Qu’est-ce que le capitalisme aujourd’hui ? Et comment le combattre ?

La première décennie de ce nouveau siècle va entrer dans l’histoire comme celle durant laquelle la classe ouvrière et la jeunesse se libèrent des chaînes de l’idéologie bourgeoise qui les dominait après la chute du stalinisme. Le capitalisme était, selon les commentateurs bourgeois du début des années 90, le seul système qui fonctionnait et qui était préférable aux Etats totalitaires staliniens.

Article paru dans l’Egalité n°96

Aujourd’hui il est plus que jamais clair que le capitalisme ne marche pas (du moins pour la majorité de la population mondiale qui en est seulement la victime). De même, la crise et la misère s’accroissent pour des couches toujours plus larges de la population alors qu’une minorité continue de s’enrichir et que la démocratie est une formule creuse des dirigeants capitalistes comme Bush. L’efficacité de l’économie capitaliste est remise en cause par certains économistes qui expliquent aujourd’hui que pour comprendre la crise mondiale qui s’accentue on doit se référer au livre de Karl Marx, Le Capital.

La résistance au capitalisme et à ses effets pour la grande majorité de la population croît de jour en jour. Les exemples sont légions : en Argentine, les masses furieuses ont destitué président après président ; au Vénézuéla les masses ont empêché la tentative d’un coup d’Etat de la bourgeoisie vénézuélienne (avec le soutien des Etats-Unies) contre le dirigeant populiste Chavez ; au Pérou, les masses ont empêché le gouvernement de privatiser des entreprises d’énergie. En Europe même, la résistance de la classe ouvrière espagnole et italienne a empêché les tentatives de leurs bourgeoisies respectives de brider sérieusement les droits des travailleurs.

Et la colère gronde un peu partout

La résistance contre le capitalisme prend aussi des formes désespérées et déformées, par exemple la popularité croissante du fondamentalisme islamique et des courants populistes de droite. Presque partout dans le monde on vote aujourd’hui contre les partis au gouvernement (de cette façon la social-démocratie a presque disparu des gouvernements en Europe) et beaucoup de gouvernements non-élus sont fragilisés (par exemple l’Arabie Saoudite, le Pakistan…). Le manque d’une alternative claire de gauche à la misère que le capitalisme a créée pour la majorité des gens fait que des forces qui ne défendent pas les intérêts de la majorité de la population mais qui se tournent contre l’establishment (comme les partis d’extrême droite en Europe) peuvent gagner des voix qui en d’autres circonstances peuvent être gagnées pour le socialisme.

La résistance croît la recherche d’une alternative a commencé !

Depuis un an et demi, toujours plus de jeunes et travailleurs sont descendus dans la rue afin de crier leur mécontentement et leur rage. Dans ce mouvement qui devient de plus en plus un mouvement de masse, de nouvelles idées voient le jour et la perspective socialiste montre son actualité. Les idéologues bourgeois bien-pensants continuent de dire qu’il faut que la gauche et le mouvement antimondialiste évolue et arrête de s’agripper à ses vieilles idées et vieilles méthodes, comme lutter contre les licenciements.

Ils préfèrent que ce mouvement continue de répéter des phrases vides comme « un autre monde est possible » (sans dire comment et quel monde), de se perdre dans des discussions stériles avec des politiciens néolibéraux qui se déclarent eux-mêmes être pour une « autre mondialisation » plus raisonnée, et de travailler comme des lobbies afin de n’obtenir que les miettes du gâteau. Une grande partie des soi-disant dirigeants du mouvement antimondialisation pensent aussi ainsi. Mais la réalité du mouvement est différente : la classe ouvrière marque de plus en plus le mouvement antimondialisation lui donnant de plus en plus un caractère de masse. C’est ce qui fait la différence entre les protestations à Göteborg et Bruxelles d’un côté et les actions massives de Gênes en 2001 et Barcelone/Séville cette année.Dans le même temps les travailleurs péruviens luttaient d’une façon « démodée » contre les privatisations.
Afin de comprendre le système – ce qui est nécessaire afin de le combattre – nous devons démasquer les bavardages creux de ceux qui prétendent nous représenter dans nos luttes contre la mondialisation et le capitalisme, comme Suzane George.

Nous devons analyser le monde, étudier les problèmes et leurs causes et voir comment on peut résoudre cela. C’est ce que nous voulons faire dans ce dossier spécial d’été. Pour cela nous parcourons la situation de l’impérialisme des USA, la puissance mondiale qui domine l’économie et la géopolitique, et nous analysons comment le système mène toujours à la guerre. Nous voulons montrer que la guérilla et le terrorisme sont des tactiques erronées (parce que non-efficaces) pour l’émancipation des travailleurs et des classes opprimées. Nous analysons les raisons pour lesquelles l’extrême droite peut croître et pourquoi nous avons besoin dans la lutte contre elle d’un instrument qui donne aux ouvriers et aux jeunes la possibilité de discuter des stratégies et d’organiser la résistance d’une façon collective : un nouveau parti des travailleurs. Enfin nous donnons une vision brève de notre idée du socialisme.

Nous ne voulons pas retourner vers les régimes bureaucratiques du Bloc de l’Est et l’ex-URSS, dans lesquels l’économie planifiée s’enlisait par manque de démocratie ouvrière. Nous voulons au contraire un système dans lequel l’engagement de la majorité de la population est total et à tous les niveaux.
Nous espérons que vous allez lire ce dossier attentivement et que vous allez en tirer les mêmes conclusions que nous : il est nécessaire de s’organiser, de se préparer à une période agitée de protestations de masse et les réactions de la bourgeoisie qui s’y prépare. On ne doit pas regarder ces mouvements et les commenter de l’extérieur ; on doit être en son sein si l’on veut faire partie de la solution. Le mouvement n’a jamais eu besoin des commentateurs extérieurs, mais de militants qui sont prêts à lutter dans le mouvement et à s’investir dans les expériences des masses desquelles des conclusions socialistes peuvent être tirées. Si vous voulez en plus aider à accélérer ce processus, en France, il faut vous organiser à la Gauche Révolutionnaire, membre du Comité pour une Internationale Ouvrière.

Les années 90 étaient caractérisées par des luttes plutôt locales ou des campagnes sur des thèmes spécifiques comme l’environnement, le racisme. Le mouvement antimondialisation a réuni tous ces thèmes dans un ensemble large de critique sur la société capitaliste. Les jeunes surtout étaient attirés par le mouvement à ses débuts. Ce n’est pas étonnant : les jeunes sont un baromètre pour ce qui vit dans la société. Ils ont moins de réticences à exprimer leur mécontentement et forment de cette façon une avant-garde naturelle de la classe ouvrière. On a vu ce processus dans toutes les grandes révoltes de la classe ouvrière : en mai 68, la lutte des travailleurs avait été précédée par des manifestations et des grèves étudiantes ; l’âge moyen au sein du parti bolchevik avant la révolution de 1917 était de 16 ans.

En Italie, Espagne, Argentine, Pérou le mouvement a déjà atteint un niveau supérieur : la classe ouvrière va dans la rue en masse avec une image claire de ce à quoi elle s’oppose. Le pas suivant est l’élaboration d’un programme. Le mouvement doit s’armer d’une alternative sérieuse, qui ne va pas être offerte par les dirigeants plutôt petits-bourgeois du mouvement antimondialisation, ni par les vieux partis ouvriers bourgeoisifiés, ni par la direction actuelle des syndicats qui s’est acquis une place dans l’appareil d’Etat. L’élaboration d’un programme qui défende objectivement les intérêts de la classe ouvrière et des autres couches opprimées dans la société va s’effectuer graduellement dans la lutte même, dans laquelle la classe ouvrière peut tirer des leçons des victoires temporaires comme des défaites temporaires. Ce processus peut être accéléré énormément par une compréhension des expériences déjà accumulées dans le passé de la classe ouvriére. La Gauche révolutionnaire veut universaliser dans la jeunesse et la classe ouvrière ces expériences et ces leçons accumulée, théorisées dans le marxisme. Organisez-vous, formez-vous, rejoignez la Gauche révolutionnaire.

Par Anja Deschoemaker (MAS/LSP)*

* MAS/LSP : Le Mouvement pour une alternative Socialiste / Linkse socialistiche Partij est la section soeur de la Gauche Révolutionnaire en Belgique