L’annonce, jeudi 31 octobre, de l’arrêt des exportations de poulets par le volailler Tilly-Sabco s’ajoute à la longue liste des plans sociaux dans la région (Gad, Doux, PSA, Alcatel). La CGT , SOLIDAIRES et la FSU appellent à manifester à Carhaix le 2 novembre à 15 heures place du Champ de Foire à Carhaix. Elles ont appelé à ne pas se rendre à Quimper et préfèrent défiler à Carhaix le même jour et à la même heure pour se démarquer du patronat qui mène, selon elles, une campagne « antifiscale ».
La situation tendue en Bretagne est un signe de la complexité de la situation.
L’Écotaxe est officiellement conçue pour taxer au kilométrage les poids lourds polluants immatriculés ou non en France et servir à financer le transport fluvial ou sur rail. Elle devrait être payée par les transporteurs et serait repercutée sur les prix. Mais cette écotaxe taxerait les petits patrons et les producteurs paysans victimes de la domination des grands transporteurs et les multinationales agro alimentaires qui eux ne sont pas taxées. Au lieu d’aider et transformer les modes de production et d’échanges par l’investissement public, le PS et Europe écologie les verts veulent taxer et bien souvent l’argent est redirigé ailleurs sans qu’on puisse contrôler.
Le « collectif pour l’emploi » qui appelle à manifester à Quimper regroupe notamment des organisations d’agriculteurs ou de commerçants, des salariés de l’industrie agroalimentaire, les délégués FO des entreprises Doux et Gad. Mais aussi des représentants des transporteurs, de la grande distribution et des élus, dont les conseillers généraux de l’Alliance pour le Finistère et des députés UMP.
Ils tentent de faire passer la fiscalité et donc l’écotaxe pour responsable des licenciements qui comme par hasard sont tous médiatisés au moment ou elle devait être votée et alors que bon nombre d’entre eux ont commencé avant. Les travailleurs qui ont participé aux diverses manifestations que ce soit sur les portiques « écotaxes » ou ailleurs ont eu raison de laisser éclater leur colère, mais ne doivent pas se laisser duper. Les premiers exploiteurs et licencieurs, c’est le grand patronat qu’il soit breton ou pas.
On ne peut rien gagner à lutter avec les mêmes patrons qui polluent la Bretagne responsable de l’algue verte et des nitrates dans l’eau et qui licencient. Les travailleurs qui iront manifester à quimper doivent avoir leur propre cortège avec leurs revendications.
Après les »pigeons » autoentrepreneurs puis comme le collectif des bricoleurs du dimanche qui a obtenu gain de cause devant la cour d’appel de Paris pour ouvrir le dimanche, le gouvernement cède encore aux patrons. Mais il cède aussi à cette grogne car il craint que le climat d’affrontement breton ne s’étende à des luttes de travailleurs et que les liens se fassent avec les licenciements et pour sauver les emplois en Bretagne.
Le capitalisme fossoyeur de l’industrie agro alimentaire
C’est une vraie saignée de l’emploi avec par exemple 900 licenciés sur le site Lampaul-Guimiliau appartenant à Gad. Derrière tout le bruit médiatique autour de l’écotaxe, c’est toute la filière porcine et de volaille qui a des difficultés économiques. Mais ce n’est pas la fiscalité qui a bon dos. Depuis 20 ans les exonérations de cotisations patronales, d’impôts n’ont cessé d’augmenter et la France a perdu 300 000 emploi industriels et ce processus était bien enclenché avant la crise de 2008 par les délocalisations. Ces filières et l’emploi sont menacés par le fonctionnement de l’économie capitaliste. La concurrence accrue entre entreprises puis l’ouverture des marchés européens avec l’UE dans les années 90 a lancé la bataille à qui paye ses travailleurs le moins cher pour diminuer les prix. L’euro fort a plombé les exportations, la spéculation sur les matières premières et la course au prix bas de la grande distribution à étranglé ce secteur. Pour ne pas payer les cotisations sociales en France ils ont même préféré contourner la loi en utilisant le détachement de travailleurs de l’UE qui doit être exceptionnel. Dans certaines entreprises, ils ne sont même pas déclarés et sont payés moins que le smic et logés dans des endroits insalubres. GAD a par exemple fait venir des dizaines de travailleurs roumains. Et en plus après ils licencient. Même ceux sous liquidation judiciaire aujourd’hui en France ou en faillite organisée ouvrent des usines en Europe de l’Est ce qui montre que ces multinationales ont les moyens de maintenir les emplois.
Les manifestations de samedi 2 novembre devraient avoir des répliques dans d’autres régions contre les licenciements et la politique antisociale du gouvernement qui soient vraiment préparées. Cela pourrait être un point d’appui pour construire la vraie grève qui bloque tout le pays dont nous avons besoin. Pour la filière porcine et volaille comme bien d’autres la solution réside dans la réquisition des entreprises qui licencient par les travailleurs pour continuer l’activité. Cela doit se faire en lien avec les travailleurs des autres entreprises pour lutter pour la nationalisation du secteur. Seul le contrôle des travailleurs est à même de pouvoir faire passer l’emploi puis l’environnement avant les bénéfices, planifier la production selon les besoins et investir utilement.