Massacre par l’armée au Kurdistan turc et résistance héroïque du peuple

La ville de Diyarbakir le 14 janvier dernier
La ville de Diyarbakir le 14 janvier dernier

C’est par centaines qu’il faut désormais compter les morts provoquées par la politique sanguinaire du président Erdogan contre son propre peuple, en particulier les Kurdes. Dans le quartier de Sur, dans la ville de Diyarbakir (la capitale du Kurdistan turc), l’État de siège a été instauré depuis le 11 décembre 2015. Une catastrophe est en cours, des dizaines de milliers de personnes ayant du fuir plusieurs villes et quartiers bombardés ou encerclés par la police et l’armée.

A Cizre, l’horreur des méthodes de l’armée turque est à son comble. 158 civils (notamment des femmes, des enfants et des blessés) s’étaient réfugiés dans les sous-sol d’immeubles. Ils ont été bombardés jusqu’à ce qu’ils s’écroulent sous eux, les tuant tous. Et l’armée a refusé que les délégations humanitaires organisées par le TTB (organisation des médecins) et le SES (syndicats des ouvriers de la santé et des services sociaux) puissent accéder à la ville au prétexte du danger des fusillades… Alors que c’est elle qui les déclenche.

A Sur, 156 personnes ont été tuées, dont 131 civils selon les comptes même des autorités turques, et les cadavres restent plusieurs jours dans les rues, l’armée refusant même la demande d’une trêve de 24 h pour récupérer les corps.

Erdogan : dictateur

Le fils d’Erdogan, Bilal, est actuellement poursuivi en Italie pour corruption et évasion fiscale, bien qu’aucun média français ne relaie cette nouvelle. Une vaste affaire de corruption avait secoué le régime et le parti d’Erdogan, l’AKP, en 2013, notamment pour malversation et trafic d’influence. Mais les gouvernement européens ferment les yeux que ce soit sur les massacres au Kurdistan et quant aux méthodes de plus en plus dictatoriales d’Erdogan. La Turquie est un placement pour les multinationales européennes qui y exploitent les travailleurs en bénéficiant de la répression anti syndicale, des bas salaires et des longues journées de travail.

Erdogan mène sa politique de terreur jusqu’au dehors des frontières de la Turquie en ayant fait bombarder les positions des YPG, les milices kurdes qui luttent contre Daech et Al Nosra en Syrie. Les journalistes qui avaient révélé que l’armée turque acheminait du matériel militaire aux terroristes en Syrie avaient été emprisonnés pour «trahison». Ils viennent d’être libérés mais Erdogan a tout bonnement déclaré qu’il ne reconnaissait pas la décision.

Europe complice

La Cour européenne des droits de l’Homme a refusé d’accepter d’examiner la plainte déposée par des avocats kurdes et turcs pour actes de torture et massacre de civils à Cizre.

La mobilisation doit continuer contre ce régime dictatorial et ses complices européens, à commencer par Merkel et Hollande.

La lutte courageuse des kurdes, les manifestations en Europe, les luttes sociales en Turquie (comme la grève de Renault Bursa ou la lutte contre l’exploitation désastreuse de la mine d’or d’Artvin au Nord est de la Turquie) sont autant de points d’appui contre la politique meurtrière et dictatoriale d’Erdogan.

Comme le disent les militants de Sosyalist Alternatif (l’organisation soeur de la Gauche révolutionnaire en Turquie) : la classe ouvrière turque n’a aucun intérêt à priver les Kurdes de leurs droits civils et démocratiques. Au contraire, ils doivent s’unir avec les travailleurs et les pauvres kurdes contre la répression et l’exploitation. Pour cela, il est nécessaire que les travailleurs turcs soutiennent les revendications démocratiques des Kurdes et que les Kurdes fassent consciemment appel à leurs frères et soeurs de classe à l’Ouest, dans le but de construire unelutte commune et unitaire contre les politiques dévastatrices et anti-ouvrières d’Erdogan.

Par Alex Rouillard