Quelle honte! Il n’y a pas d’autres mots pour exprimer ce qui est arrivé ce 27 mars à la Bourse à Bruxelles. Un hommage calme et digne en présence notamment de proches des victimes des attentats terroristes a été perturbé par un groupe de fauteurs de troubles d’extrême droite escortés par la police jusqu’au rassemblement!
A la Bourse, ils ont été accueillis par des huées et beaucoup d’incrédulité. Pour s’y rendre, il faut passer divers contrôles. Comment un tel groupe de hooligans a-t-il pu passer ? Il est plus tard apparu qu’ils s’étaient réunis à Vilvoorde et qu’ils avaient été escortés à la gare par la police. A Bruxelles, ils ont attaqué un magasin de nuit et, selon les propos d’un porte-parole de la police, ont effectué le salut fasciste. Il a pourtant été décidé de les laisser simplement se rendre à la Bourse. Une fois de plus, la police et les politiciens se rejettent la faute. Faut-il compter sur eux pour stopper le terrorisme? Qui contrôle la police?
Initialement devait se dérouler une marche contre la peur, mais le gouvernement avait appelé à ce qu’elle soit annulée. La présence à la Bourse était donc limitée mais comprenait tout de même, comme ces derniers jours, plusieurs centaines de personnes pour chanter, se recueillir, discuter ensemble,… Les participants étaient d’origines et horizons divers. Des enfants partageaient des biscuits. L’atmosphère était accueillante.
Jusqu’à ce qu’un groupe de hooligans arrive sous escorte policière. Les personnes présentes ont réagi, quelque peu ahuris, et scandé des slogans antifascistes. Les participants ont été choqués, une jeune femme a ainsi eu un malaise et a dû être évacuée en ambulance. Les parents ont essayé au plus vite de quitter la foule avec leurs enfants. Les proches des victimes ont été profondément touchés dans leur deuil.
Ces hooligans étaient clairement organisés par l’extrême droite. Nous avons ainsi reconnu un membre du bureau politique du Vlaams Belang [parti d’extrême droite flamand] de Gand parmi eux. Ils ont scandé des slogans haineux, notamment contre les migrants, tout en lançant des canettes de bière. Certains hooligans ont couru sur les fleurs et les bougies pour chasser les gens des escaliers de la Bourse. La police a ensuite réagi. Après avoir accompagné les hooligans jusqu’au rassemblement, elle a eu recourt à un canon à eau pour les déloger.
Après coup, tous les politiciens ont fait part de leur indignation. Les bourgmestres [les maires] de Vilvoorde et de Bruxelles, Hans Bonte et Yvan Mayeur, et le Premier ministre Charles Michel ont été très prompts à s’exprimer. Ils ont été moins vifs pour stopper l’arrivée de ces hooligans d’extrême droite alors que la police est sous leur responsabilité. A qui la faute cette fois-ci? Un seul agent de police? Les francophones? Les «singes à barbe», selon les termes du député flamand échevin N-VA d’Alost Van Overmeire? Que les participants au rassemblement à la Bourse?
L’appel à annuler la marche est remarquable. Sous niveau d’alerte 4, il était possible de maintenir le marché de Noël au même endroit, mais il n’était pas possible d’autoriser une marche contre la peur pour exprimer collectivement son indignation et sa douleur après les attentats terroristes. Une marche de hooligans a par contre pu prendre place sous accompagnement policier pour perturber l’hommage.
Le mouvement des travailleurs doit réagir. Nous ne pouvons pas laisser nos inquiétudes et notre colère aux mains des politiciens établis et de leurs médias. Nous devons nous organiser, avec le mouvement des travailleurs. Il est nécessaire d’organiser la discussion concernant les attentats sur les lieux de travail, y compris pour briser la confiance des hooligans d’extrême droite et ne laisser aucun espace au racisme au travail ou à l’école.
Article publié sur le site du Parti Socialiste de Lutte (PSL, organisation sœur de la Gauche Révolutionnaire en Belgique)