévision. Derrière tous ces effets, il y a des programmes bien précis, et très proches : continuer et amplifier, même de manière différente, les politiques libérales au service des capitalistes.
Article paru dans l’Egalité n°123
On connaît désormais la plupart des candidats significatifs pour l’élection présidentielle du 22 avril prochain. En tête des sondages, Sarkozy et Royal multiplient les tournées médiatisées, ayant gagné leur investiture dans le style show-biz et casting, digne des pires émissions de télévision. Derrière tous ces effets, il y a des programmes bien précis, et très proches : continuer et amplifier, même de manière différente, les politiques libérales au service des capitalistes.
Mais ces politiques que nous subissons depuis tant d’années, auxquelles Sarkozy rajoute une dimension ultrarépressive, sont massivement rejetées par une grande partie des travailleurs, des jeunes etc. La question de l’emploi, celle des salaire, celle de l’éducation, la lutte contre l’exclusion, les retraites et la sécurité sociale sont les 5 thèmes qui arrivent en tête des préoccupations dans les sondages. Autant de sujets sur lesquels Sarkozy et Royal n’amènent aucune réponse réelle, et qui demandent une politique clairement anticapitaliste.
Pour beaucoup, c’est évidemment Sarkozy qui représente le plus le camp des capitalistes. La politique qu’il met en avant, à laquelle s’ajoute une accentuation des mesures racistes et répressives, est fort logiquement perçue comme l’une des pires contre nous tous. Il est soi-disant au côté de » la France qui souffre « , qui ne » bloque pas les trains « , etc. (discours du 18 décembre dans les Ardennes). Pour lui, le bon travailleur est celui qui se tait, fait des heures supplémentaire sans rien dire (Sarkozy est évidemment pour qu’elles soit payées comme une heure normale et sans cotisation sociale), ne fait pas grève etc. En fait, il essaie au maximum de décrire la majorité des travailleurs comme des fainéants. Toute sa politique, toutes ses remarques, sont emplies de ce mépris pour les couches populaires. Et la violence de ses propos nous renseigne bien sur ce que sera sa politique.
Le monde selon Sarkozy est inspiré directement de celui de Bush, c’est un monde au capitalisme sans frein, où la concurrence doit régner partout, nous pousser à écraser notre voisin, sans voir que par la suite c’est à notre tour d’être écrasés. Personne ne veut de ce monde là. Mais en l’absence d’une véritable opposition à Sarkozy et aux capitalistes, le discours de Sarkozy connaît un écho car il a le mérite de la clarté : il analyse clairement l’état actuel du capitalisme français et propose une politique économique très violente. Adapter le capitalisme français, en s’attaquant à tous les acquis des travailleurs, en détruisant un à un les services publics, les retraites, en transformant l’économie française par la création de grandes multinationales, au moyen là encore de licenciements par milliers… tout cela est la vérité. C’est ce qu’ont fait tous les gouvernements qui se sont succédés ces dernières années. Sarkozy tente le coup de dire dès maintenant que sa politique est un vaste plan d’attaque.
L’élection présidentielle sera une occasion de refuser cette politique, et d’essayer de rassembler autour des candidatures réellement anticapitalistes le maximum de votes pour préparer les luttes.
Royal, une alternative ?
La tentation est grande pour beaucoup de voter Royal contre Sarkozy. On peut largement comprendre cela. Certains veulent empêcher Sarkozy d’accéder au poste de président, et pensent que Royal ne pourra pas mener une politique aussi virulente que lui. Une telle tactique est compréhensible mais sera-t-elle réellement efficace ? En l’absence de véritable stratégie de préparation des luttes, et d’un parti indépendant qui rassemble les plus combatifs parmi les jeunes et les travailleurs, le risque est grand que domine en fait une illusion : celle que Royal fera une politique différente sur le fond de celle de Sarkozy.
Or, tel n’est pas le cas. Royal, par exemple, ne remet pas en cause les licenciements, elle critique seulement ceux qui sont « inciviques qui ne correspondent même pas à la réalité économique » (discours à Strasbourg le 20 décembre).
Le PS n’a pas le choix, pour être élu il doit encore paraître de gauche et un peu du côté des salariés. Dans la réalité, son programme c’est d’éviter les excès du capitalisme mais absolument pas de remettre en cause les fondements mêmes du système. Et comme ce système va continuer à approfondir les inégalités, que la logique de l’économie capitaliste va continuer à entraîner des délocalisations, que les multinationales voudront encore plus de profits, le résultat de la politique de Royal sera à nouveau une série d’attaques. Et on sait qu’avec le PS, il y a les promesses avant les élections, et la réalité d’une politique qui en dernière analyse finit toujours par être au service des patrons. Donc nous comprenons largement que beaucoup voudront barrer la route à Sarkozy même si nous n’appellerons pas à faire ce choix. C’est par les luttes que nous stopperons les politiques néolibérales, celle de Sarkozy ou celle de Royal, et ce sont celles-là que nous devons préparer.
Votons Laguiller ou Besancenot contre les capitalistes !
Bayrou tente de se positionner comme un critique des excès du système, du gouvernement etc.. Son souhait serait un gouvernement du centre, avec le PS ? Mais dans ce cas les résultats seront les mêmes que pour un gouvernement Royal. Quant à Le Pen, il a depuis longtemps adopté la tactique de mettre en avant une orientation qui cherche à exploiter les insatisfactions sociales, mais maintenant une orientation non plus anti-immigrée mais anti-étrangers. Pour le reste, son programme reste ultralibéral depuis la disparition des impôts (ce qui satisfait avant tout les plus riches) jusqu’à des allégements toujours plus importants de « charges » sociales pour les patrons.
La tentative de présenter une candidature de rassemblement antilibéral n’a pas abouti. Le PCF présente sa propre candidature, mais sur une orientation particulièrement floue : pour une gauche radicale de gouvernement, donc avec une critique de Royal, mais prêt déjà à rejoindre un futur gouvernement dirigé par le PS… Certains pourraient en déduire qu’il ne servira à rien de voter car il n’y a pas de candidats qui représente réellement les travailleurs et qui s’oppose à une échelle de masse aux politiques capitalistes. Il y a un élément de vérité, mais malheureusement ce n’est pas en attendant que les choses se décantent toutes seules qu’elles changeront.
Arlette Laguiller pour LO et Olivier Besancenot pour la LCR n’ont pas un programme qui réponde réellement à la situation actuelle. Notamment, aucune des deux organisations ne cherche à faire émerger une nouvelle organisation de masse des travailleurs. Mais au moins, la dénonciation du système capitaliste fait partie de chacun de leur discours. Les revendications mises en avant correspondent aux aspirations d’une majorité de jeunes, de travailleurs, de chômeurs même s’ils ne développent pas suffisamment la discussion sur les moyens à mettre en œuvre pour les obtenir. Ce sera un vote protestataire contre le capitalisme, sur une base de classe, même si c’est à notre avis insuffisant : une véritable dénonciation du capitalisme passe par la mise en avant d’une alternative, le socialisme, et par la discussion sur les moyens pour y parvenir. Sans hésiter, nous appelons à voter pour l’un ou l’autre des candidats anticapitalistes.
Un maximum de voix pour ces candidats rendra encore plus visible la dénonciation du capitalisme. Mais pour renverser ce système, le vote ne suffira pas. Il faut dès à présent préparer les luttes, s’organiser, et approfondir l’analyse du capitalisme pour développer une orientation réellement socialiste et révolutionnaire. C’est ce que vous pouvez faire dès maintenant en rejoignant la Gauche révolutionnaire !
Par Alex Rouillard