Le quartier de Château d’eau à Paris 10è, est le temple des salons de coiffure et magasins de cosmétique afros et ongleries. Les salariés, en grande partie des femmes d’Afrique et d’Asie sans papiers, y sont surexploités et assujettis à des patrons mafieux. Payés à la tâche, ce qui est illégal, ils gagnaient entre 400 et 500 euros par mois (le patron empochant plus de la moitié de leurs gains), travaillant 7 jours sur 7 sans réels horaires. Ils seraient jusqu’à 1500 dans cette situation.
En 2014, un premier groupe de salariées chinoises d’une onglerie se mettent en grève pour réclamer leurs salaires et un contrat de travail, grâce au soutien notamment de la CGT, elles obtiennent gain de cause après une longue lutte.
Leur exemple donnera le courage aux 18 salariées d’un salon de coiffure de la même rue d’entamer une grève avec occupation pour exiger leur régularisation, un contrat de travail légal et des conditions de travail et de salaire décentes.
Après avoir été obligé d’établir des contrats de travail en juillet dernier, le patron a organisé frauduleusement la mise en liquidation de la boutique, espérant ainsi échapper aux poursuites et décourager les grévistes. Il aura aussi tenté à maintes reprises de les intimider et de les menacer par l’intermédiaire de ses hommes de main.
Elles avaient finalement reçu des titres de séjour en avril 2015. Enfin, la détermination des salariées a payé et après plus de 2 ans de lutte, le 30 juin dernier les Prud’hommes leur ont donné raison. Un communiqué de la CGT précise qu’elles « ont pu gagner le paiement de l’ensemble de leurs arriérés de salaire, de leurs heures supplémentaires, de leurs congés payés, de dommages et intérêts pour préjudice moral et le paiement de l’indemnité forfaitaire de 6 mois pour travail dissimulé » !
Cette lutte exemplaire démontre une fois de plus que l’on n’obtient que se pour quoi on se bat.