L’enjeu de la bataille est de taille.C’est celui de gagner contre Macron et toute sa politique. La journée du 5 a été historique, redonnant confiance dans la nécessité de résister et dans la force de la grève de masse. Une question reste cependant : comment transformer l’essai ?
Bloquer l’économie comment?
On ne bloque pas l’économie durablement sans étendre la grève. Seule la grève parce qu’elle stoppe autant la production que le transport, y compris le transport des travailleurs eux-même, affaiblit les capitalistes et leur gouvernement et montre notre force. Il faut donc convaincre dans l’action et dans la discussion d’autres secteurs et travailleurs d’entrer dans le combat et forger une force inarrêtable. Il n’y a pas de raccourci.
Pour prendre les plus récents mouvements massifs, celui contre la loi Travail en 2016, menés par les syndicats ou récemment les mobilisations des Gilets jaunes : c’est toujours la question qui s’est posée. Et force est de constater que ces luttes n’ont pas débouché. Malgré la détermination et la ténacité, l’absence de grève massive empêche toute une partie des travailleurs et travailleuses de s’approprier la grève, de discuter et d’organiser la lutte. Les manifestation servent à compter notre nombre, à savoir quelles revendications sont communes, quel est l’état d’esprit pour la lutte, elles ne suffisent pas à elles toute seule à stopper une politique. Alors que si la grève s’ancre et s’élargit, se structure avec des comités de lutte ou de grève : il y est beaucoup plus difficile de la stopper car c’est notre grève à nous toutes et tous.
L’Outil de la grève
Nous n’aurions pas le temps d’attendre deux-trois jours de plus pour que le mouvement devienne massif ? Ce n’est pas vrai. La question centrale est de savoir ce qu’on fait des jours à venir ? La question d’une grève générale est posée mais elle doit se construire. Étendre la grève est une nécessité pour engager un rapport de forces plus puissant contre Macron et Philippe dans cette semaine décisive. Et nous manquons d’habitudes et de réflexes. Dans le mouvement des GJ comme dans des luttes de longue durée, l’épuisement a rongé la lutte car il a étouffé faute de gagner des couches plus larges et faute de véritable organisation solide.. Il est temps de rétablir les traditions de lutte du mouvement ouvrier, celles qui ont permis d’arracher des acquis en 1936 ou mai 68 !
Faire la tournée des boites qui ne sont pas en grève le matin de la grosse journée de grève, profiter de la pause midi pour engager à plusieurs dizaines la discussion avec les travailleurs qui ne sont pas encore grévistes, c’est crucial ! Et c’est ce que craignent par dessus tout les patrons et le gouvernement. Organiser des AG sur son lieu de travail, même des discussions informelles si la pression patronale est trop forte comme dans de nombreux endroits. C’est cela être audacieux, radical et déterminé.
Discuter de la grève générale
Car l’audace dans la lutte ne veut pas dire l’impatience. Car celle-ci entraîne ensuite la confusion et la démobilisation. Les blocages de centre névralgiques peuvent être des points d’appui, des actions coup de poing médiatiques et stimulantes mais elles ne suffisent pas, pas plus que de tourner 8h dans le centre ville espérant réveiller les consciences. Une partie de ceux qui ne font pas grève ne demandent qu’à être convaincus. Il n’y a pas les vaillants d’un côté et les autres qui seraient des moutons. La grève de masse, son organisation et son extension, c’est l’outil de la lutte et le centre de formation de la conscience des travailleurs. Il faut donc tenter de reconduire la grève, mais aussi tester les slogans comme celui d’un appel à la grève générale. Une brèche a été ouverte avec la grande grève du 5 décembre. On doit tenter maintenant de l’élargir, en reconduisant massivement les jours suivant le 10 décembre mais aussi en se disant que si c’est nécessaire, on organisera à nouveau la lutte dès le retour des vacances.
Par Leïla Messaoudi