Marks and Spencer, Danone…et les autres; tous ensemble pour l’interdiction des licenciements

L’ annonce du plan « social » de Danone dans le cadre de la restructuration de sa branche biscuitsva se traduire par la fermeture de 6 usines en Europe dont 2 en France (Calais et Evry-Ris Orangis) mettant à la porte 570 employés, alors que l’entreprise enregistre un bénéfice de 17% pour l’an 2000 !

Article paru dans l’Egalité n°86

Dans le même genre, Marks and Spencer a annoncé la fermeture de 38 magasins dans le monde, dont 18 en France, c’est à dire 1700 licenciements, tout cela pour pouvoir offrir 20 milliards de francs à ses actionnaires ! Dans les deux cas, ces entreprises dégagent des profits énormes mais pas encore assez au goût de leurs actionnaires, ce sont donc les travailleurs qui font les frais de cette course aux profits.

Un air de « déjà vu »

Une fois de plus le gouvernement Jospin se lamente sur le caractère « brutal » des méthodes patronales, Elizabeth Guigou est « triste et choquée », mais comme l’avait rappelé Lionel Jospin lors des licenciements de Michelin à l’automne 1999 « on ne peut pas tout attendre de l’Etat » ! De même Nicole Notat, secrétaire générale de la CFDT, a déclaré vendredi 30/03 sur RTL : « Marks & Spencer, ce n’est pas la même chose que Danone. Marks & Spencer, c’est le contre-exemple, le mépris des salariés (…). Danone est une entreprise qui a une histoire et une pratique sociales, qui va respecter, je l’espère – et nous allons être vigilants -, les procédures d’information et de consultation. »

Ce n’est pas la première fois que des entreprises en bonne santé économique licencient des milliers de travailleurs pour augmenter leurs profits et améliorer leur cotation en bourse. Renault Vilvoorde et Michelin en sont les exemples les plus récents. Et tout cela sans que ni le PC ni les directions syndicales ne mènent une campagne offensive ; la seule proposition du PC a été de rajouter un amendement à la loi Aubry qui oblige toute entreprise qui licencie à mettre en place les 35 heures. Cette fois-ci que répond ce gouvernement soit disant de gauche ? « Il faudra s’assurer […] que les salariés bénéficient d’une reconversion » (Libération, 04/04/01). La seule réponse du gouvernement consiste à déplorer que les salariés et les délégués syndicaux n’aient pas été prévenus à l’avance. Et pourtant Jospin et ses ministres étaient au courant, ils avaient rencontré la direction de Danone bien avant que la décision soit publiée dans Le Monde et ils n’ont rien fait. Une fois de plus ce gouvernement montre de quel côté il est : du côté des patrons. Même s’il est vrai que les délégués syndicaux et les salariés doivent être consultés lors d’un plan de licenciements, ils doivent l’être avant la prise de décision et doivent avoir un droit de veto sur celle-ci. Les salariés et leurs délégués syndicaux ne doivent pas seulement être consultés, c’est eux qui font tourner les machines, donc c’est à eux de décider. Car si les salariés avaient la possibilité de refuser un plan de licenciement, cela changerait le rapport de force travailleurs/patrons et permettrait aux salariés de réellement commencer à contrôler ce qui se passe dans l’entreprise. Ce n’est pas ce que dit l’amendement Michelin et ce n’est pas ce que propose le gouvernement Jospin.

L’interdiction des licenciements : un problème politique

Après leur défaite cuisante aux élections municipales certains membres de la Gauche plurielle interpellent le gouvernement en demandant un encadrement plus strict des licenciements mais bien évidemment pas l’interdiction des licenciements. Mais, tout comme les salariés de Renault-Vilvoorde et de Michelin, les salariés de Lu et Marks and Spencer ne peuvent pas compter sur la gauche plurielle. Si ce gouvernement était vraiment de gauche, il ne se serait pas contenté d’un amendement à la loi Aubry, mais aurait fait voter l’interdiction des licenciements.

Ce n’est qu ‘en organisant une riposte à la hauteur de ces attaques que l’on pourra obtenir gain de cause. C’est en organisant une lutte large et démocratique avec les syndicats, les travailleurs, les organisations et partis qui s’opposent à la politique du gouvernement, que l’on pourra gagner l’interdiction totale des licenciements. Si les salariés de Lu, de Marks and Spencer, et des autres entreprises qui ont prévu des licenciements en France et dans toute l’Europe, s’associaient, le rapport de force serait en notre faveur et on pourrait gagner. Un premier pas dans cette direction est la manifestation organisée par les salariés de Lu et à laquelle les salariés de Marks and Spencer vont participer, le 21 Avril à Calais. Il est aussi nécessaire qu’une riposte nationale de tous les secteurs s’organise, sous forme d’une manifestation nationale contre les licenciements, et d’autres en Europe. Une manifestation à Londres, par exemple, qui rassemblerait tous les salariés de Marks and Spencer et d’autres branches menacées par des licenciements dans toute l’Europe, pourrait permettre aux syndicalistes et aux travailleurs de se rencontrer et d’organiser une lutte qui changerait le rapport de force.

Pour l’interdiction des licenciements
Pour la réquisition des entreprises qui licencient, sous le contrôle démocratique des travailleurs.

Par Virginy Prégny