Pour une opposition de masse à Macron

16230160Les dégâts de la politique du gouvernement sur les travailleurs, les retraités se font déjà sentir. Bientôt ça va être au tour des étudiants et des chômeurs. Une écrasante majorité de la population a donc intérêt à trouver un moyen d’exprimer ce rejet d’une politique qui ne sert que les 600 000 millionnaires, à peine 1% de la population. Pourquoi n’est-il pas possible de construire une véritable opposition de masse, basée sur la défense des intérêts et des aspirations de l’écrasante majorité de la population ?

Article publié dans l’Egalité 187

Une occasion ratée

La victoire aux élections de Macron et de son mouvement, LREM, est apparue comme un coup dur, démoralisant les couches plus larges, moins habituées à lutter ou à participer aux combats politiques. De nombreux jeunes et travailleurs avaient encore en tête la défaite contre la loi « travail », une partie d’entre eux espérait une revanche sur le terrain électoral. Les primaires avaient permis de se débarrasser des figures incarnant les politiques de casse sociale de ces 20 dernières années : Valls, Hollande, Sarkozy, Juppé… Macron a, habilement, joué sur le rejet des vieilles formations tout en masquant son programme politique, pour ne pas paraître comme ce qu’il était, le candidat des super riches et des multinationales.

À l’opposé, un autre phénomène avait pris de l’ampleur : la candidature de Mélenchon et le mouvement de la France insoumise (FI). La mesure qui était arrivée en tête lors de la consultation des adhérents le 16 octobre 2016 était précisément l’abrogation de la loi « travail » d’El Khomri (que d’ailleurs, Mélenchon a finalement peu défendu pendant la campagne électorale). Le soutien, déjà palpable parmi les travailleurs et les jeunes n’a fait que s’amplifier. Les revendications de la FI, hausse des salaires, embauches dans les services publics, planification écologique de l’économie… s’opposaient frontalement aux programmes des Le Pen, Fillon et Macron. La possibilité de les battre était réelle. Les forces politiques ont soit tardé à soutenir Mélenchon (au PCF, ce sont les militants de base qui ont imposé d’appeler à voter pour lui) soit (comme LO, le NPA ou Hamon) refusé de le faire. C’était une erreur qui a profité à Macron.

Un besoin et une nécessité 

Sans force politique de masse, même en cas de mouvement social massif, il manque un outil dans la période actuelle. Médias et politiciens sont omniprésents à défendre la politique voulue par les supers riches. Il faut une force politique qui permette de discuter, réfléchir, élaborer et agir ensemble. Face à Macron et aux capitalistes, une partie des travailleurs et des couches populaires se sentent écrasés et impuissants, alors qu’ils sont majoritaires. Non seulement une force politique de masse permettrait de relayer les luttes, mais elle serait aussi le porte-voix des travailleurs, des jeunes et de leurs aspirations à une société débarrassée de l’exploitation et de la dictature du profit. Elle permettrait que soient discutés les moyens de se débarrasser du capitalisme et de construire une société socialiste démocratique, fonctionnant pour la satisfaction des besoins de toutes et tous.

Le phénomène FI était avant tout électoral. Le début de structuration a été lancé beaucoup trop tardivement et reste trop faible. Les groupes d’action sont des collectifs locaux sans véritable coordination les uns avec les autres. Il faut un mouvement suffisamment solide pour lancer une riposte à Macron. Les travailleurs et les couches populaires ont le nombre, mais pas le niveau d’organisation suffisant. Qu’on le veuille ou non, même si le mot « parti » suscite le rejet d’une majorité d’insoumis (normal quand on voit ce que sont devenus le PS et le PCF), il faudra bien une force organisée localement et nationalement, capable de rassembler les personnes et les courants politiques qui en ont assez de cette société.

Insoumis et révolutionnaires

La FI pourrait proposer à la fois un vaste débat de toutes les forces politiques opposées à Macron et prêtes à entrer en lutte contre lui, et en même temps mieux définir ses propres objectifs. À commencer par un fonctionnement permettant à la fois de contrôler les dirigeant(e)s, par l’élection et la révocabilité, et faisant régulièrement appel à la base comme lors des conventions nationales de la FI.

La Gauche révolutionnaire a fait campagne pour Mélenchon et beaucoup de ses militants participent à la FI. C’est dans l’idée de contribuer à l’émergence d’une nouvelle force politique de masse et de lutte contre Macron et les capitalistes. Mais c’est également pour discuter à une échelle large de la nécessité d’un programme socialiste révolutionnaire pour réellement renverser le capitalisme et les horreurs qu’il entraîne, car pour cela, des succès électoraux ne suffiront pas.

Alex Rouillard