Succès du 17 novembre, unissons les colères #MacronDégage

Le 17 novembre, les actions de masse ont rassemblé des centaines de milliers de manifestants en colère sur 2500 blocages. Édouard Philippe peut très bien dire qu’il y avait 285 000 participants, on est bien loin de la réalité : 400 000, 500 000 voire même le double ? Pour beaucoup, majoritairement des travailleur-se-s aux faibles salaires, dans les services, le commerce, la santé, mais aussi des retraités, des artisans, quelques petits patrons aussi parfois. Même si c’est la hausse du prix des carburants (due à la hausse des taxes mais aussi à 60 % à la hausse des prix imposés par les multinationales pétrolières) qui a été le déclencheur, la colère est bien plus profonde.

Partout sur les blocages, les opérations escargot, péages gratuits… on parle de la dureté de la vie, de la difficulté des fins de mois, des impôts qui ne servent pas à financer ce qu’ils devraient (de vrais services publics), de l’injustice de la politique de Macron qui file tout aux riches. Ce mouvement, soutenu par 78 % des employés et ouvriers, a un potentiel gigantesque !

C’est l’expression d’un ras le bol profond, contre tout ce qui ne va pas, contre la marche folle de cette société qui écrase les « petits » et qui ne fonctionne que pour les privilégiés.

On l’a fait !

La plus plupart des « gilets jaunes » n’avaient pas une grande expérience des luttes, de leur organisation. C’est la solidarité collective dans l’action et le combat commun qui nous a permis de faire autant de points de barrages. Et dans la plupart des endroits, sans se faire récupérer par les vautours de la droite et de l’extrême droite (Les Républicains, le FN/RN, etc.) qui n’étaient ni organisateurs ni réellement bienvenus. Certains comme Wauquiez ont pu aller tester leur popularité sur les barrages, sous les critiques, il est vite parti.

Car la droite et le FN/RN sont pour la suppression des impôts sur les riches, pour le report de l’âge de départ à la retraite. La plupart des gilets jaunes se souviennent très bien qu’il y a quelques années, c’est Sarkozy et la droite qui nous en ont mis plein la figure et cassé les services publics.

C’est pour ne pas se faire avoir que le réflexes des gilets jaunes a été de se dire « apolitique », pour ne pas avoir l’air de rouler pour un parti. En aucun cas cela ne voulait dire que les militants n’étaient pas les bienvenus.

Faire avancer le mouvement

Du fait de sa spontanéité, le mouvement a surtout été tourné vers l’action concrète, et a rarement donné lieu à de véritables assemblées générales pour discuter des revendications et des actions. Mais cela se développe désormais. Car il y a beaucoup de points qui rassemblent : blocage des prix, baisse des taxes, hausse des salaires et des retraites. Assez des cadeaux aux ultra-riches et grandes multinationales. Même s’il ne le formule pas ainsi, ce mouvement rejette le capitalisme et sa loi de l’exploitation pour le seul profit des grands groupes industriels et commerciaux. Et évidemment, il est tout entier contre Macron tant celui-ci symbolise cette politique pour les riches.

Il y avait des consignes comme « pas de racisme » en préparation de nombreux blocages et dans l’immense majorité d’entre eux il n’y a pas pas eu de gros problèmes. Là où des actes racistes ou homophobes ont eu lieu, comme on peut le voir sur des vidéos, ils sont souvent le fait d’une seule personne ou d’un tout petit groupe. Dans la plupart des endroits, il a suffit de l’intervention de gilets jaunes défendant l’unité de toutes et tous dans la lutte pour que cela cesse. Le meilleur moyen pour continuer dans ce sens est que les militant-e-s aillent sur les piquets pour défendre cela. Nos seuls ennemis, ce sont les ultra-riches privilégiés et le gouvernement Macron.

La responsabilité des syndicats et organisations anti-capitalistes

On peut comprendre les hésitations, mais l’inaction est pire que tout dans ce genre de moments. Dans certaines villes et entreprises, le 17, des actions de grève ont eu lieu à l’appel de la CGT (à Reims, à Cléon (76) avec une grève à SPIE-Batignolles… Et surtout, depuis, il y a cet appel à la grève et à se joindre au mouvement par la CGT Chimie, FO transport, l’Union locale CGT du Havre, ou encore la venue sur le point de blocage de Montélimar-Sud des infirmières en grève le 20 novembre. Le soutien est en général bien pris, le mouvement n’est pas si anti-syndical que ça mais il tient farouchement à son indépendance, et c’est logique.

Le 17 novembre a démontré une chose : chez les travailleurs, retraités, chômeurs, artisans… il y a une vraie envie d’agir. Un beau démenti pour tous ceux qui pouvaient penser que « les gens ne se battent plus » ou qu’ils sont « endormis » ! Oui, la colère est bel et bien là et cherche un moyen de prendre une forme collective, dans la lutte et le blocage de l’économie.

Dans de nombreux endroits, les militants de la Gauche révolutionnaire ont participé aux barrages, pour à la fois aider cette couche nouvellement entrée dans la lutte mais aussi pour mener les discussions (et éventuellement combattre l’influence du FN. Cette dernière question s’est peu posée). Et il est clair que les syndicats auraient pu inviter une partie de leurs membres à se rendre sur les actions, sans obligatoirement avoir tout l’arsenal de banderoles et drapeaux, mais pour aider à faire avancer les travailleurs participant à la lutte.

La proposition de manifestation nationale à Paris, le 24 novembre, peut représenter un tournant même si beaucoup ne veulent pas non plus lâcher les centaines de barrages qui sont devenus des rendez-vous de la lutte. Il s’agit de mettre en cause directement Macron et sa politique. D’autres propositions visent également les lieux de pouvoir (préfecture, etc.) ou les filiales des grandes multinationales. S’ils ne le disent pas avec les mêmes mots, la plupart des gilets jaunes veulent s’attaquer aux capitalistes et à leurs serviteurs du gouvernement Macron.

Avançons ! Pour :

  • développer les assemblées de discussion et d’organisation de la lutte, et les revendications
  • pour une journée d’action massive partout le 24 novembre, en particulier la manifestation à Paris, sans oublier la grande marche contre les violences sexistes dans le cadre de la journée internationale contre les violences faites aux femmes
  • une grande journée de lutte, d’action, et de blocages avec une grande grève unissant travailleurs du public et du privé avec les jeunes et les retraités contre la politique de Macron.

Qui sème la misère, récolte la colère ! Revendiquons !

  • la baisse immédiate et le blocage des prix de l’essence et de l’énergie
  • l’augmentation des salaires et des retraites et leur indexation sur les prix, y compris du carburant
  • la réquisition des bénéfices des multinationales pour financer les besoins : transports publics gratuits et non polluants, services publics notamment de proximité (crèches, écoles, maternités, bureau de poste…), logement
  • la remise en place de l’impôt sur la fortune, la lutte contre l’évasion fiscale par les ultra-riches et les multinationales, la fin des taxes indirectes (TVA, etc.) remplacées par une imposition forte des riches et des grandes entreprises
  • un grand service public environnemental financé en taxant les multinationales, pour créer des centaines de milliers d’emplois nécessaires à la transition énergétique et écologique (agriculture écologique, alimentation en circuits courts, énergies renouvelables etc.)

Alors unissons nos révoltes, contre Macron et son monde de millionnaires où on n’a pas notre place, contre le capitalisme et ses injustices. Rejoignez la Gauche révolutionnaire pour lutter pour une société réellement démocratique, solidaire et fraternelle : le socialisme. Une société où les principaux secteurs de l’économie seront en propriété publique/nationalisés, permettant une planification démocratique et écologique, tenant compte des ressources naturelles et permettant de satisfaire les besoins.

 

Alex Rouillard et Cécile Rimboud