Un million de manifestants ont défilé le 4 Octobre, à l’appel de tous les syndicats. Les manifestations ont démontré la colère qui existe parmi les travailleurs et les jeunes l’important potentiel de combativité. Elles ont été un succès malgré une mobilisation faible de la part des directions syndicales. Les manifs se sont aussi démarquées des récentes par la forte présence du privé et les slogans souvent étaient plus radicaux que ceux des directions syndicales. Mais ces manifs étaient aussi marquées par une certaine résignation due à l’absence de perspectives claires quant aux suites à donner à cette journée.
Article paru dans l’Egalité n°116
Les directions syndicales et la « gauche » freinent le développement des luttes. La une de « l’Humanité » journal du PCF au lendemain de la grève qui suppliait : « Négociez ! », démontre l’absence de volonté de la part de la direction de ce parti, tout comme de la direction de la CGT, d’organiser une riposte des travailleurs à la hauteur des attaques du gouvernement Villepin-Sarkozy. Le PCF qui avait prévu une manifestation le samedi 22 octobre l’a finalement annulée, alors que cela aurait permis aux nombreux travailleurs isolés de pouvoir manifester contre le gouvernement, et ainsi poser les bases d’un début de résistance politique organisée contre celui-ci. Et aucune direction syndicale n’a proposé de suites à cette journée réussie du 4 Octobre : FO a dit vouloir laisser la possibilité au gouvernement de prendre le temps d’organiser des négociations, la CFDT a dit ne pas trouver ce mode d’action efficace, la direction de la CGT a dit ne pas vouloir faire les choses seules.
Le problème n’est pas seulement de proposer des dates de mobilisation, mais d’y mettre un contenu et de les organiser comme des étapes vers le développement d’une lutte d’ensemble des jeunes et des travailleurs. Contre un gouvernement qui est capable d’envoyer l’armée contre des travailleurs en lutte, il ne suffira pas de quelques journées d’action tous les 2 mois.
Si le gouvernement continue d’attaquer à tout va, c’est aussi parce qu’il sait que ni les directions des syndicats, ni les partis de « gauche » ne sont prêts à entamer un affrontement direct avec le patronat et le gouvernement. Ils l’ont montré lors des grèves de la SNCM et de la RTM à Marseille. Malgré la combativité des travailleurs, les directions syndicales ont fini par abandonner les travailleurs en acceptant la privatisation de la SNCM. Quant à la RTM, c’est la même issue qui se profile, car la grève est isolée et que rien n’est fait pour l’étendre à d’autres secteurs, ni pour établir des liens avec les luttes de la région (avec Nestlé par exemple). Il est clair que les directions des syndicats craignent un affrontement avec le gouvernement et préfèrent rester de gentils négociateurs « raisonnables » et qui permettent, par leur inaction, aux patrons de s’en sortir sans être inquiétés.
Préparer une grève générale
La seule chose qui les stoppera c’est une grève générale. Mais cela ne viendra pas tout seul, et il faut préparer dès maintenant les bases pour aboutir à un tel résultat. Pour cela, il faut un véritable plan d’action partagé par l’ensemble des travailleurs. Ce qu’il faut c’est une véritable journée de grève de tous les travailleurs du public et du privé, des jeunes, des précaires, des chômeurs, avec comme axe central le refus de toutes les mesures du gouvernement et de toutes attaques patronales. Une telle journée doit se préparer par des assemblées générales, des réunions dans les quartiers pour discuter des revendications communes, pour organiser toutes les actions qui seront nécessaires à la réussite d’une telle journée. Enfin, cette journée de grève devra avoir un objectif précis : si le soir même le gouvernement dit vouloir continuer sa politique, alors les assemblées générales devront voter de continuer la grève et de la transformer en grève générale. Les arguments des bureaucrates syndicaux qui refusent d’organiser une nouvelle journée de grève tomberaient en poussière face à la détermination des grévistes. La manif du 19 Novembre pour la défense des services publics et contre les privatisations devrait être un premier pas pour avancer cette perspective. Nous devons tous sur nos lieux de travail mobiliser pour faire de cette journée un avertissement déterminé au gouvernement autour des revendications unifiantes suivantes :
Non aux privatisations ;
Pour des services publics de qualité ouverts à tous ;
Pour une augmentation de tous les salaires de 300 euros minimum ;
Non aux contrats précaires et aux mesures contre les chômeurs ;
Non aux licenciements ;
Pour un logement décent pour tous ;
Non à la répression ; non au racisme
Pour un parti de combat des travailleurs
Les mobilisations à venir doivent être l’occasion de discuter de ces revendications et de la manière de les défendre. Face à la passivité, voire au blocage des directions syndicales, nous devons prendre en main la mobilisation. En poussant à ce que des assemblées générales de tous les travailleurs, syndiqués ou non, s’organisent. En organisant des distributions de tracts sur nos lieux de travail. En préparant des slogans combatifs et des cortèges dynamiques pour la manif.
Mais pour organiser, coordonner nos luttes et dépasser les blocages des directions des syndicats et leur donner une perspective politique, il nous manque un parti combatif. Les mobilisations à venir doivent aussi être l’occasion de discuter de cela. Les partis de « gauche » et de « la gauche de la gauche » discutent d’une alternative électorale pour 2007, mais il nous faut plus que ça. Il nous faut un parti de masse qui organise les travailleurs et les jeunes dans tous les secteurs, et les défende concrètement contre le gouvernement et le patronat. Il nous faut un parti qui lutte sans concession contre le capitalisme et pour une alternative socialiste à ce système. C’est de nos luttes que doit naître un tel parti, et c’est cela que nous devons préparer dès aujourd’hui.
Par Virginie Prégny