Lubrizol, un accident parmi d’autres?

Dans la nuit du 25 au 26 septembre, un gigantesque incendie s’est déclaré à l’usine de produits chimiques Lubrizol, installée depuis 1954 sur la rive gauche de Rouen. Les images du panache de fumée noire intense, accompagné d’odeurs nauséabondes, recouvrant une partie de la ville suivant les vents, ont angoissé et choqué la majorité de la population de l’agglomération. Ce qui brûlait et partait en fumée était des produits chimiques mêlés. Qu’avons-nous tous respiré ? Que respirons-nous encore ? On ne sait toujours pas.

Article publié dans l’Egalité 198

Les témoignages de colère, d’angoisse, sont très nombreux. Lubrizol est une usine classée Seveso, seuil haut, avec des règles de fonctionnement et de prévention de risques… C’est loin d’être la réalité. Cet accident a révélé en effet l’étendue de l’avidité des capitalistes comme W. Buffet patron de Lubrizol et la complicité de l’appareil d’état : faire des bénéfices au détriment des salariés et de la population.

Les bénéfices avant la sécurité

La nuit de l’incendie, il n’y avait qu’un seul gardien, pas de pompiers affectés à l’usine et formés pour agir en cas d’incendie. La maîtrise de l’incendie a été extrêmement dangereuse pour les pompiers sans protections spéciales et ne sachant pas ce qui était stocké là. C’est révoltant !

Mensonges de l’état

La complicité des différents organismes de l’État est immense. Le feu éclate à 2 h 40 du matin ; pas de sirène avant 7 h 45 sur ordre du préfet… Sous le nuage, les travailleurs partent au boulot, les chauffeurs de bus roulent. Certaines écoles ferment de façon chaotique, car l’inspection académique relaye le discours rassurant de la préfecture. Beaucoup d’entreprises du privé obligent à venir travailler ou à prendre sur ses congés annuels. Dès le vendredi, alors que les émanations toxiques continuent, patrons et préfecture obligent à reprendre l’activité.

En janvier 2019 et juin 2019, le préfet a autorisé l’extension du stockage de Lubrizol chez son voisin Normandie Logistique qui n’est en aucun cas classé Seveso haut. La loi de juillet 2018 (loi ESSOC) permet de ne plus demander systématiquement l’avis de l’autorité environnementale (la DREAL). Les politiques de déréglementation (Lois « Travail ») ont aussi permis la disparition des comités hygiène et sécurité.

C’est un scandale !

Plus de 9000 tonnes de produits ont ainsi brûlé. Rien n’était prêt pour protéger les travailleurs et la population. Ce qui est arrivé à Rouen peut se reproduire partout en France du fait des politiques gouvernementales et de la rapacité des capitalistes. Faire du profit, réduire le personnel dans les usines, réduire le personnel des organismes de surveillance des sites Seveso amène à ces catastrophes qui sont de véritables crimes industriels !

Nous exigeons:

  • Droit de retrait pour les travailleurs qui se sentent menacés
  • Commission d’enquête indépendante ayant accès à toutes les données et toutes les informations
  • Contrôle par les travailleurs et leurs syndicats de toutes les entreprises dangereuses de l’agglomération
  • Embauche du nombre de travailleurs qui leur semble nécessaire pour assurer la sécurité des sites
  • Warren Buffet, propriétaire de Lubrizol et 3ème fortune mondiale, doit payer. S’il refuse de le faire, que les usines de son groupe soient nationalisées sous le contrôle des travailleurs et de la population.

Par MJ Douet