Quelle évolution pour la France Insoumise ?

Après les législatives, la France insoumise nationale ne faisait que les actions NUPES. Mais les insoumis ne s’en sont pas contentés, fort heureusement. Et tout cela a poussé à devoir répondre aux attentes d’évolution quant à la structuration et le fonctionnement du mouvement. Une assemblée représentative est arrivée tardivement en décembre.

La structuration en sort renforcée, notamment dans les départements ainsi que la formation. Mais le texte d’orientation n’a pas pu être discuté collectivement mais seulement via la plate-forme. Des représentants départementaux étant tirés au sort, il aurait fallu organiser des réunions locales pour préparer et discuter des propositions. Cela aurait permis de poser les bases d’une structuration départementale. Ce fut le cas parfois, car des insoumis ont œuvré pour des assemblées locales, mais il a fallu pousser fort.

Depuis longtemps, et à raison, beaucoup d’insoumis déplorent le manque de discussion et de démocratie au sein de la France Insoumise. Il est anormal que les insoumis apprennent par la presse la création de la NUPES ou les sanctions prises à l’encontre d’Adrien Quatennens sans que l’on sache en interne quel processus a conduit à ces décisions et qui en est à l’origine. Cela laisse place à un sentiment amer d’inconsidération et des prises de positions individuelles totalement dépolitisées. De plus, c’est du pain béni pour les ennemis politiques qui savent très bien s’en servir.

À quoi cette structuration servira-t-elle si les insoumis et les Groupe d’Action locaux ne peuvent pas élaborer eux-mêmes ? Force est de constater que Jean-Luc Mélenchon et les autres dirigeants insoumis se sont arrêtés au milieu du gué. Et vu la volatilité de la période, le risque est que le mouvement prenne l’eau à la prochaine averse.

À la marche contre la vie chère organisée par la FI le 16 octobre 2022 à Paris

Vers une force politique capable de défier Macron

La situation exige une véritable nouvelle force politique dans laquelle les militant-es pourraient enfin s’organiser et décider collectivement. L’appel à la marche pour nos retraites du 21 janvier et la campagne contre la vie chère sont de bonnes initiatives pour encourager la lutte contre la politique de Macron. Et les revendications de blocage des prix et d’augmentation des revenus sont justes. Mais comment le mouvement pourrait-il répondre aux exigences actuelles : quelles perspectives pour les luttes, comment construire un mouvement de masse contre Macron, quelle politique en direction des syndicats… sans une transformation sérieuse ?

En 2022, la France Insoumise c’était près de 110 000 nouveaux membres et 3 000 réunions publiques. Cet écho montre le potentiel qu’aurait la création d’un vrai parti de masse des travailleur-ses pour le socialisme et une certaine disponibilité à le rejoindre. Même s’il est peu probable à ce jour que la FI devienne un tel parti, l’expérience et le débat en son sein pourraient faire avancer des jeunes et des travailleurs dans ce sens.

Par Rachel Mahé, article paru dans l’Egalité n°214