Mouvement étudiant à l’Université de Rouen

Le 12 Septembre dernier, la rentrée de l’UFR de Sciences était reportée par le conseil de gestion en raison du non paiement des heures d’encadrement de stages, du versement incomplet du budget par l’Etat et du manque de postes de profs et d’IATOS (personnel non-enseignant).

Mais le vrai problème est national c’est celui du budget insuffisant. En donnant moins que le strict minimum, le gouvernement veut forcer les facs à trouver les financements par d’autres moyens : en augmentant les frais d’inscription(déjà jusqu’à 1200€ à Grenoble) et par le financement privé. Le but du gouvernement est clair, il suit les accords de Bologne qui ont inspiré la réforme qu’on appelle LMD. Ce nouveau système prévoit la création de pôles de compétitivité pour lier les Universités et la recherche publique aux entreprises privées, et aussi pour former « l’élite de la nation ». Le problème n’est donc pas local, il est identique dans toute l’Europe. A cela s’ajoute la création de stages qui ne sont en fait rien d’autre que de la main-d’oeuvre gratuite pour les patrons !

Une mobilisation ralentie

Après plus d’un mois de mobilisation, le peu que le gouvernement a cédé est 150 000€ pour payer les profs et l’avancement du prêt d’1 Million d’euros pour les travaux (qui était déjà prévu pour toutes les facs de France!). Si le gouvernement a pu se permettre de donner si peu, c’est en raison de la faiblesse du mouvement. Ce mouvement n’ayant jamais été un mouvement de grève des étudiants mais un report des cours décidé officiellement en conseil de gestion. A aucun moment, les enseignants n’ont cherché à faire de ce mouvement une grève. Les IATOS qui sont, avec les étudiants, les plus touchés par les politiques d’austérité n’ont donc pas pu se joindre au mouvement, faute de grève.

Ce qui explique aussi le manque d’implication indépendante des étudiants, c’est l’absence totale de travail dans ce sens de la part des directions des syndicats étudiants comme l’UNEF. Malheureusement, les assemblées générales n’ont pas permis aux étudiants de décider de la mobilisation au lieu de subir les décisions des enseignants. La mobilisation a manqué de détermination et d’orientation pour faire plier le gouvernement : ce n’est que maintenant, alors que tout est retombé, que certains « dirigeants » du mouvement découvrent la nécessité d’une mobilisation nationale.

Comment éviter cela par la suite ?

Trois manifestations ont eu lieu, investies par des étudiants de 1ère année quelque peu déboussolés, dépourvues de slogans. Ce n’est que vers la fin que nos camarades de la Gauche révolutionnaire ont pu faire adopter l’idée que la grève devait être décidée et organisée par les étudiants et donc votée en Assemblée générale. Chez les personnels, les militants des Alternatifs ou de la LCR présidaient les AG mais ne pas pesaient jamais dans ce sens. Ils n’ont jamais laissé les étudiants décider en AG de l’orientation de ce mouvement, contournant ainsi l’idée d’un affrontement direct avec le gouvernement.

Au final, après que les heures aient été payées, les conseils de gestion ont voté la reprise des cours, donc la fin du mouvement. Les étudiants informés puis mobilisés se sont retrouvés seuls lors des dernières AG, désemparés pour continuer.

Il y aura des prochaines fois, n’en doutons pas, car les politiques mises en place par les gouvernements vont continuer à se traduire par des budgets de misère pour de nombreuses universités. Nous continuerons de défendre une université gratuite, accessible à tous, dont le budget devra être décidé par les étudiants et les personnels, en fonction des besoins.

Pour réussir, il nous faudra des AG réellement démocratiques et non pas sous le contrôle autoritaire d’enseignants ou de leur relais chez certaines associations étudiantes. Elles doivent être un lieu de débat et de prise de décisions de façon démocratique. Nous devrons y voter la grève et chercher à l’étendre à tous les personnels notamment les IATOS. Ce n’est que par une grève démocratique, unitaire et déterminée que l’on pourra riposter contre ce gouvernement déterminé à faire de nos études « Le marché du XXIème siècle ».

Il n’y a que dans un système débarrassé de la loi du profit, le socialisme, où l’économie est gérée et planifiée démocratiquement par tous et dans l’intérêt de chacun, que l’on pourra avoir une université à l’abri de la soif de profit des capitalistes. Rejoignez la Gauche révolutionnaire-CIO, luttez pour le socialisme…

Par Jonathan Chevallier, article paru dans l’Egalité n°116