PCF/LCR : des rapprochements, mais pour faire quoi ?

Privatisations de la SNCM, d’EDF, baisse des impôts pour les riches et attaques sur les droits des travailleurs. Ce gouvernement mène une guerre sans merci contre la classe ouvrière et ce, malgré la claque au referendum du 29 mai. Vouloir l’unité la plus large pour lutter contre ces attaques et discuter l’alternative politique sont légitimes encore faut-il savoir pourquoi pour qui, comment, sur quel programme ?

Article paru dans l’Egalité n°116

Le PCF, la LCR, qui se rencontrent souvent, ont signé un appel commun avec les Verts et le PS pour la journée de grève du 4 octobre. Appel bien inutile pour les travailleurs et qui servait surtout à la direction du PS de faire croire qu’elle s’inquiète du sort des travailleurs.

A Marseille, le PCF et la LCR ont co-organisé un meeting de soutien aux marins de la SNCM. La démarche en soit n’est pas illégitime. Le gouvernement ne s’attaquait pas par hasard à un bastion du mouvement ouvrier. Ce meeting n’a été qu’un défilé de paroles de soutien aux grévistes, au lieu d’être un véritable meeting de lutte, et aucun soutien financier n’y a été récolté et aucune stratégie pour que les nombreuses luttes de la région, (SNCM, RTM, NESTLE etc.) s’unissent concrètement, n’a été avancée. « Il faut des Marseille, partout » a dit O.Besancenot. Ah ! oui et comment ?

Après la manifestation de 80000 personnes, le lendemain, de nombreux manifestants en grève restaient sur place pour discuter « qu’est-ce qu’on fait maintenant? Y’en a marre de Villepin, Sarkozy ». Quelle alternative ? Quelques-uns étaient au meeting de la veille et avaient copieusement sifflé la représentante du PS en disant : « merci pour France Telecom ! ».

A gauche, c’est par où ?

La dernière déclaration commune PCF/LCR du 17 octobre n’est pas très mobilisatrice pour les travailleurs. On y insiste sur « la nécessité d’examiner des possibilités d’action communes pour combattre des politiques néolibérales » mais elle ne donne pas d’axe de bataille concret pour organiser les luttes ni ne parle d’alternative politique. Tout ceci est suffisamment flou.

La direction du PCF veut bien continuer un peu avec la LCR pour surfer sur la vague de tous ceux qui ont voté non le 29 mai, et ainsi ne pas trop se couper de cette base ouvrière qui a rejeté le referendum. Mais elle souhaite avant tout « organiser ses propres forums notamment le 26 novembre avec les forces et les collectifs qui le souhaitent « … L’élection de 2007 est là derrière tout ça. Et la direction du PCF ne veut pas se couper du PS.

Flairant un peu les risques, A. Krivine dit vouloir une « unité d’action de la gauche politique et syndicale contre les attaques du MEDEF est une nécessité… Ca n’a rien à voir avec un accord électoral » (Rouge, hebdomadaire de la LCR, n°2029). Mais jamais il ne précise les bases de cette « unité d’action ». La politique actuelle de la LCR vis-à-vis du PCF, qui est de multiplier les rapprochements et les bonnes relations « diplomatiques » a comme conséquence immédiate d’adoucir largement la critique de l’orientation des dirigeants du PCF (et du coup de ceux de la CGT).

D’ailleurs, son tract d’appel à la manifestation du 19 novembre en défense des services publics revendique de « reconquérir » EDF et les services publics et non de les renationaliser sous le contrôle des travailleurs.

La direction de la LCR se trompe de combat. Ne pas proposer un vrai programme de lutte pour le socialisme, et permettre ainsi que les travailleurs voient quels sont ceux qui sont les plus conséquents pour lutter et en finir avec l’exploitation du capitalisme, est une erreur grave. Cela donne aussi des illusions sur ce que la direction du PCF fera lorsque la question d’une alliance avec le PS pour revenir au pouvoir ou garder des sièges de députés se posera.

La question n’est pas d’enchaîner des meetings communs mais de construire un outil dont les travailleurs se saisissent pour s’organiser, pour lutter, et donner des perspectives politiques à ces luttes.

Cet authentique parti de combat pour les travailleurs et les jeunes contre le gouvernement et le patronat, pour une alternative socialiste au capitalisme manque cruellement aujourd’hui.

Nous ne prétendons pas réussir seuls à le construire mais il faut déjà ne donner aucune illusion sur une nouvelle alliance de gauche dont le programme serait insuffisant pour s’attaquer au capitalisme.

Pour s’attaquer à la construction d’un tel parti, nous devons donner un contenu politique clairement anticapitaliste aux journées de mobilisation qui existent. Et en faire des étapes vers la création d’un nouveau parti de combat des travailleurs, ancré dans les luttes et pas une machine électorale.

Par Marie-José Douet