Les mauvais résultats du PCF aux élections municipales ne font que confirmer le déclin que ce parti subit depuis plusieurs années. Les compromissions que les différentes directions ont imposées aux militants depuis 1981 et avant ont éloigné ce parti des intérêts des travailleurs, des exclus et des jeunes. Les militants ont fuit les cellules, et les électeurs les isoloirs.
Article paru dans l’Egalité n°86
Mais cette fois-ci, la direction aurait compris la sentence des urnes et décidé de remédier à cette tendance qui menait le parti droit dans le mur. Pourtant lorsque on lit la presse du PCF on reste sur sa faim.
Certes le ton monte contre le PS et Jospin – accusé de social-libéralisme – mais il n’est toujours pas question de rompre avec lui et de quitter le gouvernement au nom du maintien de la Gauche plurielle au pouvoir. Robert Hue s’interroge dans l’Humanité du 23 mars sur l’opportunité de « remettre en selle » la droite en quittant la Gauche plurielle. Mais déjà ce gouvernement mène clairement une politique en faveur du patronat (loi Aubry, Emploi-jeunes, retraites, Sécu, Education, PARE, sécurité, etc.), une politique de droite ! Et que peut-il faire d’autre, puisqu’il refuse de remettre en cause le capitalisme et de s’affronter frontalement au patronat et aux actionnaires. C’est en continuant ainsi que la droite « officielle » sera remis en selle. La confusion n’a jamais été un moyen d’être plus efficace. Et que font les ministres communistes dans ce gouvernement ? Gayssot, ministre des transports, s’inquiète beaucoup pour les profits des compagnies autoroutières lorsque des manifestants bloquent un péage mais ne s’oppose pas au projet de privatisation larvée de la SNCF.
Il sert uniquement de courroie de transmission, de plus en plus imparfaite, entre le gouvernement et les cheminots ou les autres corps de métiers du transport afin d’imposer une politique libérale. Un ministre « communiste » dans un gouvernement bourgeois est un ministre bourgeois. C’est pourtant ce qu’avait compris les communistes dès la fin du 19ème siècle. Certes le « capitalisme doit être dépassé à terme ». Mais même en attendant les revendications immédiates sont bien pâlichonnes : empêcher la privatisation de la Poste et d’EDF-GDF (pourtant déjà bien avancées), mais quid des services et entreprises publics déjà privatisés ou des industries, comme les multinationales pharmaceutiques, qui devraient l’être ? Quid du contrôle ouvrier sur les services publics ? renforcer les lois sur les licenciements économiques, mais il n’est jamais question de donner le contrôle des embauches et des licenciements aux salariés. Relever les minima sociaux et les salaires, mais de combien ? Défendre les retraites, mais sur quelle base et comment surtout ? Dans les bureaux lambrissés des ministères ou en combattant de manière intransigeante les plans du patronat et… du gouvernement. Il y a quelques années encore, le PCF était contre le versement de fonds publics aux entreprises, aujourd’hui il réclame seulement que celle qui licencient doivent restituer l’argent versé. Cela doit être ça, la culture de gouvernement.
Et la direction du PCF redécouvre la nécessité de se lier au mouvement social antilibéral. Pourquoi ? n’était-il pas connecté à ce mouvement qui renaît depuis quelques années ? Est-ce vraiment en continuant sa social-démocratisation et en allant dans les instances qui dirigent le monde au profit de la bourgeoisie, comme les gouvernements, qu’il pourra de nouveau se lier au mouvement de masse et reconquérir les votes des électeurs ? Peut-on être à la fois là où se gère le capital et là où luttent ceux qui subissent le capitalisme ? Étrange schizophrénie.
En définitive, la déroute que vit le PCF n’a rien changé à la ligne politique de la direction, sauf dans le vocabulaire. Et rien ne pourra changer tant que le PCF sera dans la Gauche Plurielle. Les militants du Parti communiste doivent aussi prendre leurs responsabilités. Il est possible dès aujourd’hui de s’engager dans la construction d’une alternative à la politique actuelle du gouvernement au service du patronat. Mais pour cela il faut rompre avec la direction du PCF, et s’engager dans la construction d’une réelle alternative ouvrière à la Gauche plurielle.
Par Yann venier